Profiter des grands chantiers urbains pour innover

5 février 2015
Par Marie-Noëlle Deblois

L'échangeur Turcot, la réfection de la rue Sainte-Catherine, le Projet Bonaventure… Les grands chantiers se multiplient dans la métropole, souvent au plus grand désarroi de ses citoyens. 

Pourtant cet état transitoire qu'est le chantier peut devenir une occasion d'échanges et de promotion pour un projet.

 

La Maison du développement durable accueillait cette semaine la table ronde Les potentialités insoupçonnées des chantiers de construction urbains, organisée en collaboration avec le Conseil du bâtiment durable du Canada, section Québec (CBDCa-Qc), et l'Association du design urbain du Québec (ADUQ). Elle réunissait Daniel Smith, associé principal de Smith Vigeant Architectes ; Jean-Baptiste Bouillant, co-coordinateur de Bellastock Québec ; Kévin Grégoire, responsable de l’identité visuelle à l'ADUQ ; et Linda-Merlena Bucholtz Ross, artiste-photographe.

 

Espace à faire découvrir

Pour Daniel Smith, les grands chantiers sont un symbole de la santé d'une ville. « On devrait être fier de ce qui se fait à Montréal, a-t-il dit. Nous aurons bientôt de meilleures infrastructures, mieux pensées et adaptées à nos besoins. Mais les gens sont tannés. On devrait leur faire comprendre que ces projets permettront un meilleur bien-être collectif. »

 

Il a du même souffle cité en exemple le chantier du Centre d'escalade Allez-Up, le long du Canal de Lachine. Conçu par sa firme, le projet incluait l'aménagement des anciens silos de la sucrerie Redpath. Fascinés par ces vestiges, de nombreux visiteurs ont assisté aux visites guidées organisées pendant la construction. Et ils ont ainsi eu la chance de comprendre et de s'approprier le projet.

 

Dialogue et créativité

Lors de la mise en place de grands chantiers, la communication avec les citoyens est essentielle. L’explication du chantier, son histoire, ses différentes phases, les gens et les motifs derrière les travaux et les qualités du projet permettent de faire comprendre et de justifier les perturbations à venir. Ainsi, le chantier devient le reflet du projet duquel il provient.

 

Lors du réaménagement de la Place du Canada l’été dernier, au centre-ville, un responsable était mandaté durant  les heures de diner pour présenter les futurs aménagements et répondre aux questions des passants. L'intégration de technologies peut aussi favoriser la communication. C'est le cas du chantier de l'amphithéâtre de Québec, par exemple, alors que des caméras permettent de suivre en direct l’avancement des travaux.

 

D'un point de vue visuel, les chantiers peuvent être des occasions d'innovation et de création, en lien avec le projet ou non. « Si l'on ne peut éliminer les nuisances d'un grand chantier, mieux vaut jouer avec ces contraintes », a souligné Daniel Smith. Lieux d'exposition, réinterprétation artistique du projet en cours, œuvres ou événements éphémères, prototype de mobiliers urbains : les possibilités sont nombreuses.

 

La Ville de Montréal a annoncé son intention de lancer, au printemps 2015, un concours de design de chantier en vue des travaux de réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest (début en 2016). Cette initiative de design des chantiers est, selon les participants à la table ronde, bien plus qu'une question d'esthétique. Il s'agit de réduire les impacts sociaux d'un chantier, réduction de l'activité, fermetures des commerces, pertes de revenus municipaux, et d'assurer la pérennité d'un projet.