Le boum de la construction se poursuit dans le génie et la voirie au Québec

15 juin 2012
Par Michel De Smet

Le secteur du génie civil et de la voirie continue de surfer sur un véritable boum. Coup d’oeil sur les projets qui y survoltent l’activité de construction.

Cette année encore, l’industrie de la construction profite grandement des travaux dans le domaine du génie civil et de la voirie. À cet égard, les années se suivent et se ressemblent pas puisque 2012 permettra à ce secteur d’afficher une treizième année consécutive de croissance.

 

La Commission de la construction du Québec (CCQ) prévoit, en 2012, un volume de 37 millions d’heures travaillées, soit une hausse de 3 % par rapport à l’an dernier, ceci même si l’année budgétaire 2012-2013 marquera une réduction des dépenses découlant du Plan québécois des infrastructures. De fait, le volume de travail ne devrait pas ralentir en raison du dynamisme des chantiers routiers et ceux d’infrastructures. De plus, les investissements attribuables aux travaux municipaux devraient demeurer importants étant donné les besoins urgents de réfection dans ce domaine.

 

Par ailleurs, la CCQ relève une croissance soutenue pour les investissements dans les centrales et les lignes électriques même si la progression des travaux sur le chantier du mégacomplexe hydroélectrique de la Romaine ne compensera pas tout à fait la fin du projet Eastmain-1-A – Sarcelle – Rupert. Le secteur de la production d’électricité va également largement profiter, ces deux prochaines années, de l’activité sur les chantiers des parcs éoliens que l’on trouve aux quatre coins du Québec. À cela s’ajoute la poursuite des travaux effectués sur les lignes électriques attribuables aux différents projets liés au raccordement des parcs éoliens, à la construction de plusieurs postes électriques ainsi qu’au raccordement du complexe hydroélectrique de la Romaine.

 

En revanche, la CCQ se montre plus réservée pour établir dès à présent un scénario de hausse pour le secteur du génie civil et de la voirie après 2012. Plusieurs éléments devraient toutefois inciter à l’optimisme. Tout d’abord, les besoins d’infrastructures municipales, routières et du transport en commun demeureront élevés ainsi que les investissements prévus par Ottawa relativement aux ponts. Sans oublier le Plan Nord qui est porteur de grands espoirs pour les années à venir.

 

Investissements d’Hydro-Québec

Hydro-Québec y va d’investissements de 2,5 milliards de dollars cette année, soit une augmentation de 20 % du budget dépensé en 2011. Lors du dernier congrès de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, Réal Laporte, le président d’Hydro-Québec Équipement, a rappelé que 2011 mettait un point final aux grands travaux du projet hydroélectrique Eastmain-1-A – Sarcelle – Rupert, qui se sont étalés sur les cinq dernières années. Il en a profité pour souligner que les délais de production pour ce chantier ont été non seulement respectés, mais qu’il a même été possible de terminer les travaux plus tôt qu’initialement prévu. Au moment d’écrire ces lignes, il ne restait que des travaux mineurs de mécanique et d’électricité à la Sarcelle.

 

Cette année, ce sont les travaux au Complexe de la Romaine, d’une puissance de 1 550 MW, qui prennent le relais. Le projet démarre sur des chapeaux de roue puisque plus de 2 200 travailleurs s’activeront en 2012 sur le chantier. Le projet, rappelons-le, consiste à aménager quatre centrales hydroélectriques au nord-est d’Havre-Saint-Pierre et nécessitera un investissement de 6,5 milliards de dollars étalé sur les huit prochaines années. Parmi les principaux ouvrages au programme cette année, soulignons l’amorce du bétonnage des structures permanentes à la Romaine-2, ainsi que la construction du noyau asphaltique et des remblais au barrage et à la digue F jusqu’à l’élévation 2000.

