Un parc agrothermique à Saint-Félicien

François G.Cellier

Inspiré de principes qui reposent sur le concept du développement durable, ce parc agrothermique vise, essentiellement, à récupérer l’énergie résiduelle produite par l’unité de cogénération à la biomasse de Saint-Félicien. Cette eau chaude, qui est qualifiée d’énergie thermique à basse température non valorisée, pourra être récupérée gratuitement, en vertu d’une convention signée entre la Ville et l’unité en 1999. Elle servira à chauffer des dizaines de serres, lesquelles seront construites sur un périmètre de 15 hectares dans une zone agricole écologique.

 

Pour pouvoir recueillir cette source d’énergie, dont la température atteint les 38 degrés Celsius, l’élément clé du projet consiste à enfouir, sous terre, un tuyau en PVC mesurant 30 pouces de diamètre sur une distance d’environ un kilomètre. Cette installation permettra une connexion au circuit de refroidissement de l’usine, appelé Wet Surface Air Cooled Condenser (WSACC). L’eau qui s’y trouve voyagera en boucle vers le parc agrothermique, pour ensuite retourner à l’usine. Selon les estimations, le débit actuel en circulation est évalué à 2086 m3/h, pour un potentiel thermique total estimé à 103 millions de BTU (British Thermal Unit) à l’heure.

 

Chacune des serres aura son propre réseau d’eau chaude. Les producteurs pourront s’y brancher pour chauffer leur bâtiment. Une série de serpentins agiront comme des radiateurs, en quelque sorte. Ils seront disposés dans les aires de circulation à l’intérieur des serres. « Selon les types de cultures prévus, certains producteurs devront procéder à des rehaussements de température, soit par une énergie d’appoint au gaz naturel, soit au moyen de thermopompes », précise Mario Ménard, ingénieur civil, directeur général de la Ville de Saint-Félicien et l’un des initiateurs du projet.

 

La première étape des travaux permettra, dès ce printemps, l’aménagement d’une conduite d’amenée qui parcourra une distance de 9 kilomètres. Son diamètre atteindra entre 10 et 12 pouces. Cette infrastructure servira à irriguer les cultures qu’abriteront les serres. La ressource aquifère proviendra d’une ancienne prise d’eau potable de la Ville. « Les plans et devis de cette conduite sont maintenant complétés », indique Mario Ménard. D’autres travaux sont prévus par la suite, d’abord pour mettre en place un réseau d’aqueduc et d’égouts pluviaux qui desserviront le site, mais aussi en vue d’aménager des voies d’accès pour pouvoir accéder aux serres. L’ensemble des opérations devra observer des pratiques respectueuses de l’environnement. À titre d’exemple, après les travaux d’excavation et la mise en place des conduites, il faudra remettre la terre végétale en place, et la décompacter pour pouvoir restaurer les cultures.

 

Ce projet, dont l’étude de faisabilité a été menée par la firme d’ingénieurs Dessau, coûtera quelque 8,6 millions $. L’argent proviendra du Programme d’infrastructures Québec-Municipalités (PIQM), ainsi que de la Ville de Saint-Félicien. L’appel d’offres en vue d’installer les infrastructures devrait être lancé ce printemps, période pendant laquelle les travaux commenceront, pour se terminer au printemps 2012. Rappelons que l’unité de cogénération à la biomasse de Saint-Félicien brûle, chaque année, quelque 400 000 à 500 000 tonnes d’écorces qui proviennent des résidus de l’industrie forestière. Elle produit ainsi de l’électricité qui est revendue à la société Hydro-Québec. Cette usine fournit également la vapeur dont la papetière Bowater a besoin pour sécher son bois.