Un guide pour intégrer les femmes sur les chantiers

Susciter l’intérêt des femmes envers les métiers de la construction, c’est une chose. Les maintenir en emploi, c’en est une autre. Dans le contexte actuel, où les besoins de main-d’œuvre de l’industrie oscillent autour de 12 000 à 15 000 nouveaux diplômés par année pour maintenir sa croissance, la question de l’intégration des femmes sur les chantiers est plus d’actualité que jamais.

Femmes en construction : Mode d’emploi

C’est d’ailleurs dans cet esprit que le Centre d’intégration au marché de l’emploi (CIME) de l’Estrie, en partenariat avec la Commission de la construction du Québec (CCQ) a récemment publié le guide L’intégration des femmes dans les métiers de la construction : une responsabilité partagée. Ce guide en quatre fascicules identifie les conditions gagnantes pour augmenter durablement le nombre de femmes au sein de l’industrie.

« Ce guide est le résultat d’un projet-pilote mené d’août 2009 à mars 2012, explique d’entrée de jeu Christiane Carle, directrice générale du CIME. Pendant trois ans, on a mené des consultations, organisé des groupes de discussion, pas seulement auprès des femmes, mais aussi des entrepreneurs, des enseignants des métiers de la construction et des associations patronales et syndicales, afin de déterminer les écueils qui nuisent à l’intégration des femmes sur les chantiers et à leur maintien en emploi. »

Une portion dédiée aux entrepreneurs

De fil en aiguille, cette enquête a conduit à l’élaboration d’un guide en quatre fascicules. Le deuxième, qui s’intitule Faire partie de la solution, s’adresse expressément aux entrepreneurs. Il leur propose notamment des solutions pratico-pratiques pour accueillir les femmes sur leurs chantiers et, surtout, les y retenir. Ce fascicule se veut un véritable mode d’emploi : il donne des trucs pour intégrer les travailleuses et réguler les comportements sexistes.

« Il contient en plus un tableau qui présente et déconstruit les huit préjugés les plus tenaces à l’égard des travailleuses, comme l’épineuse question des toilettes, précise Christiane Carle. Qu’on soit un homme ou une femme, des installations sanitaires sur un chantier, ce n’est pas un luxe ni un caprice. C’est juste une question de respect de l’intégrité physique des travailleurs. Bref, on y déboulonne plusieurs mythes. »

Changement de culture nécessaire

Les trois autres cahiers intéressent tour à tour les entrepreneurs, les associations syndicales et les travailleuses. Le premier de la série précise notamment le contexte, les enjeux et la nécessité d’amorcer un changement de culture au sein de l’industrie en vue de lui assurer une relève compétente et suffisante.

Le troisième invite les représentants syndicaux à se doter d’un plan d’action ou d’une politique favorisant la mixité sur les chantiers. Le dernier fascicule, rédigé à l’intention des travailleuses, suggère divers outils et ressources pour faciliter leur embauche et leur intégration en emploi.

Quinze après le premier PAÉF

Comme le rappelle Audrey Murray, vice-présidente Service à la clientèle et développement à la CCQ, ce projet s’inscrit directement dans le mandat de l’organisation, qui est d’augmenter de façon durable la représentativité des femmes au sein de l’industrie. « Quinze ans après l’adoption de notre premier programme d’accès à l’égalité, force nous est de constater que les mesures mises de l’avant n’ont pas porté fruits », admet-elle.

Elle ajoute qu’encore aujourd’hui 60 % des femmes quittent l’industrie après cinq ans. Soit deux fois plus que les hommes. Et les raisons rapportées sont toujours les mêmes : des motifs relationnels et des difficultés d’intégration. Le guide élaboré par le CIME permet donc d’agir concrètement pour soutenir les travailleuses, mais aussi les employeurs et les associations syndicales. Il peut être consulté en ligne, dans le site du CIME.

Cet article est paru dans l’édition du vendredi 15 mars 2013 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !