Changements climatiques : Trois-Rivières teste une rue modèle

1 septembre 2017
Par Léa Méthé-Myrand

Un projet pilote de gestion des eaux de pluie et d’apaisement de la circulation, sur un tronçon de 1,3 km de la rue Saint-Maurice, sera complété cet automne.

« L’objectif est de mettre en place des infrastructures vertes plus adaptées aux changements climatiques, dit Alexis Pétridis, ingénieur en génie urbain à la Ville de Trois-Rivières. Le projet est né d’une vision commune entre la direction du génie et l’équipe du développement durable. »

 

La surface pavée de la rue Saint-Maurice sera réduite pour faire place à des bandes vertes aménagées en alternance avec les espaces de stationnement. L’élargissement des trottoirs à 1,5 mètre est assorti de zones tampons gazonnées aux intersections, réduisant la distance à traverser pour les piétons.

 

De plus, une bande végétalisée composée de 135 arbres, plus de 1000 arbustes et 18 000 plantes vivaces et graminées bordera les trottoirs de part et d’autre de la chaussée. Des ilots de biorétention aménagés dans les zones d’accumulation devraient permettre l’infiltration de 90 % de l’eau des averses. L’excédent sera acheminé vers des puisards ordinaires.

 

Deux mélanges de végétaux sont installés pour tester leur résistance au sel de déglaçage et leur capacité à capter les polluants. Deux substrats différents sont également mis à l’épreuve. Suivant l’étude de faisabilité menée par Stantec en 2016 et la tenue de consultations publiques, Consultants S.M. a reçu le mandat de reconfigurer la rue.

 

Trois-Rivières veut contrer l’accumulation de l’eau de pluie dans ses rues - Photo de Ville de Trois-Rivieres

 

« On vise un entretien minimum pour s’assurer que ce n’est pas trop prenant pour les ressources internes. Ça demeure un peu plus cher à installer qu’un aménagement conventionnel, mais ça réduit de beaucoup la surface d’asphalte à entretenir, déneiger et replacer », fait valoir Alexis Petridis.

 

Le site de la rue Saint-Maurice, inscrite au plan d’intervention de la municipalité pour la désuétude de ses canalisations, s’avère idéal pour mener le projet pilote. En effet, le secteur puise son eau à même la nappe phréatique qu’il importe de recharger en stimulant l’infiltration des eaux de pluie. Par ailleurs, l’emprise de rue plus large que nécessaire contribue à la formation d’ilots de chaleur, en plus d’inciter les automobilistes à enfreindre la limite de vitesse.

 

Puisque toutes les rues du secteur sont dues pour une réfection, la Municipalité envisage déjà de reproduire la formule, en commençant par le boulevard Sainte-Madeleine, dont les travaux sont prévus l’été prochain. « Si on connait un franc succès avec ce projet, on va poursuivre dans cette lancée », ajoute Alexis Petridis. Les critères de performance incluent le volume et la qualité des eaux infiltrées, mesurés grâce à des partenariats avec l’Université de Montréal, l’école Polytechnique et Ouranos. On validera également l’effet des aménagements sur le débit et la vitesse de circulation automobile.

 

L’entrepreneur Construction et pavage Boisvert a obtenu le mandat de réalisation pour un montant de 6,4 millions de dollars taxes incluses. Le contrat comprend le réaménagement en surface, le remplacement de conduites d’eau et d’égout et la séparation du réseau pluvial et du réseau sanitaire sur un tronçon de 300 mètres entre la rue Latreille et le boulevard Sainte-Madeleine.

 

Les travaux ont commencé au début juillet à l’intersection de la rue Sainte-Madeleine et progressent en direction du chemin des Sources jusqu’à la fin octobre.

 

Cet article est paru dans l’édition du vendredi 18 août 2017 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.