Projet d’éoliennes de la Rivière-du-Moulin : logistique complexe et précision chirurgicale

Par François G. Cellier

Le consortium St-Laurent Énergies formé de Hydroméga Services inc., EDF Energies Nouvelles et RES Canada inc. réalise actuellement l’un des plus importants projets au Québec, soit l’aménagement du parc éolien de la Rivière-du-Moulin, au coût de 800 millions $.

 

Le territoire ciblé, qui est situé dans les municipalités régionales de comté de Charlevoix et du Fjord-du-Saguenay, accueillera un total de 175 éoliennes, d'une capacité de 350 mégawatts, sur une superficie couvrant un peu plus de 150 kilomètres carrés.

 

Ce projet découle de l’appel d’offres d'achat d'énergie éolienne lancé par Hydro-Québec, en 2007, pour octroyer des contrats capables de fournir 2 000 MW. À Rivière-du-Moulin, l’entente entre Hydro-Québec et St-Laurent Énergies prévoit la vente d’électricité pour les 20 prochaines années. Si, par la suite, aucune autre entente n’est conclue, il faudra dès lors démanteler l’ensemble des installations. Précisons que St-Laurent Énergies a décroché cinq des contrats d’éoliennes octroyés par Hydro-Québec, qui livreront 954 MW.

 

Les travaux de conception et de construction du parc de la Rivière-du-Moulin, qui ont été confiés à Construction Energie Renouvelable (CER) inc., seront scindés en deux phases. La première porte sur la mise en service de 75 éoliennes en décembre 2014. « Dix ont été érigées sur le site jusqu’à présent, mais nous comptons en installer environ 85 d’ici le premier échéancier prescrit », relate David Gallagher, directeur de projets chez EDF Energies Nouvelles.

 

Amorcé en 2013, l’actuel projet a commencé par du défrichage et la construction de chemins totalisant 120 kilomètres, qui seront intégrés aux 40 kilomètres existants. Des réseaux collecteurs et des fondations d’éoliennes ont aussi été aménagés. Le terrain investi est plutôt inhospitalier, car il est à la fois constitué d’un roc extrêmement dur et de sols liquéfiables. Il faut soit dynamiter le site, soit le consolider au moyen d’excavations et d’installation de remblais contrôlée.

 

« La livraison et la mise en place d’éoliennes a commencé en 2014. Ces travaux requièrent à la fois doigté et minutie, car il faut manipuler les équipements selon des conditions strictes. Les nacelles à elles seules pèsent 80 tonnes. Les camions servant à transporter les pièces mesurent 50 mètres de long. Chaque éolienne implique des déplacements en pièces détachées sur huit transports hors normes, requérant des routes d’une très bonne capacité portante. Leurs dénivelés ne doivent pas excéder 10 % ; autrement, certaines pièces risquent de s’endommager, car elles entreront en contact avec la chaussée.

 

Certaines composantes de ces éoliennes sont assemblées en Allemagne, nécessitant un transport par voie maritime et terrestre d’une durée d’environ deux semaines. D’autres sont conçues en Gaspésie, soit à Matane, à Gaspé et à New Richmond. Ces pièces requièrent, quant à elles, quatre jours de transport par camion pour rejoindre le site. « Ces conditions extraordinaires comportent des défis logistiques de taille car, pour chaque déplacement, il faut obtenir des permis spéciaux permettant de circuler sur les routes », précise David Gallagher.

 

L’installation des éoliennes doit avoir lieu pendant les journées de faible vent, afin d’assurer un assemblage sécuritaire. Des grues de 400 tonnes ont été requises pour les ériger. La mise en place de la portion restante des éoliennes est prévue en 2015, à l’occasion de la phase II. Tout devra être terminé le 1er décembre de cette même année. « Les travaux avancent à la cadence prévue, si bien que les échéanciers seront respectés », conclut David Gallagher.

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 18 juillet 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !