21 novembre 2017
Par Marie Gagnon

Développer ses propres projets immobiliers, c’est aussi l’occasion de donner forme à ses valeurs, comme en fait foi Guimond Construction.

Rares sont les entrepreneurs qui osent coiffer à la fois le chapeau de constructeur et celui de promoteur. Il faut dire que les enjeux ne sont pas les mêmes. D’un côté, on exécute.

 

De l’autre, on développe, avec toutes les responsabilités que cela comporte en termes de recherche de terrain, de faisabilité technique et de mise en oeuvre, mais aussi de financement et de mise en marché. Des responsabilités que Guimond Construction n’a pas hésité à endosser en fondant, en 2015, G2 Développement.

 

« En fait, cette division existait déjà sous le nom de Capital JPG, explique Gabriel Dutil, qui est à la fois vice-président de Guimond Construction et actionnaire de G2 Développement. C’est maintenant sous ce chapeau que nous développons et construisons de nouveaux projets immobiliers commerciaux et industriels clés en main. Cette double spécialité nous permet de contrôler tous les aspects de nos projets et d’en garantir la qualité. »

 

C’est justement sous ce nom que l’entreprise, dont le siège social est situé à Laval, a donné forme l’an dernier à la Tour Saint-Jérôme, un immeuble de bureaux de catégorie A de quatre étages et d’une valeur de dix millions de dollars. C’est toutefois sous la bannière de Capital JPG, alors présidée par Éric Guimond, qu’a vu le jour la Cité des affaires du Boisé de l’Équerre, un projet de locaux commerciaux en copropriété de 40 millions. Il s’agit là du plus important projet exécuté par Guimond Construction, depuis sa fondation en 1974, et du plus important investissement privé enregistré l’an dernier sur le territoire lavallois.

 

Approche personnalisée

Une particularité qui a d’ailleurs valu au promoteur-constructeur le prix Dunamis de la catégorie Investissement, lors du gala d’avril dernier. « Le Boisé de l’Équerre, c’est un parc d’affaires en quatre phases, dont la dernière s’est amorcée en novembre, indique Éric Guimond. Il offre des bureaux ainsi que des espaces industriels et commerciaux en copropriété. Le projet a été conçu dans l’objectif de créer des espaces personnalisés grâce à notre approche build-to-suit.

 

« Ici, pas question de faire du copier-coller, ajoute-t-il. Par exemple, pour Connect IT, une entreprise qui se spécialise dans la téléphonie et la connectivité, on a créé un look industriel à la Microsoft avec aire ouverte, plafond à 24 pieds et matériaux bruts. Le design, c’est très important pour eux. Comme ils recrutent surtout des milléniaux, l’environnement de travail devient un avantage concurrentiel à l’embauche. Pour QAT, une entreprise de climatisation, c’est plutôt la fonctionnalité des lieux qui prime. Ils n’ont besoin que de quelques bureaux et d’un espace d’entreposage. »

 

Ce nouveau modèle d’affaires profite à Guimond Construction. Depuis les quatre dernières années, l’entreprise a vu ses revenus croître de 20 % en moyenne chaque année, pour s’établir à 40 millions de dollars en 2016. Pour 2017, elle anticipe des revenus de 45 à 50 millions. Une bonne performance que Gabriel Dutil explique aussi par le boom démographique qu’il constate dans son marché – l’entreprise est surtout présente à Laval et dans les Laurentides – qui stimule l’investissement dans le bâtiment commercial et industriel.

 

Formule éprouvée

« La formule fonctionne, on entend la reproduire, révèle le gestionnaire. Entre autres à Saint-Eustache, avec la Tour Veridis, et sur la Rive-Nord, avec le Carrefour des affaires de Boisbriand, deux projets de condos commerciaux clés en main d’une valeur de huit à dix millions chacun, qu’on développe en partenariat avec Anges Québec, un réseau d’investisseurs privés.

 

« Ces projets font partie d’un plan d’investissement de 100 millions de dollars que G2 Développement mettra en oeuvre d’ici les trois prochaines années, dans l’axe des autoroutes 15 et 640. On connaît bien ce marché et on y a de bonnes relations d’affaires, entre autres avec les villes et les organismes de développement économique, mais aussi les fournisseurs locaux, qu’on favorise dans nos projets. »

 

Bien qu’il affirme rester à l’affût du marché et se dise prêt à saisir les occasions qui se présenteront, Gabriel Dutil rappelle que pour l’heure, G2 Développement maintient le cap sur les projets de bâtiments industriels et commerciaux à structure de bois qui ont fait sa renommée. « L’adéquation entre durabilité et innovation est très importante pour nous, mais on ne cherche pas à être verts juste pour être verts, souligne-t-il.

 

« Il faut que le concept reste abordable, tout en étant bénéfique pour l’environnement. Nos condos industriels en sont un bon exemple. Ils incluent des bornes de recharge électrique et des toitures réfléchissantes, tout en favorisant les modes de transport actif. On y installe des supports à vélo, des douches, des vestiaires, et on choisit des emplacements à proximité des réseaux cyclables. Ça fait partie de nos valeurs et cela se transpose dans nos projets. »

 

TOUCHER DU BOIS

La construction durable est au coeur des actions de Guimond Construction, et c’est ce qui pousse l’entreprise lavalloise à mettre en oeuvre le bois d’ingénierie lamellé-collé dans ses projets. « La construction en bois est synonyme d’économies et de rapidité d’exécution, sans compter les bienfaits environnementaux, note Gabriel Dutil. On a d’ailleurs été les premiers à croire en Nordik Structure. En 2006, nous avons construit le Complexe sportif Bois-de-Boulogne en lamellé-collé, le premier centre sportif en bois d’ingénierie en Amérique du Nord. À l’heure actuelle, on est toujours le seul entrepreneur du Québec à avoir une équipe spécialisée dans le montage de structures de bois. »

 

INVESTIR DANS LA COLLECTIVITÉ

En 2009, Guimond Construction se lance dans la construction d’un complexe sportif voué au développement du hockey mineur et du patinage artistique. Le projet, qui représente un investissement de 18 millions de dollars, propose trois patinoires, dont une de dimensions réglementaires, ainsi qu’un centre d’entraînement hors glace avec tapis roulant synthétique, pour perfectionner les techniques de patinage de vitesse, et une salle de conditionnement physique.

« On est des amateurs de hockey, sauf qu’à Laval, il y a peu de temps de glace disponible pour le sport amateur, souligne Gabriel Dutil. Il faut soit louer à l’extérieur de la ville ou jouer très tôt ou très tard. On a discuté de notre projet avec la Ville et Hockey Laval, et on a vu qu’il comblerait un besoin. C’est comme ça que le Complexe sportif Guimond a vu le jour. Après six ans d’exploitation, on vient justement de le vendre à la Ville au montant de 14 millions. »