 

Les travaux d’excavation de la deuxième centrale du complexe, Romaine-1, débuteront également cette année. D’autre part, la construction de la route permanente qui mènera vers la Romaine-3 se poursuivra en 2012 jusqu’au kilomètre 117. Cette route permettra à Hydro-Québec d’entreprendre la construction du campement Mista de la Romaine-3 dès le début de l’automne prochain. La première mise en service du complexe se réalisera en 2014 avec la Romaine-2, puis la Romaine- 1, suivies progressivement à partir de 2016 et jusqu’en 2020, des centrales Romaine 3 et 4.

 

Toujours au chapitre de l’énergie, cette année sera également celle où Ultramar complétera les travaux de construction de son pipeline long de 243 kilomètres reliant sa raffinerie de Lévis à son terminal de Montréal-Est, un chantier de 370 millions de dollars. Les travaux sur la portion ouest entre Boucherville et Saint-Germain-de-Grantham sont pratiquement terminés et tout indique que la mise en activité du pipeline sera réalisée d’ici la fin de 2012. Dans la conduite d’un diamètre de 16 pouces dont l’épaisseur de la paroi est d’un quart de pouce, pas moins de 100 000 barils par jour de produits raffinés de pétrole pourront ainsi être transportés.

 

Un vent toujours plus porteur

La présente année sera également à marquer d’une pierre blanche pour l’industrie éolienne sur l’ensemble du territoire québécois. Deux projets en particulier se distinguent par leur envergure. Tout d’abord, l’implantation des parcs éoliens de la Seigneurie de Beaupré, dans la région de Charlevoix.

 

Le projet d’une puissance totale de 366 MW est réalisé par Boralex, avec pour partenaires Gaz Métro ainsi que l’entrepreneur général Borea Construction et le turbinier Enercon. Il s’agit du plus grand projet éolien en développement au Canada. La première phase, soit les parcs 2 et 3 avec une puissance combinée de 272 MW, sera mise en service à la fin de 2013 et nécessite un investissement proche de 800 millions de dollars. Si les principales voies d’accès au site ont déjà été réalisées, cette année on érigera 91 tours dont la taille variera entre 63 et 98 mètres en plus de réaliser 70 % des travaux souterrains d’installation des collecteurs ainsi que la construction de la sous-station électrique nécessaire au raccordement au réseau d’Hydro-Québec.

Fin 2014, une seconde phase menée par le consortium Boralex/Gaz Métro-Valener sera entreprise, ce qui ajoutera 69 MW supplémentaires.

 

Par ailleurs, dans le Bas-Saint-Laurent, Enbridge et EDF EN Canada, propriétaires du parc éolien du Lac-Alfred, poursuivent cette année les travaux de fondation d’assemblage et de montage des pylônes. Au total, ce mégaprojet comportera 150 éoliennes générant une puissance totale de 300 MW et se déroulera en deux phases qui seront complétées respectivement en décembre 2012 et 2013. L’investissement total s’élève à 700 millions de dollars. Pour sa part, Hydro-Québec construira une ligne de transmission de 30 kilomètres pour relier le parc à son réseau.

Parc éolien de l’Érable

Au moins quatre autres parcs éoliens d’une valeur supérieure à 300 millions de dollars chacun seront en développement en 2012-2013. Dans la région Centre-du-Québec, le parc éolien De l’Érable, propriété du Groupe Elecnor, poursuivra son projet d’implantation de 50 éoliennes de 2 MW chacune. Réalisé au coût de 470 millions, les travaux se termineront cette année et comprendront également l’aménagement d’un bâtiment de contrôle électrique ainsi que d’un centre multifonctionnel d’interprétation.

 

Autour de Thetford Mines, la société Invenergy poursuit son projet éolien Parc des Moulins, comportant la construction de 59 éoliennes de 2,3 MW. D’une valeur de 400 millions de dollars, la mise en service est prévue pour le printemps 2013. Toujours en Chaudière-Appalaches, EDF EN Canada investit 350 millions pour la création de son parc éolien Massif du Sud d’une puissance de 150 MW. Le montage des pylônes prendra fin d’ici juin prochain et la mise en production est prévue pour novembre 2012. Enfin, en Montérégie, la société Kruger Énergie prévoit mettre en service son parc éolien de Saint-Rémi avant la fin de cette année. Le projet d’une valeur de 300 millions se compose de 50 éoliennes de 2 MW chacune.

 

Mille et un chantiers routiers

Environ 4 milliards de dollars seront investis dans le réseau routier de la province en 2012-2013, soit un montant sensiblement identique à celui de la saison précédente. De cet investissement, 3,5 milliards seront assumés par le ministère des Transports du Québec (MTQ) et un peu plus de 500 millions par les partenaires municipaux. Cette injection massive de fonds générera plus de 1

 

600 chantiers sur l’ensemble du territoire. À noter que 2,6 milliards serviront à la conservation des actifs et à l’amélioration du réseau routier, tandis que la part du développement du réseau accaparera 712,5 millions. Environ 60 % de ces investissements se réaliseront en dehors des grands centres urbains.

 

Site de l’échangeur Turcot - St-Jacques-Ouest

Le MTQ consacrera toutefois 518 millions de dollars aux infrastructures de la région de Montréal en 2012-2013. Un montant de 58 millions servira notamment à l’ensemble des travaux à l’échangeur Turcot cette année, qui consisteront à effectuer des travaux d’entretien et de réparation de l’actuelle structure devant être démolie en 2018. Parmi les autres chantiers en cours cette année, notons la réfection du pont Médéric-Martin ou encore la poursuite des travaux de réaménagement des échangeurs Décarie et des Laurentides ainsi que l’asphaltage de l’autoroute 40 entre les boulevards Viau et des Galeries-d’Anjou, tout comme de l’autoroute 15 entre l’autoroute 40 et la rue de De Salaberry.

 

En région, deux chantiers notoires sont à souligner. Il s’agit du prolongement de 242 kilomètres de la route 167 menant de Chibougamau aux monts Otish. Un projet qui profitera avant tout à l’exploitation de mines d’uranium et de diamant de la société Stornoway Diamond. Le chantier a été entamé avec les travaux de déboisement et sera complété en 2013. L’investissement se monte à 333 millions de dollars, dont plus de 40 millions seront assumés par la minière.

 

D’autre part, les travaux se poursuivront sur l’autoroute 85 reliant Rivière-du-Loup à la frontière du Nouveau- Brunswick. Le chantier, d’un montant de 482 millions, permettra de compléter le tronçon reliant Saint-Antonin à Saint-Louis-du-Ha! Ha!

 

Infrastructure municipale

L’activité ne demeure pas en reste du côté de l’infrastructure municipale, notamment à Montréal et à Québec. Dans son programme triennal d’immobilisations 2012-2014, la Ville de Montréal prévoit investir 1,6 milliard de dollars dans des travaux de voirie, dont 392,3 millions cette année et 477,4 millions l’an prochain.

 

Il est à noter qu’environ deux tiers de l’enveloppe budgétaire cette année seront affectés à des travaux d’entretien et de protection. En 2013 cependant, les investissements en projets de développement occuperont 55 % des dépenses à ce chapitre. La Ville consacrera 63,3 millions pour le réaménagement complet du carrefour Pie-IX-Henri-Bourassa ainsi que celui des bretelles de l’A-25 afin d’améliorer l’accès au port de Montréal. Sans oublier sa collaboration aux travaux du MTQ pour le complexe Turcot, ainsi que les échangeurs Dorval et Décarie.

 

Il faut souligner la part importante que Montréal entend investir dans la réhabilitation de ses infrastructures de l’eau pour la période 2012-2014, soit près de 1,3 milliard de dollars, dont 392,3 millions pour l’année en cours.

 

Pour sa part, le programme triennal d’immobilisations de la Ville de Québec fait état d’investissements globaux de l’ordre de 1,6 milliard de dollars. De cette enveloppe budgétaire, 171,1 et 162,1 millions seront affectés, respectivement en 2012 et 2013, à des travaux pour la pérennisation des infrastructures. En ce qui concerne les projets de développement, les investissements sont en nette hausse puisqu’ils se chiffrent à 181,5 millions cette année et à 293 millions en 2013.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2012. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !