29 mars 2019
Par Jean Garon

L’Administration portuaire de Québec (APQ) brassera de grosses affaires cette année dans le développement de nouvelles infrastructures portuaires et maritimes. Son président- directeur général, Mario Girard, parle « d’investissements records et de calendrier costaud » qui auront d’importantes retombées économiques sur les plans industriel, commercial et récréotouristique. Et 2019 n’est que la pointe de l’iceberg. 

«On travaille fort depuis quelques années à structurer notre plan pour les immobilisations et les infrastructures, précise M. Girard. On a des quais assez vieux, construits dans les années 1960, qui requièrent des travaux de restauration et de rénovation. Nos investissements vont permettre de supporter nos projets d’importation et d’exportation. » Les travaux de cette première phase de mise à niveau des infrastructures portuaires impliqueraient, entre autres, la réparation de plusieurs quais et la restauration du pont-levis.

 

Au bas mot, ce sont environ 200 M$ qui seront engagés dans des travaux d’entretien et d’amélioration des infrastructures dès cette année. L’APQ y injectera près d’une centaine de millions, incluant l’aide financière des gouvernements fédéral et provincial équivalant au tiers du montant. À cela s’ajoutera une autre centaine de millions de dollars en provenance des utilisateurs du secteur privé, dont la Coop fédérée qui investira quelque 90 M$ dans l’aménagement d’un terminal maritime d’exportation de grains dans le secteur du Foulon.

 

Ce secteur retient aussi l’attention de l’APQ, qui aimerait bien réaliser le projet d’aménagement de la Promenade du Foulon, un souhait déjà connu et attendu de la population. Estimés approximativement à une quinzaine de millions, ces travaux s’inscriraient dans la continuité de la très populaire Promenade Samuel-De Champlain, qui s’étend sur un peu plus de quatre kilomètres entre le pont de Québec et le quai des Cageux, près du Vieux-Québec. « On a déjà des partenaires intéressés par le projet, confie Mario Girard. Il nous reste à réunir certains éléments pour attacher le financement avec la collaboration gouvernementale. »

 

Mario Girard. Président-directeur général, Port de Québec. Photo de Administration portuaire de Québec

 

Un second terminal de croisières

Au nombre des nouvelles infrastructures dans lesquelles l’APQ investira en 2019, il y a la construction d’un second terminal de croisières international pouvant accueillir des navires de 4 000 passagers et plus. Ce projet, dont l’évaluation des couts n’est pas définitivement arrêtée, est déjà assuré d’une aide financière de 15 M$ du gouvernement du Québec et de 5 M$ de la Ville de Québec.

 

Le nouveau terminal de croisières sera construit au quai 30 situé derrière les silos à grains de la compagnie Bunge du Canada et donnant sur le Bassin Louise du Port de Québec. Des appels d’offres seront d’ailleurs publiés très bientôt en ce qui concerne les bâtiments et l’aménagement des accès et des passerelles.

 

Mario Girard précise qu’il s’agira d’un appel de propositions auprès de constructeurs pour réaliser ce projet en mode conception-construction (design-built). Il n’y a pas de doute dans son esprit : « On va commencer les travaux aussitôt que la neige sera fondue. Il faut que ça commence cette année pour que ce soit prêt à l’automne 2020, sinon on n’y arrivera pas ».

 

Pour l’APQ, les croisières constituent un autre gros secteur d’activité en plein développement dont il ne faut pas rater le coche. À preuve, le Port de Québec a poursuivi sa croissance et même atteint des sommets en 2018 en accueillant près de 235 000 visiteurs, soit une hausse de 15 % par rapport à la saison 2017. Les chiffres de l’APQ pour l’année 2018 fracassent encore les records avec un total de 156 visites de navires, dont 14 en opération d’embarquement et de débarquement, et huit navires en visite inaugurale, incluant le fameux navire Disney Magic en septembre dernier.

