Les femmes ont leur place dans l'industrie

25 octobre 2012
Par Marie Gagnon

Les femmes ont leur place au sein de l’industrie de la construction, qu’on se le dise. Et ce n’est pas seulement une question de droit, de justice et d’équité. C’en est également une de nécessité, alors que l’industrie a besoin de 12 000 à 15 000 nouveaux travailleurs par année pour maintenir sa croissance.

 

Afin de faire face à cette réalité et d’assurer aux employeurs une main-d’œuvre compétente, la Commission de la construction du Québec (CCQ) a annoncé, la semaine dernière, la relance du Programme d’accès à l’égalité des femmes dans l’industrie de la construction (PAEF).

 

À cet effet, les organisations syndicales, les associations patronales, certains organismes ministériels – ministère de l’Éducation et Emploi Québec –, de même que des groupes communautaires soutenant l’accès aux métiers non traditionnels et l’intégration des femmes en milieu de travail, comme le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), Femmes regroupées en options dites non traditionnelles (FRONT) et Action travail des femmes (ATF), seront invités à participer à une vaste consultation.

 

« Cette démarche devrait vraisemblablement s’amorcer en janvier prochain, indique Diane Lemieux, la présidente et directrice générale de la CCQ. On espère arriver à une autre version du programme d’accès à l’égalité des femmes avant la fin du printemps. »

 

Bilan du premier PAEF

À cet effet, le bilan 1997-2012 du premier PAEF a été transmis aux partenaires. En 1997, l’industrie s’était engagée à porter à 2 % la proportion de main-d’œuvre féminine sur les chantiers de construction. Avec la mise en œuvre du PAEF, on a vu la proportion de travailleuses quadrupler, mais le nombre important de départs est venu freiner cette croissance.

 

« On constate que les mesures mises de l’avant avec le premier programme n’ont pas toutes tenu leurs promesses, rapporte Diane Lemieux. L’objectif de 2 000 femmes pour les années 2000 s’est réalisé en 2011 seulement. Encore aujourd’hui, les femmes ne représentent que 1,3 % de la main-d’œuvre totale. »

 

Entrer dans l'industrie… mais y rester aussi

Elle précise que des 18 mesures adoptées alors, certaines ont mieux fonctionné que d’autres. Notamment les mesures mises en place pour susciter l’intérêt des femmes envers les métiers de la construction et les inciter à s’inscrire dans les écoles de métiers. Force est de constater toutefois que le maintien des femmes en emploi demeure problématique : après cinq ans, les femmes restent deux fois moins longtemps que les hommes dans l’industrie.

 

Les raisons évoquées pour expliquer leur départ ? La plupart se disent victimes d’intimidation, de discrimination et de harcèlement sur les chantiers du Québec. « Même si on observe une évolution dans les mentalités du côté des plus jeunes, il reste que les préjugés sont tenaces, note-t-elle. Encore aujourd’hui, la construction demeure le seul secteur industriel aussi peu diversifié dans sa main-d’œuvre. Il faut que ça change. »

 

Un travail d'équipe

Selon Diane Lemieux, si le premier PAEF n’a pas porté ses fruits, c’est qu’il a été perçu par les intervenants comme un programme venant de la CCQ. Cette fois, la donne sera différente. La CCQ ne jouera qu’un rôle de coordination, tandis que les partenaires auront à identifier les mesures qu’ils jugent les plus profitables.

 

Parmi celles-ci, des incitatifs financiers pour l’embauche et le maintien en emploi des femmes sur les chantiers seraient une bonne option. « Mais cela reste à discuter, mentionne Mme Lemieux. On va aussi regarder ce qui se fait ailleurs et essayer de s’en inspirer. Notamment du côté de l’Alberta qui, avec 6 % de femmes dans l’industrie de la construction, fait bien meilleure figure que nous. »

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 23 octobre 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !