Le futur amphithéâtre de Trois-Rivières griffé Paul Laurendeau

Michel De Smet

Le suspense a pris fin dans l'attribution du contrat d'architecture de l'amphithéâtre de Trois-Rivières. À l’issue d’un concours d’architecture, un jury indépendant a annoncé le nom de la firme professionnelle qui sera en charge du projet, le 4 avril dernier. Il s'agit du montréalais Paul Laurendeau.

 

En 2010, la Ville a organisé un concours sanctionné par l'Ordre des architectes du Québec afin de choisir le lauréat de ce qui deviendra sans doute le projet architectural le plus ambitieux de la cité trifluvienne. Le futur amphithéâtre occupera une localisation exceptionnelle, situé à la rencontre du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saint-Maurice, à deux pas du centre-ville.

 

L'ensemble du site se présente actuellement comme un terrain nu qui s'étend sur une superficie de 34 hectares. Au cours de la présente décennie, la Ville entend transformer le lieu en espaces récréatifs, culturels et résidentiels, comportant également un complexe hôtelier. « Depuis l'an 2000, nous réfléchissons sur le type d'infrastructures que nous souhaitons accueillir sur un site aussi exceptionnel », indique Michel Jutras, directeur des Arts et de la culture de Trois-Rivières.

 

L'investissement pour la construction de l'amphithéâtre s'élève à 34 millions $. En y ajoutant les honoraires professionnels, les frais de financement et d'organisation du concours, la facture s'établit à 41 millions $. Le projet sera financé à hauteur de 26,6 millions $ par le Fonds Chantiers Canada-Québec. La Ville et quelques partenaires majeurs assumeront le montant résiduel de 14,4 millions $.

 

En mai prochain, la Ville signera le contrat d'architecture avec Paul Laurendeau. Les travaux devraient commencer au début de l'automne prochain avec la préparation du terrain pour se terminer juste avant la saison des spectacles, au milieu du printemps 2013.

 

La réalisation de l'amphithéâtre se fera selon l'approche de gestion intégrée avec la firme Dessau comme responsable de chantier. Celui-ci devrait être divisé en une vingtaine de lots. Pour chacun, on établira des plans et devis en fonction de l'avancement des travaux, ce qui permettra de progresser plus rapidement sans avoir à se soucier d'établir, dès le départ, un tel processus pour l'ensemble des étapes du projet.

 

Trois finalistes

 Le concours d'architecture a été lancé à l'automne 2010 et reçu 47 projets sous anonymat. Par la suite, trois firmes d'architectes furent choisies comme finalistes et formellement identifiées. Paul Laurendeau l'a emporté en finale sur les deux autres concurrents, Sid Lee Architecture et Architem, tous deux également de Montréal. Philippe Drolet, un architecte indépendant, a agi à titre de conseiller professionnel en faisant le lien entre la Ville et  les finalistes.  « Sid Lee a présenté un concept audacieux qui, visuellement, évoque une main de pianiste, et Architem a misé sur un toit gazonné aménagé sur la partie couverte de l'amphithéâtre », explique-t-il.

 

Selon ce dernier, Paul Laurendeau s'est distingué de ses concurrents en proposant un concept qui présente notamment une grande qualité en termes d'apport de lumière naturelle et qui permet, en outre, d'envisager par la suite une mise en valeur intéressante de l'ensemble du site et des espaces publics à la périphérie de l'amphithéâtre.

 

Son concept se présente sous la forme d'une sorte de temple élancé soutenu par huit colonnes, avec un toit carré de 8 500 mètres carrés qui évoque la légèreté d'une feuille de papier recouvrant à la fois les installations scéniques, les loges des artistes et des techniciens ainsi que le parterre de 3 500 sièges.  L'espace est à ciel ouvert et permettra, de surcroît, à environ 6 500 spectateurs supplémentaires de s'asseoir sur la pelouse extérieure entourant la  scène.  « J'ai d'abord imaginé le concept. Ensuite, j'ai passé en revue une série de réalisations architecturales à travers le monde afin de me faire une idée sur la faisabilité de mon concept », précise le lauréat du concours.

 

Par ailleurs, Paul Laurendeau s'est livré à un calcul préliminaire des points que son projet pourrait accumuler en vue d'une certification LEED. « J'ai estimé qu'il serait possible d'atteindre suffisamment de points pour viser un LEED de niveau Argent du fait que nous allons utiliser beaucoup de matériaux locaux ou recyclés, que l'amphithéâtre se trouve tout proche de centre-ville réduisant ainsi les trajets en automobile pour y accéder et que le site a déjà fait l'objet de travaux de décontamination puisque, à l'origine, il a abrité une activité industrielle liée à la production de pâte de papier. »