Une centrale de cogénération terre-neuvienne à Saint-Patrice

Par Michel De Smet

La petite localité de Saint-Patrice-de-Beaurivage, située dans la MRC de Lotbinière, accueillera bientôt une centrale de cogénération fonctionnant à partir de biomasses sèches. Fait inusité, il ne s'agit nullement d'une nouvelle installation. Innoventé, la société propriétaire spécialisée dans la production d'énergies vertes à partir de déchets organiques, a fait l'acquisition au printemps dernier d'une centrale de cogénération, mise à l'arrêt depuis de nombreuses années, d'une puissance de cinq mégawatts (MW). Située dans le village de Roddickton, à Terre-Neuve, elle appartenait jusqu'à tout récemment à la Newfoundland Labrador Hydro.

 

« On va tout simplement transférer l'usine à Saint-Patrice. L'ensemble des opérations de démantèlement, de déménagement et d'installation a nécessité des investissements de 10 millions $. C'est une formule très avantageuse puisque, si nous avions opté pour la construction d'une centrale neuve, il aurait fallu débourser 17 millions $ », souligne Grégoire Lemay, vice-président, énergie, chez Innoventé.

 

Les travaux de démantèlement ont débuté à la mi-mai et s'achèveront à la mi-novembre. À Saint-Patrice, les travaux de reconstruction commenceront dès octobre pour s'achever en septembre 2012. Du côté de Roddickton, les opérations de déconstruction sont effectuées par un entrepreneur local, Olson Fabrication and Machine, qui a récupéré une partie des outils de maintenance. De son côté, Innoventé a racheté les équipements lourds comme les alternateurs, les turbines et les bouilloires qui sont directement chargés à proximité de l'usine sur des barges à destination du Québec. Les pièces plus petites sont transportées vers Saint-Patrice à bord de camions.

 

« Ce qui explique entre autres le choix de l'achat d'une installation existante, c'est que nous disposons des plans et devis de l'usine lorsqu'elle fut construite au début des années 90, ce qui a une grosse incidence sur les coûts. Pour l'instant, nous avons recruté une firme d'ingénierie, Projitech, de Saint-Georges-de-Beauce, ainsi que l'entrepreneur général RML, de Montréal. Il nous reste à préparer des appels d'offres pour certains travaux de structure, de bétonnage et d'électricité. Nous avons également une équipe maison qui sera à l’œuvre sur le chantier », précise Grégoire Lemay. 

 

Un procédé innovateur

Innoventé aura recours à son usine de cogénération au procédé SHOC mis au point par des chercheurs de l'Institut de recherche et de développement en agroalimentaire (IRDA), de Saint-Hyacinthe, dont elle détient les droits de commercialisation. Cette innovation permet de sécher la biomasse humide en utilisant le pouvoir des microorganismes pour produire de la chaleur. Ce type de procédé permet de réduire de plus de six fois les coûts reliés au séchage par des méthodes traditionnelles.

 

Hydro-Québec a récemment sélectionné Innoventé dans le cadre d'un appel d'offres pour produire de l'électricité par cogénération. Le contrat, dont les revenus pour l'entreprise de Saint-Patrice sont évalués à 175 millions $, porte sur une durée de 25 ans. La société d'État s'est engagée à racheter, dès la fin de 2012, cette énergie produite à partir de biomasse composée de fumier, de déchets alimentaires et d'eaux d'égouts au prix de 0,12 $ environ le kilowattheure (kWh). La première livraison d'énergie est prévue pour décembre 2012.

 

« En plus de l'électricité, l'usine produira également de la chaleur, notamment générée par les eaux de traitement que nous allons récupérer et qui pourrait décider plusieurs serriculteurs à s'installer dans notre localité attirés pas des coûts énergétiques très avantageux », ajoute Grégoire Lemay.

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 16 août 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !