Savoir intégrer les nouvelles technologies

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7 juin 2018 | Par Andrée-Ann Lavoie, Communications, marketing & développement des affaires chez Construction Cogela et membre CREW M

Des centaines d’éléments combinés font le succès d’une entreprise. Parmi les nombreuses considérations d’un gestionnaire, la technologie représente un élément fondamental de la croissance et de la performance qui requiert une attention grandissante.

Dans le milieu de la construction, la technologie (entre autres la modélisation des données du bâtiment) a pour effet d’accentuer la vitesse avec laquelle l’industrie doit adopter une approche de plus en plus intégrée entre les disciplines. De plus, les outils à notre disposition, vu leur impact sur la chaine d’intervenants, pressent les entreprises de toutes tailles à repenser leurs mœurs et à se conformer à un nouveau virage numérique.

 

Cela se discute plutôt en coulisse, mais plusieurs gestionnaires se sentent dépassés et dépourvus de conseils valables en lien avec leur réalité d’entreprise. Certes, ces avancées auront un impact bénéfique sur la performance de notre industrie. Il n’en demeure pas moins qu’afin de structurer ce virage et d’outiller nos entreprises pour qu’elles puissent suivre la cadence, il faut à priori reconnaitre le défi d’entreprise pour le déploiement en bonne et due forme de nos pratiques améliorées.

 

Difficultés rencontrées par les gestionnaires

Selon une étudie menée par la SQI, les barrières pour un déploiement du BIM dans l’industrie sont nombreuses, notamment et je cite :

 

« Parmi ces barrières, un manque de compétences en numérique, l’absence de processus de gestion du changement et de cadre de normalisation au sein de la filiale québécoise de la construction sont vues comme étant les principales. Les questions de contexte défavorable au déploiement, dont le recours au plus bas soumissionnaire, les bénéfices asymétriques liés au déploiement, les couts d’implantation et le manque de vision stratégique globale pour la filière ont également été reconnus comme barrières à plusieurs reprises. »

 

Nous ne pouvons qu’abonder dans ce même sens, et avec des solutions de plus en plus nombreuses, le choix et l’adoption de ces technologies sont plus facilement dits que faits. Au-delà du BIM, et pour ceux qui ont une courbe d’apprentissage technologique minime, la multiplicité de logiciels de gestion de projets, d’estimation, de conception, de validation, de suivi et de présélection imposés par les clients ou autres acteurs dans le domaine rend quelque peu confus les gestionnaires et difficile leur choix et leur établissement des priorités .  

 

Faisons de l’empathie, nous, gestionnaires, et disons-nous que nous ne sommes pas seuls à avoir les nombreuses réflexions (voir frustrations) courantes du genre : Ce logiciel va-t-il se rentabiliser? Ais-je confiance qu’il évoluera avec moi (et avec l’industrie) dans le temps (sans quoi je risque de devoir implanter une nouvelle version dans un,deux, peut-être trois ans)? La courbe d’apprentissage est-elle réaliste pour l’entreprise? Suis-je en mesure d’évaluer le risque d’erreurs possibles de l’implantation de cette nouvelle méthode sur mes opérations? Puis-je sécuriser la mémoire d’entreprise en dehors du logiciel offert? Suis-je coincé avec ce fournisseur (qui détient mes données) si je souhaite éventuellement changer de plateforme? Cette technologie peut-elle être employée par l’ensemble des intervenants sur mes projets et change-t-elle le lien de responsabilité entre eux et leurs rôles respectifs? Dois-je valider certains aspects légaux liés à l’utilisation de cette technologie?

 

Ces considérations qui s’ajoutent au cours normal des opérations et de la gestion d’une entreprise font en sorte que  bien des PME se retrouvent un peu démunies ou en retard face à l’adoption du changement lorsqu’il s’agit de la technologie.

 

Pistes de solution

Heureusement, de plus en plus de ressources sont mises à la disposition des entrepreneurs québécois afin de leur permettre de miser sur l’adoption de la technologie avec un maximum d’appui. Entre autres, les crédits d’impôts devraient alléger le fardeau financier rattaché à l’adoption en bonne et due forme de la technologie (BIM, entre autres) et de son implantation à travers l’écosystème de la construction chez les petits joueurs comme chez les plus grands. La participation de la part de grands donneurs d’ouvrage dans l’appui à l’intégration des mesures BIM, par exemple chez leur bassin de fournisseurs, donnera aussi son coup de pouce à l’industrie.

 

Également, en plus des entreprises de service offrant des conseils quant au choix d’outils, certains regroupements sans but lucratif cherchent à générer un contexte de partage au sein de l’industrie où les acteurs de toute taille et de tout genre du domaine peuvent échanger au sujet de la technologie appliquée à leur contexte (partage d’idées, expériences, bonnes pratiques, nouveautés et innovations).

 

Source : Étude menée par le ministère de l’Économie, des Sciences et de l’Innovation du Québec et la Société québécoise des infrastructures, « Accroître la performance de la filière québécoise de la construction par le virage numérique », Rapport exécutif en date du 29 janvier 2018 (https://docs.wixstatic.com/ugd/672f48_ac1725fcd7a04483a818107b29da9079.pdf)