Manège militaire : la restauration s’annonce complexe

22 juin 2015
Par Marie Gagnon

La reconstruction du Manège militaire Voltigeurs de Québec a officiellement été lancée le 19 mai dernier, soit sept ans après l’incendie qui a pratiquement réduit en cendres l’édifice de l’avenue Wilfrid-Laurier.

Bien que des travaux de dégarnissage et de consolidation structurale aient été réalisés peu après le sinistre, le chantier qui s’amorce ne sera pas une mince affaire pour Pomerleau, qui doit livrer le travail à l’été 2017.

 

L’entrepreneur de Saint-Georges-de-Beauce, qui réalisera les travaux au coût de 72,7 millions $, devra en effet composer avec une multitude de contraintes pour satisfaire aux exigences conceptuelles adoptées par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC). Il devra non seulement procéder à une mise aux normes en règle des lieux, mais également respecter le caractère patrimonial du manège en reconstruisant à l’identique certaines de ses composantes.

 

Rappelons que le projet, qui représente un investissement global de 104 millions de la part du gouvernement fédéral, consiste à transformer le bâtiment construit en 1887 en un édifice multifonctionnel comportant des locaux commémorant son histoire militaire, des bureaux destinés aux employés fédéraux ainsi qu’une vaste salle pour la tenue d’activités communautaires, culturelles et sociales.

 

Cette salle occupera le corps central du bâtiment, soit une aire d’environ 2 000 mètres carrés sur une superficie brute de 13 000 mètres carrés. Elle pourra accueillir jusqu'à 1 300 personnes et être divisée en deux sections suivant les besoins. Elle sera complétée de locaux de services, comme des toilettes, des vestiaires et une cuisine. Cette dernière sera logée au sous-sol, qui sera creusé en sous-œuvre afin d’accueillir également la nouvelle salle mécanique.

 

Le projet prévoit en outre l’ajout d’un immense foyer vitré de 1 130 mètres carrés avec vue sur les plaines d’Abraham. Rattaché à la salle multifonctionnelle, ce foyer jouxtera aussi une nouvelle aile située sur la face ouest du bâtiment. Composé d’une structure d’acier et revêtu d’un parement de granit, cet ajout de 2 760 mètres carrés abritera des bureaux administratifs réservés à l’usage des fonctionnaires fédéraux. L’aménagement d’un stationnement extérieur et d’une place publique est également prévu à l’arrière du bâtiment.

 

Pour Luc Morin, directeur de projet pour TPSGC, la principale difficulté du chantier réside dans la préservation du caractère patrimonial du bâtiment. « Il y a trois éléments qui rendent la reconstruction particulièrement complexe, dit-il. D’abord l’intégration d’un agrandissement de facture contemporaine sans dénaturer l’architecture originale. Ensuite, la priorisation de la mise en valeur du patrimoine bâti dans le respect des codes et des normes actuels. Et, enfin, la reconstruction à l’identique du bâtiment. »

 

Par exemple, l’ajout de nouveaux systèmes électromécaniques, d’équipements de télécommunications et de gicleurs, ne sera pas chose facile, faute d’espace. Aussi, pour respecter ses exigences contractuelles en matière de restauration patrimoniale, l’entrepreneur Pomerleau a dû s’adjoindre les services d’entrepreneurs spécialisés en restauration de maçonnerie de pierre du XIXe siècle, en métaux ouvrés patrimoniaux et en ébénisterie pour les portes et fenêtres.

 

« À elle seule, la reconstruction à l’identique de la salle d’exercice présente un défi de taille, précise Luc Morin. Cette salle doit être polyvalente pour permettre la tenue d’événements de nature diverse, comme des banquets ou des spectacles. Sauf que les murs de pierre existants et le nouveau plafond de bois créent de la réverbération. Nous avons donc eu recours aux services d’un acousticien pour intégrer des surfaces absorbantes escamotables. »

 

Il ajoute que le plus gros morceau de cette reconstruction demeure la restauration de la maçonnerie de la façade. Si le revêtement de pierre a résisté aux flammes, au fil des ans, les cycles de gel et de dégel ont miné le mortier et causé le désagrégement de nombreuses pierres. « Des investigations poussées ont été réalisées pour identifier les interventions à effectuer, mentionne-t-il. Les architectes ont même eu recours à un banc d’essai grandeur nature pour déterminer la technique de restauration à privilégier. Les résultats ont été intégrés dans les plans et devis pour guider l’entrepreneur dans ses travaux. »

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 5 juin 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !