Industrie québécoise de la construction : du boulot oui, mais pas de pénurie

7 février 2014
Par Dominique Lemoine

Les perspectives d'emploi dans l'industrie de la construction québécoise sont à court terme au minimum « plutôt bonnes », voire « bonnes » ou « excellentes » pour la plupart des métiers et bassins de main-d'œuvre, selon la Commission de la construction du Québec (CCQ).

 

Le défi : faire connaître des métiers en demande mais méconnus, dont les formations sont plus ou moins courues. Cela ne veut pas dire qu'il y a pénurie dans les bassins de main-d'œuvre, selon Patricia Carvajal, économiste à la CCQ. Elle précise que les employeurs sont de moins en moins aux prises avec une pénurie de personnel qualifié et que le recrutement des finissants fonctionne bien.

 

Elle explique que des milliers d'apprentis ont été engagés vers 1998 et sont devenus compagnons. Une évaluation régulière des besoins avec le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et les écoles professionnelles permettrait aussi d'ajuster les capacités de formation. Ainsi, l'industrie réussirait à combler ses besoins, malgré la croissance de l'activité, le roulement et les retraites.

 

Plusieurs métiers en demande

Les métiers les plus demandés, avec perspectives d'emploi « bonnes » ou « excellentes », sont ceux de calorifugeur, mécanicien de chantier, monteur d'acier de structure et soudeur, dit Patricia Carvajal. Besoins issus d'un milieu industriel ayant connu une relance importante en 2010-2011.

 

En effet, la relance des travaux industriels et la vigueur des travaux de génie civil et de voirie ont permis en 2010 une croissance de 15 % ou plus du volume de travail pour les boutefeux/foreurs, mécaniciens de chantier, ferrailleurs, grutiers, chaudronniers et soudeurs, confirme un bilan de la CCQ.

 

D'autres métiers sont touchés, selon Patricia Carvajal, par une demande liée au secteur commercial et institutionnel : carreleur, cimentier, couvreur, électricien, installateur de systèmes de sécurité, ferblantier, vitrier, frigoriste, cimentier-applicateur, mécanicien d'ascenseur, tuyauteur, mécanicien protection incendie, monteur-mécanicien, serrurier, monteur de ligne et scaphandrier.

 

Des métiers méconnus en demande

L'industrie a aussi besoin de poseurs de systèmes intérieurs, d'installateurs de revêtements souples, de plâtriers, de préparateurs-finisseurs de béton et de briqueteurs, selon Mario Rochon, directeur adjoint à l’École des métiers de la construction de Montréal (EMCM).

 

Elle a aussi besoin de métiers méconnus, comme calorifugeur, selon M. Rochon. La méconnaissance explique la différence de popularité entre certaines formations et celles en électricité, plomberie ou charpenterie-menuiserie. « Les gens viennent pour ce qu'ils connaissent et pour construire des maisons », dit-il.

 

Selon la CCQ, on trouve aussi parmi les formations moins populaires : pose de revêtement de toiture, carrelage, ferblanterie, préparation et finition de béton et installation de systèmes de sécurité. Parmi les plus populaires, on dénombre : conduite d'engins de chantier, conduite de grues, montage de lignes électriques, arpentage et topographie, frigoriste et mécanique d'ascenseur.

 

Les écoles de métiers réagissent de concert avec l'industrie

Les écoles de métiers doivent faire preuve de souplesse et de polyvalence face aux besoins de l’industrie. Une première en 10 ans, deux groupes ont reçu en 2012 la formation calorifugeage à l'EMCM. « Pas besoin de dire que le placement est de 100 % », lance Mario Rochon. L'école ajuste le nombre de groupes pour chaque formation selon les besoins. Les demandes passent par le Fonds de formation de l'industrie de la construction et les représentants de l'industrie sur le comité de gestion de l'école.

 

À l'opposé, s’il y a trop de candidats dans des formations populaires (la charpenterie-menuiserie, par exemple), l'école impose des tests de sélection. Les candidats qui échouent sont conseillés et orientés vers la formation de métiers « presque pareils » en demande, dont poseur de systèmes intérieurs. Si les besoins sont moins grands, la CCQ se dit aussi prête à proposer une diminution du nombre de finissants.

 

Autre exemple : l'arrêt temporaire et le contingentement de la formation d'électricien à l'EMCM, en raison du manque relatif d'opportunités pour les apprentis actuels. « Ça ne veut pas dire qu'ils ne se placent pas, mais qu'il y a beaucoup de monde sur les chantiers et que plusieurs ne travaillent pas. Mais ça dépend de chacun, si tu te présentes et tu fais ce qu'on te demande, tu vas travailler. »

 

Choisir un métier moins populaire

Au-delà des efforts des écoles, certains étudiants voient des avantages à sortir des sentiers battus au moment du choix de carrière. Pour Stéphanie Leduc, ex-étudiante et professeure en installation de revêtements souples, et ses élèves, une des raisons de choisir ce métier méconnu était ses perspectives d'avenir.  « Des planchers il en faut partout, maisons, garderies, etc. De nouveaux hôpitaux s'en viennent et d'autres ont mauvaise mine. On fait aussi des revêtements d'installations sportives. »

 

Ses aspects préférés du métier sont la polyvalence et la variété des matériaux, en plus de la mobilité des lieux de travail, même s'il est possible de travailler un ou deux mois sur un grand chantier. « C'est un métier artistique de finition. Il faut aimer l'art, avoir de la dextérité et de bons yeux ».

 

Collaboration entre les écoles et l’industrie et curiosité des personnes à la recherche d’un métier semblent faire une bonne combinaison pour assurer aux employeurs une relève dans les métiers en demande dans l’industrie de la construction.

 

Des liens pour aller plus loin…

Afin de compléter l'information présentée dans cet article portant sur la relève, gestionnaires et entrepreneurs de l'industrie de la construction pourront consulter les liens suivants :

 

Inforoute FPT

Ressource liée à la formation professionnelle et technique au Québec. Le site contient des descriptions des objectifs, conditions d'admission, préalables fonctionnels et perspectives d'emploi pour chaque programme.

 

Commission de la construction du Québec (CCQ)

Descriptions des tâches, programmes de formation, habiletés et intérêts requis pour 26 métiers et 6 occupations spécialisées. Avec des statistiques sur les perspectives d'emploi, le nombre de travailleurs et d'apprentis exerçant le métier ou l'occupation, les salaires, l'âge moyen et le nombre d'employeurs qui engagent.

 

Tout pour réussir.com

Trouver un métier par catégorie et par région. Top 50 des programmes d'études professionnelles et techniques 2011-2012 sur la base des perspectives d'emploi dans la profession pour les cinq prochaines années. Aussi sur la base du besoin de hausser les inscriptions pour combler les postes qui sont ou seront disponibles sur le marché.

 

Conseil sectoriel de la construction

Contient de l'information et des statistiques sur le marché du travail en construction et des rapports de prévisions sur la construction. En plus du site associé Carrières en construction qui décrit les différentes carrières en construction et les moyens d'y accéder. Il propose des formations, dont un programme de mentorat.

 

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