Piscine intérieure – Repentigny réinvente la gestion de la qualité de l'eau

15 octobre 2012
Par Christian Chaloux

Le 11 octobre 2012, dans le cadre de la 24e édition des Trophées Innovation et Développement durable Contech, la Ville de Repentigny était élue lauréate dans la catégorie Bâtiment ICI (institutionnel, commercial, industriel) – Pratiques novatrices, pour son procédé d’injection d’air à sa piscine municipale. C'est que ce système contribue à réduire de façon significative les chloroformes et les chloramines dans l’eau et dans l’air, provoquant par le fait même une diminution appréciable de l’odeur de chlore ambiante à la piscine municipale.

 

En détail

Techniquement, la méthode consiste à installer un système d’injection d’air qui favorise l’expulsion des chloramines de l’eau vers l’air à l’aide d’un surpresseur d’air. Une fois que l’eau est expulsée dans l’air ambiant, soit les fortes odeurs remplies de chloramine, un système d’évacuation de l’air l’expulse à l’extérieur du bâtiment.

 

Auparavant, quand la piscine était remplie à forte capacité, les mouvements expulsaient dans l’air ambiant autour des utilisateurs les chloramines. Aujourd’hui, grâce au système, ce procédé est activé quatre fois par jour pour purifier l’eau située dans le bassin d’équilibre et par le fait même, la piscine.

 

Investissement mineur

La Ville de Repentigny a investi 12 000 $ pour installer ce système. En plus d’améliorer la santé des utilisateurs et des travailleurs, le coût d’exploitation en chauffage a diminué de 25 000 $.

 

« En hiver, le coût de chauffage était plus élevé puisque nous devions chauffer cet apport d’air supplémentaire pour compenser les inconvénients reliés à la présence de ces chloramines », indique Sylvie Desgagné, chef de la division aquatique à la Ville de Repentigny.

 

De plus, l’odeur de chlore et la présence de chloramine représentaient un obstacle de taille pour certaines clientèles qui souhaitaient fréquenter la piscine intérieure.

 

« On ne recense plus de plaintes reliées à l’inconfort aux yeux, aux voies respiratoires, au nez et à la peau. Aussi, les personnes vulnérables comme les aînés, les jeunes enfants et les femmes enceintes sont plus confortables à la piscine municipale », observe Mme Desgagné.

 

C’est en 2011 que l’idée a germé dans la tête du technicien en bâtiment Yvon Breault, qui a requis l’aide de la chef de division à Repentigny, Sylvie Desgagné, et de l’ingénieur Alain Galarneau, entre autres.

 

Analyse à l’appui

Ce procédé d’injection d’air dans le bassin d’équilibre a permis d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau de la piscine. Une analyse comparative a été réalisée concernant les données en chlore combiné pour les mois de janvier et février de 2010-2011, soit avant et après la réalisation des travaux.

 

Les résultats sont concluants. « On a observé un maximum de 0,3 mg/litre de chlore combiné, alors qu’il était impossible auparavant d’atteindre un taux de moins de 0,9 mg/litre. La Ville de Repentigny surpasse les normes du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (fixées à 0,5 mg/litre) », indique Mme Desgagné.

 

« C’est une norme difficile à atteindre dans les piscines au Québec. Plus la piscine est achalandée, plus on augmente le taux de chlore dans l’eau et forcément, dans l’air », précise Sylvie Desgagné, chef de division à la Ville de Repentigny.

 

La science est au rendez-vous

Ce projet a été rendu possible grâce à l’implication de plusieurs spécialistes dans le domaine. En février 2010, des représentants de Repentigny ont rencontré Benoit Barbeau, professeur agrégé au département de génie civil de l’École Polytechnique de Montréal, spécialisé en traitement des eaux notamment la chloration. Deux conseillères de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail ont aussi été consultées pour leur expertise afin de rendre le bassin d’équilibre conforme aux espaces clos.

 

La Ville a de plus documenté ses recherches en consultant l’étude de Benoit Lévesque, professeur au département de médecine préventive de la faculté de médecine de l’Université Laval, sur les effets des chloramines sur la santé des baigneurs et travailleurs, réalisée en 2006. D’autres études sur les effets des sous-produits de la chloration se poursuivent avec la chaire de l’Université de Montréal, IRSST et Repentigny.

 

Demain, le monde

Ce projet peut facilement être implanté partout au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde. La Ville a reçu la visite de Pascal Lebihain, professeur titulaire de la faculté des sciences du sport de l’Université Poitiers, en France. Il s’est montré intéressé par le procédé et a visité la piscine intérieure de Repentigny.

 

Des représentants de municipalités québécoises ont montré un intérêt similaire et ont, eux aussi, constaté l’ingéniosité du procédé d’injection d’air de la piscine. La facilité d’implantation du procédé et son faible coût en font un projet d’intérêt pour les municipalités de toutes tailles.

 

Des récompenses méritées

C’est la troisième fois que la Ville de Repentigny reçoit un prix pour cette innovation. Elle a remporté, en 2011, la palme régionale dans le cadre des Grands prix santé et sécurité du travail, décernés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et a remporté, en 2012, le premier prix lors des assises de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).