 

Autres investissements majeurs

Le développement d’infrastructures projeté au Bassin Louise pour les prochaines années n’est pas sans rappeler celui survenu dans le Vieux-Port de Montréal, lequel fait encore aujourd’hui l’objet de spéculations. Mario Girard évoque ici l’immense potentiel de projets immobiliers présentement en planification au Bassin Louise. « Ce n’est pas encore chiffré, mais on travaille là-dessus en 2019 afin de définir davantage la vision de ce que pourrait abriter comme bâtiments ce secteur portuaire à la suite des consultations menées auprès de la population. »

 

Il est question, entre autres, d’ouvrir ce secteur à des projets immobiliers d’envergure offrant une combinaison d’hôtels, de locaux pour bureaux et de logements résidentiels. Ici encore, plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de dollars pourraient s’ajouter aux projets déjà planifiés pour faire de cette zone un milieu de vie privilégié pour travailler et se divertir et, ultimement, y habiter. L’accord du gouvernement canadien sera cependant nécessaire pour autoriser la construction d’immeubles résidentiels sur cette propriété fédérale.

 

D’ici là, d’autres projets plus concrets sont prêts à être réalisés de l’autre côté du Bassin Louise, plus précisément du côté de Beauport. Il s’agit en l’occurrence du fameux terminal destiné en totalité au transbordement de conteneurs. L’APQ y travaille depuis près d’une décennie et espère entreprendre sa réalisation autour de 2020. « On parle ici d’un projet estimé au-delà des 600 M$, un projet très vert et très techno qui en ferait le terminal le plus à la fine pointe en Amérique du Nord », s’enorgueillit Mario Girard. Selon lui, il ne manque que les autorisations environnementales.

 

« Ça fait déjà six ou sept ans qu’on travaille sur cet aspect, comme sur ceux du design technique et de la sélection des partenaires pour le développement et les opérations. On est rendu aux touches finales du projet pour le design technique. Les appels d’offres pourraient se faire d’ici la fin de 2019 ou le début de 2020. »

 

Ce projet impliquerait le prolongement de 610 mètres de la ligne de quai pour en faire un terminal de conteneurs en eau profonde (d’au moins 16 mètres), l’aménagement d’un espace de 17 hectares à l’arrière du quai, ainsi que le raccordement aux réseaux ferroviaire et routier existants. Des ajustements ont d’ailleurs été apportés au concept à la suite des dernières consultations. Ceux-ci éliminent la construction d’un brise-lames et la reconfiguration de la plage adjacente dans la baie de Beauport par souci d’acceptation sociale et de conservation du milieu naturel et de l’aire de villégiature.

 

Pour Mario Girard, tous ces investissements visent bien entendu à accroitre la capacité d’accueil du Port de Québec en favorisant le commerce intérieur et les échanges internationaux, mais toujours dans un souci de préserver la qualité de vie des citoyens. Pour y parvenir, il s’inspire d’ailleurs des projets réalisés par les villes portuaires des 55 pays membres de l’Association internationale villes et ports (AIVP) dont Québec fait partie. Selon lui, le transport par bateau des personnes et des marchandises est l’option la plus verte et la plus favorable à la croissance économique, au Québec comme dans le reste du Canada.

 

SE TAILLER UNE PLACE DE CHOIX

L’année 2018 en fut une de reconnaissance alors que le Port a remporté plusieurs prix internationaux de l’industrie des croisières. En plus d’être nommée « meilleure destination croisières - États-Unis et Canada » pour une deuxième année consécutive par le prestigieux Cruise Critic, Québec s’est classée au 3e rang comme « meilleure destination croisières au monde », en addition au prix de « Meilleur Port canadien », attribué par « Porthole Cruise’s ». De tels résultats ont convaincu l’Administration portuaire d’aller rapidement de l’avant avec d’autres projets afin de pouvoir répondre à la croissance future de cette industrie.