Retour à la croissance dans le génie et la voirie en 2016

26 avril 2016
Par Louis Delagrave, économiste

Alimenté au premier chef par la construction du nouveau pont au-dessus du Saint-Laurent et la reconstruction du complexe Turcot, à Montréal, le secteur du génie civil et de la voirie retrouve le chemin de la croissance.

Les travaux du nouveau pont Champlain et de l'échangeur Turcot amèneront le retour en force du secteur du génie civil et de la voirie, estime Patricia Carvajal, économiste à la Commission de la construction du Québec (CCQ). La CCQ s'attend ainsi à ce que ces chantiers induisent une croissance de 16 % du volume de travail en 2016 dans ce secteur qui « a trébuché en 2015, comme il l’avait également fait au cours des deux années précédentes ».

 

Cette embellie dans le secteur du génie civil et de la voirie sera en bonne partie attribuable aux ouvrages de 4,2 milliards de dollars qui seront réalisés d'ici 2019 pour le remplacement du pont Champlain. Le consortium responsable des travaux, Le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SNC-Lavalin - ACS - Hochtief), prévoit un millier de travailleurs sur le chantier pendant la durée des travaux.

 

Mais ce projet ne sera pas le seul à bénéficier des largesses fédérales. Le budget du 22 mars dernier concrétise en effet la promesse du gouvernement Trudeau de doubler à 120 milliards de dollars l'investissement fédéral en infrastructures en 10 ans. La première phase de cinq ans, beaucoup plus modeste que la seconde par contre, signifie 12 milliards de dollars d'investissements supplémentaires, en particulier dans les infrastructures de transport en commun ainsi que dans la distribution et le traitement des eaux. Cela pourrait représenter quelque 500 millions de plus par année au Québec.

 

Programmes triennaux d’immobilisations 2016-2018 des 10 principales villes au Québec

 

Heureux concours de circonstances, le gouvernement fédéral délie donc les cordons de sa bourse au moment même où le gouvernement du Québec se fait plus « austère ». D'après le Plan québécois des infrastructures, les investissements du gouvernement dans le réseau routier se sont chiffrés à 2 milliards de dollars en 2014-2015 et le Plan 2016-2026 prévoit que les investissements routiers resteront à ce niveau d'ici 2018. Il s’agit là d’une chute de 35 % comparativement aux 3,1 milliards de dollars investis en 2011-2012.

 

Malgré ce régime minceur, le ministère québécois des Transports reste néanmoins le principal donneur d'ouvrage inscrit au Système électronique d'appel d'offres(SEAO) du gouvernement du Québec, lui qui a accordé 3 000 contrats en 2015.

 

La reconstruction de l’échangeur Turcot, un projet de 3,7 milliards de dollars s'étalant jusqu'en 2020, occupera évidemment une large part de l'enveloppe du ministère. Mais il reste que 15 projets majeurs sont aussi en planification. Comme la phase 3 du réaménagement de la route 185 entre l’autoroute 20 et la frontière du Nouveau-Brunswick, la reconstruction du pont de l'île d'Orléans, le recouvrement partiel de l’autoroute Ville-Marie, à Montréal, et le prolongement de l’autoroute 410, à Sherbrooke.

Une vingtaine d’autres projets sont également à l'étude, soit avant la phase de planification. C’est le cas notamment de ceux portant sur l'élargissement de l’autoroute Henri-IV et le réaménagement de l'échangeur de l'autoroute 20 et de la route 173, à Québec, la réfection de l’autoroute métropolitaine, la réfection du tunnel Louis- Hippolyte-La Fontaine et la reconstruction du pont Honoré- Mercier, à Montréal, et le prolongement de deux tronçons de la route 138 sur la Côte-Nord.

 

Des paroles aux actes

Dans l'ombre des grands chantiers routiers s’activeront par ailleurs de multiples chantiers municipaux. Les villes sont des donneurs d'ouvrage incontournables puisqu'elles ont la responsabilité de la moitié du réseau routier québécois. Et qui dit voirie municipale, dit infrastructures d'égouts et aqueducs. Ainsi, en 2015, dans les budgets municipaux des dépenses de 1,4 milliard de dollars étaient prévues pour la voirie municipale, plus une somme équivalente pour les égouts et aqueducs, selon les statistiques du ministère des Affaires municipales et Occupation du territoire.

 

Or, les investissements municipaux semblent enfin sortir de leur torpeur. À elle seule, la Ville de Montréal prévoit réaliser pour 440 millions de dollars de travaux routiers en 2016, somme qui monterait à 560 millions en 2018 si l’on se fie à son dernier programme triennal d'immobilisations (PTI).

 

La métropole portera en même temps de 420 à 610 millions de dollars ses investissements en environnement et en infrastructures souterraines. Vu le piètre taux de réalisation du PTI ces dernières années (39,1 % en 2013), encore faut-il que les montants soient effectivement dépensés. « Nous avons l'ambition et la détermination d'accroître de façon significative le taux de réalisation du PTI », avait promis le maire Denis Coderre en octobre 2014.

 

L'échangeur Turcot - Image de MTQ

 

Passant des paroles aux actes, Lionel Perez, responsable des infrastructures de la ville, faisait état en février dernier d'un taux de réalisation de 85 % et d'une hausse de 20 % des investissements pour les chantiers d'infrastructures en 2015, par rapport à 2014, ceci malgré une diminution de 10 % du coût des soumissions. Les principaux projets de la ville sont le réaménagement de l'autoroute Bonaventure, ainsi que ceux de la rue Sainte-Catherine Ouest et de la Plaza St-Hubert, et les travaux liés à l'échangeur Turcot.

 

Du côté de Québec, la Ville ira notamment de l'avant avec le réaménagement de la Côte de Sillery et la réfection de l’usine de traitement de l’eau potable de Sainte-Foy. Au total, les programmes triennaux des 10 principales villes du Québec prévoient des investissements de 9,3 milliards de dollars en trois ans, tous secteurs confondus.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2016. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !