Espace pour la vie : le concours international d'architecture est lancé

Par François G. Cellier

Espace pour la vie a officiellement lancé un concours international en architecture, le 10 février dernier, en vertu d’une enveloppe budgétaire de 45 millions $ consentie par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire du Québec. Organisme voué à la biodiversité, Espace pour la vie pourra miser sur les plus hauts standards de qualité conceptuelle, tout en intégrant divers principes associés au développement durable.

 

Le concours s’adresse à des « équipes pluridisciplinaires constituées d’architectes, d’ingénieurs, de scénographes, d’experts en certification Living Building Challenge (LBC) et LEED, ainsi que d’architectes paysagers et de designers ».

 

Ce projet d’envergure vise la métamorphose de l’Insectarium, le renouvellement du Biodôme et la construction d’un nouveau pavillon de verre au Jardin botanique. Dans le cas de l’Insectarium, on compte agrandir et réaménager le bâtiment existant et certains espaces extérieurs. Ce bâtiment pourra ainsi « déployer ses ailes sur son propre site, à travers une architecture bibliophilique et écologique ». La certification LEED de niveau Platine sera visée, tandis qu’il s’inspirera de la certification Living Building Challenge (LBC).

 

Du côté du Biodôme, certains espaces d’exposition seront repensés (incluant les écosystèmes), ainsi que d’autres dits « fonctionnels » situés à l’intérieur du bâtiment. Sa nouvelle mouture vise à amorcer une réflexion sur notre rapport à la nature qui, pour être préservée, exigera des changements de comportements de notre part. Quant au pavillon de verre, ses concepteurs devront être audacieux et respecter, à la lettre, les plus hauts standards en ce qui a trait aux bâtiments verts et durables afin de miser sur l'obtention de la certification LEED, niveau Platine et la certification LBC.

 

Triés sur le volet

Un jury international aura le mandat d’analyser les concepts proposés par plusieurs équipes professionnelles, qui pourront soumettre leur candidature sur un, deux ou les trois projets . En font notamment partie les architectes québécois Jean Beaudoin et Normand Hudon, les architectes français et italiens Édouard François et Mario Cucinella, Bill Reed, un expert en développement durable, ainsi que Stephen R. Kellert, professeur émérite en écologie sociale et en biophilie à l’Université Yale

 

Sur le plan du design, les critères du concours comportent un minimum de prescriptions – bien que des paramètres en balisent les conditions générales – pour laisser libre cours à la créativité et à l’innovation des candidats. Quatre finalistes seront retenus dans chacune des catégories. Ils seront invités à « approfondir leur concept » et à le présenter au plus tard en juillet 2014. Les trois projets choisis devront être terminés en 2017. Ils représenteront un legs majeur et marqueront le 375e anniversaire de Montréal, qui a été désignée Ville Unesco de design en mai 2006.

 

Dans un concours d’architecture de ce genre, contrairement aux appels d’offres standards, les finalistes seront en compétition non pas sur un prix, mais bien sur des concepts qui se rapprocheront le plus du but à atteindre. Il faut savoir que les sommes d’argent requises (pour mener à bien ce concours) ont déjà fait l’objet d’une évaluation.

 

Le budget alloué devrait correspondre aux ambitions des programmes fonctionnels et techniques (PFT) préalablement élaborés. « Ce concours international permettra les échanges d’expertise, dans le cadre d’un maillage entre des ressources d’ici et d’ailleurs, et pourrait permettre à des professionnels locaux d’élargir leurs horizons », précise Marie-Josée Lacroix, commissaire au design à la Ville de Montréal, dont le bureau a participé à la mise en place du concours.

 

Place à la beauté

De l’aveu même du directeur général d’Espace pour la vie et membre du jury, Charles-Mathieu Brunelle, ces nouvelles constructions ne devront pas avoir l’air d’être parachutées. Il faudra qu’elles soient en symbiose et en continuité avec l’environnement immédiat et plus éloigné. Bientôt, 70 % des humains vivront en ville, prédisent les démographes. Il faudra donc se « réinventer, proposer de nouvelles façons d’habiter les villes, de circuler, de se rencontrer, de se rapprocher de la nature tout en préservant la biodiversité », dit-on.

 

Pour Anne Charpentier, directrice de l’Insectarium de Montréal et elle aussi membre du jury, les architectes devront aller au-delà des réponses traditionnelles. « Comment faire en sorte que ce que les concepteurs imagineront contribuera à reconnecter l’humain à la nature, et ainsi porter notre mission », lance-t-elle comme défi aux architectes.

 

Quant à Gilles Vincent et Rachel Léger, respectivement directeur du Jardin botanique de Montréal et directrice du Biodôme de Montréal, également membres du jury, leurs propos sont tout aussi évocateurs : « les concepteurs devront tabler sur la transparence », pense Gilles Vincent, en parlant des propositions architecturales à venir concernant le pavillon de verre. « Leur travail consistera à déstabiliser le public, pour que celui-ci puisse migrer vers un sentiment d’urgence, question d’accroître son sens accru des responsabilités à l’égard de l’environnement », conclut pour sa part Rachel Léger.

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 14 février 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !