Le CIAFT publie un rapport sur la situation des travailleuses de la construction

Porte-voix de nombreux témoignages de travailleuses de la construction, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) a rendu publics les résultats de son rapport de recherche intitulé Quand la détermination ne suffit pas : la situation des travailleuses de la construction au Québec. « Chacun doit prendre ses responsabilités. Les travailleuses ne peuvent et ne doivent plus porter seules le fardeau de leur intégration », a déclaré Jennifer Beeman, rédactrice du rapport déposé par le CIAFT.

 

Fruit de trois ans de travail sur la délicate question de la place accordée, voire refusée, aux femmes dans l'industrie de la construction, ce rapport déplore l'existence d'une discrimination systémique et des cas de harcèlement psychologique et sexuel graves. De surcroît, les recours s'avèrent inadaptés aux réalités du secteur selon le CIAFT. L’organisme réclame des actions concrètes et contraignantes afin que les travailleuses, qui représentent à peine 1,3 % de la main-d'œuvre de cette industrie au Québec, puissent accéder aux chantiers et y travailler en toute équité.

 

Des travailleuses témoignent

Trente-cinq travailleuses, de métiers, occupations, régions et syndicats différents, ont accepté de témoigner auprès du CIAFT, en toute confidentialité, de la situation qu'elles ont vécue et continuent de vivre dans l'industrie de la construction.

 

Malgré leurs profils différents, les femmes disent se buter à des préjugés tenaces de la part des employeurs, mais également trop souvent à une fermeture des syndicats à leur présence. Par conséquent, certaines travailleuses doivent poursuivre leur cheminement professionnel en se formant dans un autre métier, ou encore, en se rabattant sur un emploi de manœuvre, pour lequel elles sont pourtant surqualifiées, et ce, malgré la pénurie de main-d'œuvre dans leur métier d'origine. Encore plus inquiétant est le fait que plusieurs travailleuses ayant une longue expérience sur les chantiers disent que la situation se détériore au fil des ans pour les femmes. 

 

Le rapport du CIAFT en conclut qu’à moins d'une intervention gouvernementale déterminée, cette discrimination systémique risque de perpétuer le haut taux d'abandon des femmes, qui se maintient à plus de 60 % après cinq ans.

 

Recommandations au gouvernement, à la CCQ et aux employeurs et syndicats

Trois axes d'intervention incontournables et interreliés guident les recommandations du CIAFT à l'endroit du gouvernement, de la Commission de la construction du Québec (CCQ), des employeurs et des syndicats.

 

Tout d'abord, une structure de soutien indépendante en cas de harcèlement et un programme obligatoire de sensibilisation et de prévention du harcèlement, destinés aux travailleuses et travailleurs, syndicats et employeurs, sont requis ; cela permettra, entre autres, aux employeurs et aux syndicats de se saisir de leur devoir et d'être outillés pour intervenir. Aussi, on recommande d'instaurer l'obligation contractuelle pour l'embauche de cohortes de travailleuses de la construction, et ce, afin d'assurer un minimum de 4 % de travailleuses dans les chantiers des projets publics, mais également d'appliquer des pénalités pour les cas de non-atteinte de ce quota. Enfin, une structure permanente de formation, de placement et de suivi destinée aux femmes est réclamée. Le rapport est disponible au www.ciaft.qc.ca.

 

Source : CIAFT

 


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