Chute mortelle d’un couvreur : des lacunes dans la supervision et la formation

2 mai 2014

Le 12 décembre 2013, sur un chantier de construction de Chalets Lanaudière, à Chertsey, Joël Boucher, couvreur à l’emploi de l’entreprise Les Toitures Mario Lemieux, est décédé après avoir chuté du toit d’une résidence en construction.

 

Parmi les causes à l’origine de cet accident, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a identifié des lacunes dans la supervision et la formation liées à l’utilisation des dispositifs d’arrêts de chute. Au Québec, entre 2009 et 2013, 55 travailleurs ont perdu la vie à la suite d’une chute à un niveau inférieur.

 

Le travailleur fait une chute de près de six mètres

Le jour de l’accident, le couvreur s’affaire, avec des collègues, à la pose du revêtement de la toiture. Soudainement, un travailleur entend un bruit sourd. Il se retourne et constate que le couvreur est tombé au sol. Les services d’urgence sont contactés et la victime est transportée à l’hôpital où son décès est constaté.

 

Mieux identifier les dangers

L’enquête a permis à la CSST d’identifier deux causes pour expliquer cet accident. D’abord, le travailleur perd l’équilibre alors qu’il se déplace sur la toiture d’une résidence et fait une chute de 5,5 mètres. Ensuite, la gestion de la sécurité est déficiente en regard à la supervision et à la formation sur l’utilisation des dispositifs d’arrêts de chute. En effet, aucune directive et aucun rappel de sécurité du travail en hauteur n’ont été donnés aux travailleurs avant le début des travaux.

 

La CSST exige des directives d’installation des dispositifs d’arrêts de chute 

À la suite de cet accident, la CSST a notamment exigé de l’employeur qu’il obtienne les directives d’installation des différentes composantes des systèmes d’arrêts de chute et qu’il informe ses travailleurs de la manière sécuritaire de les utiliser. 

 

La CSST considère que l’employeur, Les Toitures Mario Lemieux, a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. Par conséquent, un constat d'infraction lui a été délivré. Pour ce type d'infractions, l'amende peut varier de 15 698 $ à 62 790 $ pour une première offense, et de 31 395 $ à 156 976 $, s'il s'agit d'une récidive.

 

Mesures de prévention

Afin d’éviter qu’un tel accident ne se reproduise, la CSST demandera à l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec ainsi qu’à l’Association des entrepreneurs en construction du Québec d’informer leurs membres des conclusions de cette enquête.

 

De plus, dans le cadre de son partenariat avec la CSST visant l’intégration de la santé et de la sécurité au travail dans la formation professionnelle et technique, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport diffusera le rapport d’enquête, à titre informatif et à des fins pédagogiques, dans les établissements de formation qui offrent les programmes d’études : Pose de revêtement de toiture et Charpenterie- menuiserie.

 

La CSST rappelle que la meilleure façon d’éviter une chute de hauteur, lors de la construction d’une résidence neuve, c’est d’effectuer tout le montage au sol, y compris la pose du bardeau.

 

Lors de la rénovation d’une toiture, l’utilisation d’un équipement de protection collective pour prévenir les chutes de hauteur (garde-corps, filet de sécurité) doit être favorisée. À défaut de pouvoir employer l’une de ces méthodes, chaque travailleur doit utiliser un équipement de protection individuelle conformément au Code de sécurité pour les travaux de construction et aux directives des manufacturiers des équipements.

 

Les accidents du travail, ça blesse plus de monde qu'on pense!

Chaque jour au Québec, 228 personnes se blessent en travaillant… et c'est sans compter tous les autres qui sont aussi blessés par ces accidents. Conjoints, enfants, parents, amis, collègues, patrons : tout le monde en souffre! Les accidents du travail et les maladies professionnelles peuvent être évités par une gestion permanente de la santé et de la sécurité. 

 

L'employeur et les travailleurs doivent faire équipe et participer à l’identification des dangers, à leur élimination et à leur contrôle. Parce que le Québec a besoin de tous ses travailleurs. 

 

Le rapport d’enquête de l’accident peut être consulté sur le site Web de la CSST

 

Source: Commission de la santé et de la sécurité du travail