Le développement nordique fait son chemin

12 août 2013
Par Marie Gagnon

Les infrastructures de transport sont au coeur du développement nordique québécois. Regard sur un projet appelé à faire du chemin.

Les ressources enfouies au nord du 55e parallèle, on le sait, suscitent l’intérêt de nombreuses compagnies minières, tant québécoises qu’étrangères. Un véritable boum minier avait d’ailleurs frappé ce territoire bien avant le lancement officiel du Plan Nord en mai 2011. Sa mise en valeur est toutefois conditionnelle au développement intégré d’un réseau de transport, notamment au prolongement de la mythique route 167, dont la facture est estimée à 332 millions de dollars.

 

Selon Emilio Imbriglio, président du conseil de Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), le prolongement de la route 167 permettra de créer de la richesse, et pas seulement en redevances. « La route 167 sera la seule porte d’entrée pour accéder à ce territoire, fait-il valoir. À mesure que le potentiel minier sera exploité, les entreprises seront appelées à signer des ententes avec le gouvernement pour utiliser ce nouveau tronçon. »

 

Pour le moment, il est prévu que les Québécois financeront 85 % des coûts de construction de cette route gravelée de 243 kilomètres qui se rendra jusqu’au projet diamantifère Renard, de la minière Stornoway Diamond. Dans son plan d’action 2011-2016, le gouvernement Charest s’était d’ailleurs engagé à en financer 85 % des coûts de construction, soit 287 millions de dollars.

 

Même si le nouveau gouvernement Marois s’est attelé à la révision des modalités d’exploitation des ressources du Nord québécois, il n’est pas question de faire table rase des opportunités que représente son développement. Le grand patron de RCGT estime en effet à 3,2 milliards de dollars les investissements nécessaires au développement du « chantier d’une génération » d’ici les 25 prochaines années. Dont 1,752 milliard seulement en transport.

 

Et c’est sans parler des investissements prévus dans les autres secteurs au cours de cette période pas si lointaine. Les investissements reliés à l’exploitation minière sont ainsi évalués à 37 milliards. Ceux requis à l’expansion du réseau électrique, à 56 milliards. Du côté des alumineries, les besoins de financement s’établissent autour des 76 milliards. C’est dire.

 

Des défis à la tonne

« Bien sûr, il ne s’agit que de statistiques et, comme toutes les statistiques, ces données sont sujettes à révision, prévient Emilio Imbriglio. Le moteur du développement du Grand Nord, ce n’est pas tant les infrastructures que la disponibilité des ressources naturelles et la volatilité de leurs prix sur les marchés mondiaux. »

 

Il en donne pour exemple la récente déconfiture de Mines Richmont, qui a vu grimper en flèche ses frais d’exploitation en raison de réserves deux fois moindres que prévu et d’une teneur en minerai inférieure aux prévisions. Ces conditions difficiles ont eu raison de la mineFrancoeur à Arntfield, qui a cessé ses opérations en novembre dernier, quelques mois à peine après son démarrage officiel. Et c’est sans compter le plafonnement des cours de l’acier et du nickel.

 

Il n’empêche que la mise en valeur de ce vaste territoire, qui couvre plus d’un million de kilomètres carrés, présente des occasions de développement autant pour les entreprises privées que pour les municipalités.

 

« Les entrepreneurs en construction ont tout intérêt à tisser dès maintenant des relations d’affaires avec les minières, assure M. Imbriglio. Car même si aucun projet n’a été annoncé au cours du présent trimestre, l’Institut de la statistique du Québec et le ministère des Ressources naturelles prévoient le démarrage de 40 projets miniers d’une valeur globale de 40,9 milliards d’ici 2017. Mais sans accès aux ressources, il n’y aura pas de projets. »

 

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Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !