La formation, c’est aussi pour les meilleurs

13 janvier 2010
Par Michel Fournier

Dans une équipe de travail ça prend un leader. Et pour un entrepreneur, le meilleur leader qui soit c’est son gars d’expérience : un compagnon expérimenté qui connait la job ; un travailleur à son affaire qu’on n’a pas besoin de pousser dans le dos ; un gars de métier qui en a vu d’autres et qui peut toujours se débrouiller peu importe la difficulté rencontrée ; c’est aussi quelqu’un qui est reconnu comme un spécialiste par ses collègues. C’est enfin celui qu’un compétiteur peut venir chercher, laissant sur le carreau un entrepreneur qui, jusque-là, misait beaucoup sur son meilleur.

 

Quand on a une petite entreprise et un ou deux compagnons entourés d’apprentis ne comptant que quelques centaines d’heures de métier dans le corps, l’impact de ces spécialistes est capital ! Dans une industrie où le poids de la relève se fait sentir tous les jours, on a tendance à penser à la formation pour les plus jeunes et rarement pour les plus expérimentés, parce qu’ils savent, parce qu’ils sont bons ou tout simplement parce qu’on ne peut se passer d’eux.

 

Vous êtes-vous déjà demandé si votre meilleur est vraiment bon ? Peut-être est-il moins bon qu’il ne l’a déjà été… Parce que vous avez fait l’acquisition de nouvelles technologies dotées de fonctions informatiques et vous avez remarqué que votre meilleur avait plus de difficulté à s’adapter que les plus jeunes ;  parce que vous avez décidé d’opter pour de nouveaux matériaux plus performants et coûteux qui demandent à être utilisés d’une façon bien spécifique et, contrairement à son habitude, vous avez dû reprendre des travaux exécutés par votre sénior ; ou parce que vous avez remarqué que votre spécialiste, qui a appris sur le tas tout ce qu’il sait, s’isole et qu’un fossé se creuse peu à peu entre lui et les plus  jeunes formés à l’école…

 

Faut le reconnaître, les employeurs qui ont du temps et de l’argent pour la formation ne pensent rarement à en faire bénéficier les compagnons. D’ailleurs les compagnons eux-mêmes manifestent peu d’intérêt vis-à-vis du perfectionnement. Les statistiques sont éloquentes à ce propos. Rappelons qu’en 2007-2008, on a enregistré 20 104 participations à des activités de perfectionnement, représentant une hausse de plus de 17 %. Durant la même période, le nombre de travailleurs s’étant perfectionnés sur une base volontaire plutôt qu’obligatoire (article 7) a aussi augmenté de 17 %.

 

Dans le rapport de la direction de la formation de la CCQ du 26 août dernier, on peut lire : « l’augmentation (de la participation)  est de 49 % chez les titulaires de certificats de compétence-compagnon et de 30 % chez les titulaires de certificat de compétence-occupation. Malgré cette amélioration du côté des compagnons, on reste encore bien loin de leur représentativité : les compagnons comptant pour 48 % de la main-d’œuvre alors qu’ils participent à raison de 26 % aux activités de perfectionnement… ». 

 

Par ailleurs le groupe d’âge se formant le plus est celui des 25-34 dans une proportion de 34,2 %. Alors que la participation des 45-54 ans est de 21,4 %, et que celle des 55-64 chute dramatiquement à 6,3 %...

 

Avant de conclure à une tendance à la hausse ou non, on doit regarder sur quoi se fonde l’augmentation de la participation des compagnons. En fait, ce sont les cours de Chariot, nacelle et plateforme élévatrice ainsi que les cours d’actualisation sur le Code d’électricité ayant un caractère quasi obligatoire qui ont amené une plus forte proportion de compagnons à se perfectionner. On doit donc parler d’une conjoncture plutôt que d’une tendance.

 

Par contre, ce qui est intéressant, c’est que la formation en entreprise se distingue comme étant un excellent moyen de rejoindre les compagnons. Dans les secteurs ICI - génie civil, sur les 1 937 titulaires de certificat ayant participé au perfectionnement en entreprise, 423 étaient apprentis, 925 étaient compagnons et 589 étaient occupations.

 

À l’occasion de nos rencontres avec des entrepreneurs qui font du perfectionnement, il est très fréquent que ceux-ci témoignent des bénéfices collatéraux de la formation : esprit d’équipe renforcé, travailleurs valorisés, dépassement des objectifs initiaux grâce à l’apport des participants, principalement des compagnons.

 

Quant aux compagnons interrogés lors des formations en entreprise, ceux-ci reconnaissent souvent être venus à reculons à la formation, obligés par leur employeur. C’est souvent candidement, qu’ils justifient leur désintérêt pour la formation prétextant que le métier n’a plus de secret pour eux… Une fois la formation suivie, c’est tout sourire qu’ils avouent avoir appris quelque chose et reconnaissent que c’est très valorisant et stimulant que de se mettre à jour… Même pour les compagnons, la formation est un bon moyen de fidélisation à son employeur.

 

Ne vous fiez donc pas aux apparences ou aux vieux réflexes. Demandez-vous si vos meilleurs sont vraiment les meilleurs ou s’ils pourraient l’être davantage ? Si après avoir lu cette chronique vous avez des doutes, n’hésitez pas à contacter un agent de promotion du FFIC ou un conseiller du service de formation en entreprise de la CCQ. Avec leur collaboration, vous pourrez monter une formation en entreprise adaptée à votre équipe de travail et ainsi la fortifier. Le seul risque que vous prenez, grâce au soutien du FFIC, c’est d’augmenter votre productivité !

 

Pour obtenir d’autre information, vous pouvez joindre Michel Fournier au FFIC au 1 877 325-1117.

 

Fonds de formation de l'industrie de la construction