Assemblée nationale : 60,5 M$ pour un agrandissement en toute discrétion

5 mai 2017
Par Léa Méthé-Myrand

L’hôtel du Parlement fait, depuis près d’un an, l’objet d’un agrandissement souterrain qui abritera un pavillon d’accueil et deux salles de commission parlementaire.

La mise en oeuvre de ce projet, qui relève de la haute voltige, exigeait d’effectuer des opérations de dynamitage à proximité des fondations du bâtiment centenaire, en plein centre-ville de Québec.

 

« Afin de respecter le caractère hautement symbolique et patrimonial de l’hôtel du Parlement, le projet consiste à construire un agrandissement principalement souterrain, sous les jardins devant l’hôtel du Parlement et dans la cour intérieure », dit Andrée-Anne Marsan, conseillère en communication à l’Assemblée nationale. À dessein, le bâtiment complété sera donc pratiquement invisible depuis l’extérieur.

 

Les travaux sont avant tout motivés par la sécurité des occupants et des visiteurs. En effet, l’immeuble de l’architecte Eugène-Étienne Taché date de 1884 et n’a pas été conçu en fonction du flux annuel de 120 000 personnes qui est aujourd’hui le sien. Une fois les travaux terminés, le public accédera à l’hôtel du Parlement par un pavillon d’accueil de 3 800 mètres carrés détaché du bâtiment principal et équipé de systèmes de sécurité ainsi que de dispositifs de contrôle plus performants. Ainsi, en cas d’incident, le parlement lui-même serait isolé.

 

Le nouvel espace comprendra par ailleurs un centre de visiteurs, une salle multifonctionnelle destinée à l’accueil des groupes, une agora pour la tenue d’expositions et de conférences ainsi que deux salles de commission parlementaire additionnelles. Les travaux incluent aussi l’aménagement d’un tunnel reliant le nouvel accueil à la bibliothèque Pamphile-Le May, de l’autre côté du boulevard René-Lévesque, et la construction d’un bâtiment de services de 1 500 mètres carrés dans la cour intérieure. L’accès et la circulation des personnes à mobilité réduite sont pris en compte dans toutes les interventions.

 

Au terme des travaux, l’aménagement extérieur comprenant jardins, pavés et statues sera remis dans l’état qui était le sien avant les opérations. La nouvelle entrée des visiteurs sera située sous l’escalier monumental, du côté gauche.

 

Dans le but d’assurer une meilleure gestion des coûts et des délais, le Bureau de l’Assemblée nationale a opté pour une réalisation en gérance de construction et a confié le mandat à Pomerleau, assorti d’un budget de 60,5 millions de dollars. La conception architecturale de l’agrandissement est l’oeuvre du consortium GLCRM et Provencher Roy, architectes. CIMA+ est en charge des volets mécanique et électrique, tandis que WSP Canada est responsable du génie civil et de la structure.

 

Dynamiter en toute sécurité

Les travaux, lancés en avril 2016, progressent à vive allure. Ainsi, on vient d’achever l’excavation de plus de 12 000 mètres cubes de roc. « Un minutieux calcul des charges de dynamitage a été fait afin de ne pas fragiliser le bâtiment existant, explique Andrée-Anne Marsan. De plus, puisque le chantier de construction est situé au centre-ville et que le parlement demeure ouvert durant les travaux, le dynamitage a nécessité un grand effort de coordination et de communication pour informer et assurer la sécurité de tous. » La sécurité technique sur le site est assurée par CSP Consultants.

 

« Le forage du tunnel sous l’hôtel du Parlement s’est déroulé de mai à décembre 2016 et il a marqué un des moments forts dans la concrétisation du projet, ajoute-t-elle. En effet, creuser un tunnel à travers le roc, sous un bâtiment plus que centenaire, est un projet ambitieux qui demande un grand savoir-faire. » Le passage de 20 mètres de long reliera le pavillon d’accueil à la cour intérieure. Les visiteurs emprunteront ensuite un grand ascenseur pour accéder à l’hôtel du Parlement.

 

Chantier hivernal

Les étapes de coffrage et de bétonnage commencées en août se poursuivront jusqu’à l’automne, la nouvelle structure étant essentiellement constituée de béton armé. Une imposante grue à tour de 87 mètres a fait son entrée sur le chantier en octobre 2016. Cet équipement permet de transporter rapidement des matériaux d’un bout à l’autre du site et sera en place jusqu’à ce que les travaux de structure soient achevés, en août 2017. La grue est également sollicitée pour évacuer la neige du site, en cas d’accumulations importantes.

 

Plusieurs corps de métier étaient à l’oeuvre à la fin février, dont les ferrailleurs chargés de l’installation de l’armature d’acier, les menuisiers-charpentiers affectés aux travaux de coffrage, les couvreurs qui assurent l’étanchéité des fondations et les tuyauteurs pour la plomberie sous-dalle. On compilait déjà 78 000 heures travaillées depuis le début du chantier. Au plus fort de la période hivernale, jusqu’à 75 ouvriers se sont côtoyés simultanément sur le site.

 

Sur les 40 lots que comporte le projet, trois seront octroyés au printemps 2017 soit les murs-rideaux, les métaux ouvrés et les couvre-planchers. Une dizaine de lots additionnels feront l’objet d’appels d’offres en 2017-2018, ceux-ci concernant principalement les finis intérieurs et l’aménagement extérieur.

 

« Tous les intervenants sont soumis aux exigences de l’Assemblée nationale en matière de sécurité. Pour la construction du pavillon d’accueil, différentes mesures sont mises en place notamment pour l’accès au chantier des travailleurs de la construction et des véhicules », indique Andrée-Anne Marsan.

 

Bien que les opérations de déneigement de grande envergure aient occasionné des retards mineurs, le projet est en voie d’être complété comme prévu pour le printemps 2019.