Confort acoustique des environnements de travail

27 septembre 2012
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

La satisfaction acoustique au sein d'environnements de travail dépend essentiellement du degré d’intimité acoustique et des niveaux sonores[1]. L’intimité acoustique préserve à la fois d'entendre les conversations des collègues et d'être entendu par ces derniers. Elle est une fonction du rapport d’énergie sonore des conversations et des autres bruits de fond.

 

Sans bruits de fond, les conversations des collègues seraient parfaitement intelligibles et donc très gênantes. Lorsqu’ils sont modérés, les bruits de fond couvrent les conversations (et tout autre bruit intermittent), préservant ainsi l’intimité du locuteur et la tranquillité d’éventuels auditeurs. À l’opposé, lorsqu’ils sont trop forts, les bruits de fond deviennent gênants, d’où la nécessité de les conserver dans des limites acceptables. 

 

Enquêtes scientifiques

Plusieurs recherches ont étudié la satisfaction relative au confort acoustique au sein d’environnements de travail. À titre d’exemple, Jensen et al. (2005)[2] ont analysé le niveau de satisfaction acoustique de 23 450 employés occupant 142 édifices de bureaux sondés par le Center For The Built Environment (CBE) de l’Université de la Californie à Berkeley.

 

Dans le cadre de cette étude, la qualité acoustique a été évaluée en fonction des niveaux de bruit et de l’intimité acoustique perçue, et ce, pour différents types d’espace de travail, soit des bureaux fermés individuels et partagés ainsi que des cubicules avec paravents hauts, paravents bas et sans paravents. Sans grande surprise, les occupants des bureaux fermés apparaissent plus satisfaits du niveau de bruit que les occupants des aires ouvertes.

 

De plus, la possibilité de tenir une conversation derrière une porte close affecte inévitablement de manière positive l’intimité acoustique perçue. Les auteurs soulignent néanmoins qu’il est beaucoup plus difficile d’obtenir une intimité satisfaisante qu’un niveau sonore acceptable, et ce, pour l’ensemble des espaces, un constat conséquent avec les résultats obtenus par Sundstrom et al. (1994 et 1982)[3].

 

Constat contre-intuitif

Fait étonnant, les résultats de Jensen et al. (2005) indiquent que les cubicules sans cloison sont associés à un environnement sonore plus satisfaisant qu’un cubicule avec cloisons, autant en ce qui a trait au niveau de bruit qu'à l’intimité. D'après les auteurs, ce résultat peut s'expliquer en partie par le fait que les occupants d'un espace complètement ouvert auront des attentes moindres quant à la qualité acoustique de celui-ci et qu'ils auront tendance à adapter leurs habitudes de conversation en fonction de l'espace.

 

Les auteurs mentionnent aussi qu'un espace complètement ouvert est plus propice aux conversations privées qu'un espace plus cloisonné, car il est facile pour un occupant de s'assurer qu'aucun collègue indiscret n'est présent à proximité. De plus, les occupants seraient plus enclins à accepter le bruit s'ils ont un contact visuel avec la source. De hautes partitions auraient plutôt tendance à simuler un espace privé où le bruit en provenance d'une source « invisible » deviendra fort probablement une nuisance.

 

À la lumière des résultats discutés précédemment, il apparaît qu'une stratégie de contrôle acoustique reposant majoritairement sur la hauteur des cloisons délimitant les postes de travail n'est pas garante de succès. Dans les faits, la traditionnelle solution consistant à hausser les paravents et à recouvrir ceux-ci de matériaux absorbants ne donne guère de résultats puisque le son, en plus de se déplacer de manière horizontale, se propage aussi vers le plafond. La composition du plafond devient donc un paramètre important pour le contrôle des ambiances acoustiques.

 

Mentionnons en terminant que les meilleures pratiques acoustiques relatives à l'aménagement d'un plan ouvert recommandent une superficie de matériaux absorbants au moins équivalente à celle de l'aire de plancher.

 

1.Charles, K. et al. (2005) Conception des Postes de Travail et Productivité Organisationnelle, CNRC, Rapport de recherches no 47343F, 115 p.

2.Jensen, K. et al. (2005) Acoustical quality in office workstations, as assessed by occupant surveys, Proceedings, Indoor Air 2005, 4-9 septembre, Beijing, Chine

3. Sundstrom, E. et al. (1994) Office noise, satisfaction, and performance, Environment and Behavior, vol. 26, no 2, pp. 195-222

Sundstrom, E. et al. (1982) Physical enclosure, type of job, and privacy in the office, Environment and Behavior, vol. 14, no 5, pp. 543-559

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez Coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.

Conseil du bâtiment durable du Canada - section du Québec

 

Cette chronique est parue dans l’édition du mardi 25 septembre 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !