12 août 2010

Si les projets LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) se réalisaient au compte-gouttes il y a quelques années à peine, la tendance verte en construction s’est propagée avec célérité à un large pan de l’industrie. À tel point que l’Institut d’acier d’armature du Québec (IAAQ) s’est permis, pour la neuvième édition annuelle de son concours d’excellence – Armatura –, d’ajouter cette catégorie à sa compétition ; son initiative était pertinente comme en témoignent les candidatures de qualité qu’elle a reçues et qui ont donné lieu à une course intéressante parmi les finalistes.


C’est le nouveau complexe résidentiel Le Vistal, situé sur l’Île des Sœurs, qui a finalement obtenu le vote décisif du jury. Cela lui valait un doublé puisque ce projet avait déjà été primé dans la catégorie résidentielle.


« Nous voulions souligner avec ce nouveau prix que l’acier d’armature est produit à partir de matériau recyclé, de dire Gabriel Bonin, le nouveau président de l’IAAQ et directeur général d’Acier Ecan, une division du Groupe AGF. Et que de ce fait, il constitue une plus value dans les projets LEED. »
Geoffrey R. Inniss, le porte-parole d’ArcelorMittal, racontait que le 1,3 million de tonnes de matériau récupéré par cette multinationale annuellement dans un large périmètre autour de l’usine de Contrecœur permettait de fournir la totalité de la consommation d’acier d’armature au pays !


« Matériau écologique », « respect de l’environnement », ces mots étaient donc employés à satiété le 12 mai dernier lors du dévoilement des récipiendaires de ses prix. Le thème LEEDer de vos projets était accolé à tout le visuel promotionnel de l’événement. L’organisme avait même pris soin de convier ses membres et leurs invités, artisans et promoteurs des projets soumis, à l’atrium des pavillons Lassonde de l’école Polytechnique de Montréal. Ce choix n’était pas anodin, puisqu’il s’agit du premier bâtiment à avoir obtenu la certification LEED au Québec.


La récente création de la Corporation Proment a donc inscrit une page d’histoire dans les annales de l’organisme. Elle a devancé l’Édifice Delta III dans l’arrondissement Sainte-Foy, premier immeuble de bureaux certifié LEED à Québec, et le nouveau pavillon de l’École de gestion John-Molson, une constituante de l’Université Concordia à Montréal, qui se démarque avec ses panneaux solaires qui recouvrent les deux étages supérieurs d’une de ses façades.

 

Un défi
Le Vistal – la première phase a été complétée en novembre 2008 et la deuxième est en cours – a reçu la certification OR, une première en ce qui concerne un édifice en copropriété de cette envergure. Au nombre de ses caractéristiques vertes : jardin suspendu, faible consommation énergétique, aménagements paysagers s’appuyant sur des plantes peu gourmandes en eau potable et système d’irrigation à l’eau de pluie.


« Ce fut tout un défi, a commenté John Marcovecchio, le président de Magil Construction, l’entrepreneur qui a concrétisé les plans d’architecte du Groupe Conseil Jean-Pierre Bart, avec l’aide des ingénieurs de Genivar. En raison des objectifs de LEED, la gestion du chantier fut plus ardue. N’oubliez pas que nous avions à travailler sur une structure de béton à la verticale de 25 étages et qu’il nous fallait acheminer les débris et déchets du chantier au sol en vue d’une récupération des matériaux selon un tri prédéterminé. Et pour finir le tout, nous devions procéder en respectant le caractère résidentiel de l’île, ce qui veut dire faire le moins de bruit possible… »


Les travaux de construction de la structure avaient été planifiés pour permettre des portées maximales et des balcons aux dimensions intéressantes pour les occupants, en limitant le nombre de colonnes. Un système de résistance aux charges latérales avait été conçu qui ne comportait pas de murs de cisaillement autres que le noyau central.


Autres prix
Dans la catégorie institutionnelle, surprise ! La nouvelle résidence de l’École de technologie supérieure (ÉTS), phase III, a supplanté le nouveau secteur des départs transfrontaliers de l’aéroport de Montréal-Trudeau. Il est vrai qu’à l’ÉTS, on a eu recours au système de dalles BubbleDeck pour la première fois en Amérique du Nord. Cette technologie permet de construire plus haut, moins lourd, mais tout aussi solide, affirme Teknika HBA, la société d’ingénierie de ce projet signé par le Groupe Cardinal Hardy. C’est Verreault qui était sur le chantier.

Dans la catégorie commerciale, les artisans de l’hôtel Marriot à l’aéroport Montréal-Trudeau ont jubilé, Marie-Josée Vaillancourt, vice-présidente développement chez Axor, la première. L’entrepreneur montréalais a transposé dans la réalité les plans de Provencher Roy + associés architectes, avec la contribution de Pasquin St-Jean & Ass. Dans la catégorie génie civil, les travaux de réfection du pont de l’Île Charron ont été primés. Cima +, Dessau et Hamel Construction ont mérité les félicitations. Enfin, dans une autre catégorie créée cette année – Coup de cœur – le dôme en béton qui abrite le minerai que reçoit d’outre-mer QIT Fer et Titane à Sorel-Tracy, a été la tête d’affiche. Une réalisation conjointe de Hatch et Construction Sorel.


La soirée s’est terminée par un hommage à Bernard Lamarre, l’ancien président de SNC-Lavalin. L’IAAQ a fait une entorse à sa tradition en honorant pour l’ensemble de son œuvre un non-membre de son association.


« Il a contribué comme pas un à l’utilisation judicieuse du béton d’armature au Québec », l’a présenté Serge Gendron, le président du groupe AGF. L’ingénieur bien connu s’est quant à lui décrit comme un vieil amant des structures qui avait été contaminé par l’amour de son père et de son beau-père pour le béton !