25 mars 2013
Par François G. Cellier

Région éloignée où le climat est inhospitalier la plupart du temps, le Nord québécois et canadien s’adresse à ceux qui ont les reins solides. Les secteurs hydroélectriques et miniers y sont florissants, ainsi que les projets de type infrastructures civiles, industriel et commercial. Si l’exploitation des ressources naturelles demeure fluctuante, ce territoire offre néanmoins un énorme potentiel d’affaires à court et moyen terme.

 

« Plus on se trouve au Nord, plus les accès aux ressources vitales sont limités », lance néanmoins Richard Bergeron, avocat en droit de la construction chez Cain Lamarre Casgrain Wells. À titre d’exemple, dans la Baie d’Ungava (Grand Nord québécois), les projets prennent du temps à se mettre en marche, car cette région n’est pas accessible par route et présente des obstacles en matière d’approvisionnement énergétique. L’État doit être mis à contribution pour aider les entrepreneurs.

 

En matière de contrats, leur valeur est moins morcelée, à plus forte raison dans les domaines du génie civil et industriel. Ils peuvent avoisiner des montants allant entre 5 et 20 millions $, parfois plus. Sur le plan financier, les entreprises qui s’aventurent au Nord doivent être solides, car le prix des soumissions est souvent dépassé en cours d’exécution de mandat, en raison de projets réalisés en mode fast track bien souvent. En pareille situation, un entrepreneur devra assumer les sommes supplémentaires engagées, et attendre parfois un certain temps avant d’être remboursé.

Gestion efficace des projets : un atout

L’une des clés dans le Nord consiste à gérer efficacement un projet, dont la réussite est tributaire de décisions judicieuses prises par ses gestionnaires. Le contrôle des dépenses est également primordial. À cet effet, les grandes entreprises sont habituellement bien structurées et informatisées, si bien qu’elles gèrent adéquatement leurs coûts d’exploitation. « Il en va autrement pour les plus petites, qui ne sont pas toujours en mesure de le faire en temps réel », d’expliquer Richard Bergeron. Dans ces régions très éloignées, les déploiements majeurs en ressources financières et humaines ne laissent que peu de place à l’erreur.

Le partenariat peut être une option intéressante pour éviter d’avaler une trop grosse bouchée, ce qui permettra un partage des risques associés à un projet, voire l’acquisition d’une expertise dans un domaine particulier, si le partenaire d’affaires est expérimenté dans le secteur investi. Cependant, ces coentreprises entraînent parfois des litiges.

 

Faire affaires avec les communautés locales

Il faut par ailleurs savoir qu’il existe d’énormes disparités entre les peuples autochtones, tant sur le plan culturel que sur celui des affaires. Au Nunavut, par exemple, tout entrepreneur devra créer des alliances avec des entités locales, afin d’avoir accès aux contrats gouvernementaux. Le modus operandi est pratiquement le même au Nunavik, où règne une instance décisionnelle régionale.

 

Quant aux Cris de la Baie-James, ils représentent fort probablement l’une des communautés autochtones les plus aguerries sur le plan des affaires. Unilingues anglophones, ils jouissent d’une vaste expertise dans divers domaines et disposent d’importants moyens financiers.

 

À l’inverse, les Innus de la Côte-Nord « fonctionnent encore majoritairement selon un mode traditionnel, et ont moins de main-d’œuvre qualifiée », soutient Me Bergeron.

En somme, s’aventurer dans ce territoire, plus particulièrement dans le Grand Nord, requiert beaucoup d’expertise et exige de cultiver des contacts privilégiés avec les communautés locales.

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 22 mars 2013 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !