Le programme Construire en santé: un esprit sain dans un corps sain

16 octobre 2018
Par Marie Gagnon

Depuis 2000, le programme Construire en santé aide les travailleurs de l’industrie de la construction à préserver leur santé physique et mentale.

La santé ne se résume pas à une absence de maladie ou d’infirmité; c’est avant tout un état global de bienêtre physique, mental et social. Mais cet équilibre peut facilement se rompre et entrainer l’individu dans une spirale destructrice, dont les conséquences au chantier peuvent se révéler désastreuses.

 

Les problèmes de santé en milieu de travail coutent en effet très cher, non seulement sur le plan social et humain, mais aussi d’un point de vue économique. Les dépendances, les maladies chroniques et la détresse psychologique se traduisent souvent par des taux élevés d’absentéisme et de roulement de personnel, et s’accompagnent généralement d’une baisse de la productivité.

 

Un régime sur mesure

C’est pourquoi, afin de maintenir la bonne santé physique et mentale des travailleurs de l’industrie, les associations patronales et syndicales se sont dotées d’un programme de promotion et de gestion de la santé, destiné aux assurés de MÉDIC Construction et à leurs personnes à charge : le programme Construire en santé. Lancé en 2000, il privilégie des changements aux habitudes de vie, qu’elles soient liées à la santé mentale ou physique.

 

Comme l’explique Dominique Lord, directrice – Avantages sociaux à la Commission de la construction du Québec (CCQ), le régime Construire en santé, tel qu’on le connait aujourd’hui, est né de la fusion de deux programmes d’aide taillés sur mesure pour l’industrie : Vivre avec toutes nos facultés et Programme d’aide aux travailleurs (PAT). Le premier, issu de la volonté des partenaires de l’industrie, a été créé en 1988. Il s’agissait à l’origine d’un programme de prévention de la dépendance à l’alcool, aux drogues et aux jeux de hasard.

 

Quant au second, le PAT, il découle d’un programme mis de l’avant en 1993 pour les électriciens, le Programme d’aide aux électriciens. « Ce programme a ensuite été élargi à tous les travailleurs de l’industrie, mentionne la gestionnaire. En 2000, les deux programmes ont été réunis pour n’en former qu’un seul, Construire en santé, dont les objectifs sont d’améliorer la qualité de vie, de promouvoir la santé physique et psychique, d’aider les gens à rester en santé et d’optimiser les couts liés à la santé.

 

Promouvoir la santé

« C’est beaucoup plus qu’un programme d’aide aux employés, précise la gestionnaire. Construire en santé vise d’abord la promotion et la gestion de la santé. Il s’adresse exclusivement aux assurés de MÉDIC Construction, soit environ 125 000 assurés. Avec les personnes à charge, ce sont près de 300 000 personnes qui peuvent bénéficier des services offerts, dont le service d’aide de première ligne disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, où des infirmières évaluent la situation et dirigent l’assuré vers les ressources qui peuvent l’aider. »

 

Construire en santé donne ainsi accès, de façon confidentielle, à des consultations gratuites en psychologie, en sexologie, en ergothérapie et en orthopédagogie, pour ne nommer que ces services. Les assurés peuvent également obtenir de l’aide en prévention de l’alcoolisme, de la toxicomanie, du jeu compulsif et des problèmes familiaux et comportementaux qui peuvent en découler. Une aide pouvant aller de la simple sensibilisation à la cure fermée.

 

Le programme permet également aux assurés de profiter de différents services de santé physique pouvant les aider à adopter de saines habitudes de vie – cessation tabagique, perte de poids, maladies chroniques, interventions préopératoires et postopératoires. Sans oublier le déploiement de services spécialisés à la suite d’un incident grave survenu sur un chantier, afin d’éviter ou d’atténuer la manifestation des symptômes associés à un état de stress post-traumatique, en assurant une prise en charge adéquate des témoins de l’incident.

 

Un programme apprécié

« C’est un programme novateur et aussi très complet, note Dominique Lord. Les assurés l’apprécient beaucoup et les services offerts, notamment les services aux mineurs, comme l’orthopédagogie pour traiter les problèmes d’apprentissage, sont très populaires. »

 

Elle indique du même souffle que le programme enregistre, bon an, mal an, autour de 13 000 appels et que 55% des demandes adressées sont en lien avec les services d’aide (psychologie, sexologie, etc.). Les principaux motifs de consultation sont l’anxiété, le stress et la dépression, suivis de près par le deuil et les problèmes familiaux. Mais la part du lion va à l’orthopédagogie, qui accapare la moitié des demandes d’aide.

 

« Seulement pour les dépendances à l’alcool, aux drogues et au jeu, on reçoit environ 500 appels par année, souligne la gestionnaire du programme de la CCQ. Même qu’en 2017, la demande pour le soutien en toxicomanie a devancé les besoins pour le traitement de l’alcoolisme. »

 

Satisfaction garantie

En 2015, un sondage de satisfaction mené auprès des assurés de MÉDIC Construction ayant fait appel au programme Construire en santé a d’ailleurs montré que 94 % des utilisateurs se disaient très satisfaits des services reçus. Soixante-quinze pour cent ont indiqué qu’ils connaissaient bien le programme et qu’ils se considéraient suffisamment bien informés.

 

Les statistiques indiquent en outre que le taux d’utilisation du programme d’aide aux employés a crû de 1,5 point de pourcentage l’an dernier, passant de 4,9 % en 2016 à 6,4 % en 2017. Un taux supérieur à la moyenne canadienne de l’industrie de la construction, qui était de 5 % au cours de la même période.

 

Mieux vaut prévenir

En terminant, Dominique Lord rappelle qu’il ne faut pas attendre de toucher le fond avant de faire appel aux services du programme de Construire en santé, et ce, en toute confidentialité. « L’industrie est majoritairement composée d’hommes, fait-elle valoir. Mais les hommes ont plus de difficulté à demander de l’aide, ils attendent souvent d’être au bout du rouleau. Il faut savoir que toutes les demandes sont traitées dans le secret le plus absolu. »

 

Dans le dernier rapport d’activité de Construire en santé, on rapporte en effet que les hommes ont des besoins différents de ceux des femmes lors de la demande d’aide. Selon l’Ordre des psychologues du Québec, certains ajustements permettraient de faciliter la démarche au masculin. Des exemples ? Permettre qu’un proche prenne le rendez-vous, accepter que l’utilisateur soit accompagné pour le premier rendez-vous et choisir des interventions qui tiennent compte de la masculinité et préservent la dignité masculine.

 

UN CLIMAT DE TRAVAIL SAIN

Parallèlement au programme Construire en santé, la Commission de la construction du Québec (CCQ) et ses partenaires syndicaux et patronaux ont lancé, en novembre dernier, la Ligne relais-construction. Ce nouvel outil a pour objectif de contrer les inconduites, le harcèlement et l’intimidation à caractère sexuel au chantier.

Gérée par la CCQ, cette ligne spéciale de référence et d’information dirige les personnes confrontées à ces comportements inacceptables vers des personnes ressources au sein de la CCQ, des associations syndicales et patronales et de certains organismes gouvernementaux, comme la Commission des droits de la personne, le régime de l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) ou la ligne Agressions sexuelles du Québec.

La démarche est simple. Il suffit de composer le numéro indiqué et de laisser ses nom et numéro de téléphone en précisant à quel moment il est possible de vous joindre. Puisque la Ligne relais-construction n’est pas un numéro d’urgence, les appels sont traités pendant les heures normales d’ouverture. Une veille est cependant assurée les fins de semaine et en période de congé afin de traiter rapidement les appels jugés urgents.

Les personnes qui font appel à la ligne de référence et qui nécessitent un soutien psychologique pourront être mises en communication avec des organismes offrant de tels services. Quant aux dossiers de harcèlement susceptibles de faire l’objet de griefs, ils seront adressés aux associations syndicales. Enfin, les entrepreneurs qui souhaitent prendre en charge ces situations problématiques seront dirigés vers les associations patronales.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2018. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !