Vers un milieu de vie durable : L'abolition de l'AEE, un pas en arrière

2 mai 2011
François Cantin, M. Sc. Arc

J'ai dernièrement assisté à une présentation de madame Julie Chartrand-Beauregard, conférencière formée dans le cadre des activités de l'organisme à but non lucratif Le Projet Climatique (LPC) Canada. Cette présentation a comme objectif d'exposer les principales causes et conséquences des changements climatiques à l'échelle planétaire. Le message véhiculé est percutant à souhait. Il s'appuie principalement sur des faits scientifiques reconnus et fort inquiétants tels que la fonte accélérée des calottes glacières et l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles (ouragans, sécheresses, etc.).  Stratagème efficace, puisqu'après avoir assisté à cette conférence, l'urgence d'agir sur le plan individuel et collectif se fait sentir plus que jamais.

 

Afin de conscientiser le plus de gens possible, LPC Canada offre la possibilité d'organiser sur demande la tenue d'une conférence, par exemple sous la forme d'un midi-conférence sur le lieu de travail des demandeurs. À ce jour, selon le site web de LPC Canada, tout près de 400 000 Canadiens ont assisté à une présentation du genre. De ce nombre, on compte quelques représentants du gouvernement, dont le premier ministre. Néanmoins, malgré toute l'attention qu'il a pu accorder aux activités de LPC Canada, ce gouvernement a annoncé et procédé à l'abolition de l'Agence de l'efficacité énergétique (AEE) du Québec, abolition complétée au début du mois.

 

Certains diront qu'il ne s'agit que d'une simple restructuration gouvernementale rendue nécessaire en raison des coûts relativement importants d'un tel organisme, coûts qui seront « forcément » rationnalisés à la suite du transfert des activités de l'Agence au ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Pour ma part, je m'inquiète de cette décision et du signal que celle-ci envoie aux citoyens. Alors que le temps presse et que tout reste à faire dans la lutte contre les changements climatiques, le gouvernement laisse présager qu'il est possible de lever le pied, de relâcher l'accélérateur, que tout va pour le mieux, que les actions en cours seront suffisantes. Il n'en est rien ! Au mieux, cette abolition constitue un pas en arrière...

 

Un avenir incertain

Dans une perspective de développement durable, l'AEE avait pour mission de promouvoir l’efficacité énergétique et le développement de nouvelles technologies énergétiques pour toutes les formes d’énergie, dans tous les secteurs d’activité, au bénéfice de l’ensemble des régions du Québec. Concrètement, en mars 2009, elle déposait son premier plan d'action élaboré autour de trois enjeux fondamentaux, soit développer la connaissance, promouvoir l’action responsable et favoriser l’engagement. Ce plan, qui devait normalement s'échelonner jusqu'en 2013, ne sera probablement pas aussi bien mené qu'il ne l'aurait été si l'Agence avait conservé son statut d'origine. En fait, pour l'instant, il est difficile de connaître les réelles intentions du ministère et de savoir s'il dispose des moyens et des ressources nécessaires pour poursuivre la mission de l'Agence.

 

En parallèle, le Québec a bien su tirer son épingle du jeu et passer au travers de la dernière crise économique mondiale sans trop de difficulté. À mon sens, il se trouve donc relativement en bonne position pour s'attaquer au défi climatique. Afin de s'offrir collectivement une perspective rassembleuse et non pas décourageante, il faut percevoir ce défi comme l'opportunité de bâtir une économie appuyée sur la création et l'exploitation de nouvelles technologies et pratiques dites vertes. Il faut poursuivre de front la volonté de l'Agence, faire du Québec une société toujours plus efficace sur le plan énergétique et orienter nos actions afin de développer des réflexes durables en matière de consommation d’énergie. Tel que le mentionnait le plan d'action de l'Agence, l’efficacité énergétique devra faire partie intégrante du quotidien du consommateur de demain.

 

Personnellement, je suis de ceux qui exigent que les gouvernements en place mettent tout en œuvre afin d'améliorer le sort de la planète. Leurs paroles, décisions et actions doivent, avec une conviction sans borne, contribuer à améliorer réellement les choses. Avant son abolition, l'AEE constituait un moyen de choix pour rassembler et discuter des enjeux environnementaux majeurs. À l'avenir, espérons que nos dirigeants sauront faire des choix plus éclairés. En terminant, sachez qu'il vous est toujours possible de m'adresser vos commentaires concernant cette chronique ou tout autre sujet connexe. Pour ce faire, vous pouvez me contacter à l'adresse courriel suivante : fcantin@hudonjulien.com.

 

L’auteur est stagiaire en architecture chez Hudon Julien et Associés, bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’Écoopération, une coopérative offrant divers services de consultation en architecture durable.