2 novembre 2018
Par Marie Gagnon

Le groupe industriel français Bel a récemment mis en chantier sa première usine canadienne à Sorel-Tracy, un établissement d’une aire au sol de 6 908 mètres carrés consacré exclusivement à la fabrication des fromages Mini Babybel. Cette construction, qui nécessite un investissement de 87 millions de dollars, concrétise la volonté du géant agroalimentaire d’assurer une production locale pour mieux desservir le marché canadien.

« Bel est présente en sol canadien depuis 1957, précise Jean-Michel Laurin, vice-président aux politiques et affaires publiques au bureau d’Ottawa de National. Son siège mondial est en France, mais le groupe possède aussi un siège social à Montréal. Deux raisons motivent l’installation de Bel à Sorel-Tracy. D’abord la synergie industrielle avec la Laiterie Chalifoux, qui occupe le terrain adjacent et assurera l’approvisionnement en produits laitiers. Ensuite l’excellent accueil des autorités municipales. »

 

Le projet est d’ailleurs en marche depuis le début de juillet sur la rue Aubert, à l’intersection du boulevard Fiset. Sa mise en chantier a cependant été précédée par des travaux préparatoires pour améliorer la portance des sols. Ces travaux, qui consistaient à mettre en place des remblais de préchargement, ont été réalisés en mars et en avril derniers. Le chantier a repris en juillet avec le fonçage de quelque 200 pieux.

 

« Comme il y a risque de liquéfaction en cas de séisme, on a opté pour une fondation pieutée, rattachée par des longrines, sur laquelle on a coulé la dalle de béton », note Thierry Vialard, directeur de projet pour Groupe Bel. Il ajoute du même souffle que le bâtiment sera constitué d’une structure d’acier et d’une enveloppe faite de panneaux sandwichs isolés dotés d’un fini architectural.

 

Bien que composé d’un seul volume, le bâtiment industriel comportera néanmoins plusieurs zones. Son niveau principal accueillera ainsi la zone administrative, qui occupera le sixième de l’aire totale et où seront aménagés les bureaux, les vestiaires et le coin repas. On retrouvera également à ce niveau la zone laboratoires, puis le secteur production, qui accaparera à lui seul les deux tiers de la superficie disponible. Quant à la ligne production, elle sera aménagée en trois unités. En amont, les procédés laitiers et leurs cuves en inox. En aval, les cailleurs à fromage puis le procédé, entièrement automatisé. Le reste de l’usine sera aménagé en salles mécaniques et de maintenance pour les équipements de production, ainsi qu’en espaces d’entreposage et de manutention. Enfin, le second niveau, qui représente environ le tiers de la superficie, accueillera la mécanique du bâtiment et les salles électriques et informatiques.

 

«Les matériaux de finition du secteur production doivent faciliter l’entretien et permettre de maintenir les lieux très propres », commente Thierry Vialard, en précisant que les finis architecturaux, tout comme les équipements, doivent résister aux détergents et aux désinfectants projetés à haute pression. Il mentionne par ailleurs que le projet ne briguera pas de certification environnementale.

 

« La certification LEED n’est pas adaptée à notre industrie, mais plutôt aux immeubles commerciaux, où l’énergie est entièrement affectée au bâtiment, tandis qu’à l’usine, l’électricité est surtout associée au procédé, dit-il. On a quand même certaines préoccupations environnementales, entre autres en ce qui concerne la consommation d’eau. Par exemple, l’eau utilisée pour les opérations sera en partie récupérée. On a aussi des détecteurs sur les lances pour réduire le temps de lavage. »

 

Pour limiter la consommation d’énergie, le système de ventilation sera par ailleurs équipé d’une unité de récupération de chaleur. Même chose du côté des refroidisseurs, où la chaleur sera récupérée pour chauffer l’eau. Pour le reste, l’usine répondra aux exigences du Code national de l’énergie pour les bâtiments (CNEB).

 

Image de Bel Canada

Le chantier, réalisé par Pomerleau, ne présente aucun défi particulier, sinon la topologie du site qui a quelque peu compliqué le travail des concepteurs de Boulianne Charpentier. Déjà, à la mi-octobre, les pieux étaient en place. L’équipe de projet espère fermer l’enveloppe avant les grands froids pour procéder aux finitions intérieures pendant l’hiver. Suivront l’installation des équipements et une période de rodage de six mois à l’automne 2019. La mise en service doit avoir lieu au début de 2020.

 

Cet article est paru dans l’édition du 19 ocotbre 2018 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.