D'une époque à une autre : les grands bâtiments du Québec

14 octobre 2016
Christian Chaloux

Depuis les années 60, l'intérêt pour l'architecture internationale a profondément contribué à façonner le Québec moderne. Et certaines réalisations, comme le Stade olympique, la Place Ville Marie, le Centre Molson, de façon plus particulière.

1960 - Les nouveaux centres-villes

La décennie 1960 s’amorce avec éloquence grâce la Place Ville Marie, érigée au coût de 80 millions de dollars. Le promoteur new-yorkais William Zeckendorf s’entoure de six architectes liés à l’Université McGill sous l’appellation The Architects in Co-Partnership (ARCOP).

 

L’architecture cruciforme qui s’élève en quatre immeubles, sur 42 étages, apporte un vent de fraîcheur à Montréal. Les vents représentent d’ailleurs tout un défi, ce qui oblige l’équipe à se rendre à Washington pour trouver un ordinateur assez puissant pour traiter les données. La tour CIBC, la tour CIL House (Tour Telus) et le siège social d’Hydro- Québec suivent en 1962, sans oublier la Tour de la Bourse en 1964.

 

Ces gratte-ciel marquent le déplacement du quartier des affaires qui délaisse peu à peu le Vieux-Montréal. La Maison de Radio-Canada, un investissement de 70 millions de dollars, sera complétée en 1971.

 

Place Ville Marie - Photo Courtoisie Archives Place Ville Marie

 

L’architecture demeure le coeur du projet Habitat 67, développé par l’étudiant Moshe Safdie, de l’Université McGill. Sa thèse remarquée portait sur l’architecture urbaine à haute densité. Pour l’Expo 67, Safdie réalise un immeuble de 158 appartements à partir de 354 modules en béton préfabriqué. Il a été classé monument historique en 2009. Ses autres projets Habitat ne verront jamais le jour.

 

Les entrepreneurs bénéficient de l’ouverture du gouvernement du Québec qui s’engage dans une modernisation du réseau scolaire. Le réseau de la santé se métamorphose aussi.

 

Le Centre Rockland est le premier à ouvrir ses portes à Montréal en 1959. Les promoteurs s’inspirent du modèle américain. La Place Laurier à Sainte-Foy en 1961, le Fairview Pointe-Claire en 1965, les Galeries d’Anjou en 1968 et le Carrefour Laval en 1974 confirment l’engouement dans les années qui suivent.

 

Avec l’Expo 67 qui approche, on construit le Holiday Inn en 1965, le Marriott Château Champlain et le Hilton Bonaventure en 1967. Le Loews Le Concorde à Québec, le Radisson Gouverneurs Montréal et le Centre Sheraton de Montréal, entre autres, marquent la tendance des grands hôtels.

 

1970 - Les Jeux

Une bonne part des années 1970 est consacrée aux Jeux olympiques. Six ans s’écoulent entre la sélection olympique et la cérémonie d’ouverture en 76. Le temps presse.

 

Le Stade olympique, érigé au coût de 1,5 milliard de dollars, est construit en 1 100 jours. L’architecte français Roger Tallibert s’inspire d’un coquillage ouvert et les entrepreneurs ont imaginé plusieurs innovations d’envergure pour répondre aux défis architecturaux. Il est le plus grand stade au Canada et le 119e au monde.

 

Le vélodrome avec son toit de dentelle de béton représente un casque de vélo géant. À elle seule, la coque du vélodrome d’une portée de 172 mètres, sans support intermédiaire, constituait une prouesse technologique. Il deviendra le Biodôme en 1992, transformé au coût de 50 millions de dollars.

 

En 1972 s’amorce la construction du Complexe Desjardins qui transformera un quartier à l’abandon malgré la présence de la Place des Arts. Réalisé au coût de 210 millions de dollars, le complexe comporte quatre tours octogonales.

 

À Québec, le Grand Théâtre est une réalisation de l’architecte Victor Prus. Bâti au coût de 14 millions de dollars, il ouvre ses portes en 1971. Le centre Rockland et le Palais des congrès de Montréal font partie des réalisations de Prus.

 

1980 - Les tours s’élèvent

Entre 1981 et 1988, la métropole verra l’ajout de 12 millions de pieds carrés d’espaces de bureaux. Le 1000 De La Gauchetière marque cette vague de construction. Avec ses accents cuivrés et son sommet triangulaire, l’immeuble de 51 étages est un incontournable. Il a été conçu par les firmes Lemay & Associés et Dimakopoulos & Associés. La technique de construction appelée « système de coffrage grimpant », utilisée pour la première fois au Québec, est signée Pomerleau. C’est la plus haute tour à Montréal.

 

La tour IBM Marathon  - Photo de  Archives Lucien Lisabelle

 

La compétition est engagée alors qu’on érige aussi la tour IBM Marathon, boulevard René-Lévesque Ouest. Les deux tours de bureaux se disputent la palme du plus haut gratte-ciel et les clients intéressés à louer les locaux. La firme d'architectes Kohn Pedersen Fox Associates remporte les grands honneurs de l’Ordre des architectes du Québec pour son intégration harmonieuse dans le paysage.

 

Portant la signature de Menkès, Shooner, Dagenais, LeTourneux, Architectes, la Tour KPMG voit le jour dans la seconde moitié de la décennie. Également connue comme la Place de la Cathédrale ou la Maison des coopérants, cette tour adjacente à la cathédrale Christ Church a été conçue dans un esprit de mise en valeur mutuelle d’architecture moderne et traditionnelle.

 

Parmi les grands immeubles de bureaux à s’élever dans les années figurent notamment la tour BNP, les tours Bell Canada et celle de la Banque Nationale, la tour Bell Médias – inaugurée en 1988 sous le nom de Place Montréal Trust – et celle de l’Industrielle Alliance se distingue par son revêtement de granit et a été inaugurée en 1986.

 

Le chantier des Promenades de la Cathédrale - Photo de Archives Constructo

 

La construction du Centre Canadien d’Architecture, au coût de 40 millions de dollars, marque aussi la décennie. Il porte l’empreinte de Peter Rose, en collaboration avec les architectes Phyllis Lambert, Erol Argun, et Denis Saint-Louis.

 

Fait marquant à Québec, le Centre des congrès aura nécessité un investissement de 110 millions de dollars. Les musées sont également en vogue avec des mises en chantier de l’ordre d’un demi-milliard de dollars, dont les Musées de la civilisation de Québec et le Musée canadien des civilisations, à Hull.

 

1990 - Le CH marque

Le Canadien de Montréal érige le Centre Molson en 1996, au coût de quelque 230 millions de dollars. Il porte la signature de Lemay et associés et de LeMoyne, Lapointe, Magne, Architectes.

 

Le siège social de l’Organisation de l’aviation civile internationale voit le jour au milieu de la décennie, rue University. Fruit d’un investissement des promoteurs Westcliff et Canapen, il est conçu par Ken London architecte en collaboration avec Provencher, Roy & Associés.

 

Le nouvel édifice des HEC prend aussi forme au milieu des années 1990, alors que le Casino de Montréal s’installe dans l'ancien pavillon de la France et du Québec de l’Expo 67 et que le développement de Tremblant bat au rythme d’investissements massifs.

 

En 1991, les consommateurs voient le premier Power center arriver au Québec : le Marché Central, à Montréal. En 2006, l’arrivée du centre Dix30 marque l’évolution vers un concept combinant les habitations et les commerces appelé Lifestyle centre, à Brossard.

 

2000 - Les grues s’élèvent

Le Centre CDP Capital, l’édifice de la Caisse de dépôt du Québec, voit le jour au coût de plus de 400 millions de dollars. Maintes fois primée, cette réalisation est signée Gauthier, Daoust, Lestage / Faucher, Aubertin, Brodeur, Gauthier / Lemay & Associés.

 

S’élève aussi la Cité du commerce électronique, un complexe de deux tours de bureaux situés au centre-ville de Montréal. L'architecture du complexe est l’oeuvre de Béïque, Legault, Thuot.

 

De nouveaux édifices de bureaux se dressent aussi plus récemment à Montréal, comme l’Altoria et la Tour Deloitte, et à Québec, notamment le siège social de La Capitale et l’édifice logeant TPSGC.