Par Benoit Poirier

 

Le 13 octobre 2011, l’entreprise Chronoglass s’est vu remettre une mention honorifique dans la catégorie HABITATION – TECHNOLOGIES ET PRODUITS NOVATEURS des 23eTrophées Innovation et développement durable Contech. Cette mention soulignait l’intégration de toutes les étapes d’un procédé d’impression numérique de céramique sur verre, commercialisé sous la marque Imagine.

 

Ce nouveau procédé utilise, depuis janvier 2011, la dernière génération d’encre à base de céramique pour imprimer, directement sur du verre, un motif extrait de divers formats de fichiers numériques (tiff, psd, jpg ou dxf, ai, pdf, eps). Motifs, dessins, logos, lettrages, paysages, portraits, pas mal tout peut être reproduit.

 

« On vient vraiment de simplifier l’application de création sur le verre, d’élargir les possibilités de création ! » lance Jacques Parent, de Chronoglass, une division de Vitre-Art.

 

L’entreprise est en mesure de réaliser un large éventail de coloris en simultané et d’atteindre différents niveaux d’opacité. Le procédé se prête à tous les types de verre. On l’utilise en aménagement extérieur, par exemple pour une façade de bâtiment, un garde-corps, une signalisation, une marquise, tout comme en design intérieur, comme pour une cloison, une porte, une paroi coulissante, un revêtement mural ou un plancher de verre. On remarquera à ce sujet les garde-corps des quatre plus récents escaliers de l’aire de jeu centrale du Casino de Montréal.

 

« C’est le projet le plus important qui a été réalisé jusqu’ici avec cette technologie au Québec. Mais il y a maints projets qui sont sur la table », fait remarquer Jacques Parent.

 

Possédant les qualités similaires au verre trempé, le produit fini résiste aux rayons UV, aux rayures, aux chocs, aux écarts de température et à l’abrasion.

 

On notera au passage les qualités vertes du verre. Il s’agit d’un matériau inerte qui peut être maintes fois recyclé, à l’exception de celui dont on se sert en radiologie car il contient du plomb. Des recherches sont en cours, notamment à l’Université de Sherbrooke, pour vérifier si le verre pourrait entrer dans la composition d’autres produits comme le ciment.

 

L’apport du numérique

« Ce qui est nouveau par rapport à ça, c’est la venue du numérique. Nous, on est les premiers à avoir ça dans l’est du Canada. C’est vraiment une imprimante numérique. Donc, il n’y a plus de toile. Et, dans le processus de trempe, il y a une fusion entre l’encre et le verre, ce qui donne toute sa durabilité », souligne Jacques Parent.

 

Non seulement ce nouveau procédé offre des possibilités de design beaucoup plus élaborées, mais aussi en ce qui a trait au choix de couleurs. On peut même imprimer une photo sur le verre avec les mêmes propriétés de durabilité.

 

« Ça permet aux architectes et aux designers de pouvoir vraiment agrémenter un bâtiment, aller mettre leur touche plus facilement. C’est-à-dire que ce soit dans un mur-rideau, dans une division, un séparateur de bureaux, une table ou une porte de douche, l’architecte, le designer peut, tout simplement à partir de son fichier, de son image, exiger d’avoir ce type de design sur le verre », explique-t-il.

 

Libre cours à la créativité

Cette technologie, que certains connaissaient, mais qui n’était disponible qu’en Europe, changera inévitablement les pratiques et décuplera les possibilités, croit Jacques Parent. Une belle avenue notamment pour les réalisations menées dans le cadre du programme du 1 % d’intégration d’œuvres d’art à l’architecture.

 

«On a déjà quelques projets qui sont réalisés, mentionne-t-il, je pense entre autres ici au nouveau complexe sportif du cégep Marie-Victorin. C’est une œuvre de madame Christiane Desjardins qui a été reproduite sur le verre. »

 

En plus de l’impression sur verre, Chronoglass assure, dans son usine de Montréal, les services de fabrication, de coupe, de transformation, d’assemblage et de polissage. L’installation est confiée à un vitrier.

 

« Nous, finalement, on laisse à l’artiste, à l’architecte, au designer toute la créativité. Ce qu’on fait, c’est qu’on vient tout simplement transposer ça sur le verre qu’ils désirent. Ça peut être un verre monolithique. Mais ça peut aussi être dans un thermos, une unité scellée, une table, une porte de douche. Partout où il y a du verre, la technologie peut être appliquée. La seule contrainte, et ce n’est pas une contrainte, c’est que le verre est obligatoirement trempé. Et, de toute façon, aujourd’hui, la plupart des verres installés dans des lieux publics, c’est toujours trempé. Nous on le fait et pour la sécurité et par le processus, qui exige ça. Parce que c’est vraiment dans la trempe du verre qu’il y a fusion entre l’encre et le verre », résume-t-il.

 

Loin d’être restreint, le marché couvre les secteurs institutionnel, commercial et, dans une moindre mesure, résidentiel.

 

« Le meilleur reste à venir avec ça. »