Un immense datacentre éconergétique à Beauharnois

Par Guy Sabourin

L’hébergeur internet français OVH, 4e en importance dans le monde, implantera 360 000 serveurs sur une partie des anciens terrains de Rio Tinto Alcan, dans le parc industriel de Beauharnois. Il s’agit de sa première sortie hors de la France et de sa plus importante implantation à ce jour.

 

La réputation d’OVH tient en partie de son efficacité énergétique.  L’équipe n’est pas peu fière de son installation de Roubaix, en France, mise au point en 2010 et qui économise 50 % de ce que coûterait en électricité un datacentre classique climatisé. Il faut à OVH 10 watts pour refroidir 100 watts de puissance de serveur alors qu’en climatisant, il faudrait 100 watts pour rafraîchir un nombre égal de serveurs.

 

Réunir des milliers de serveurs informatiques génère beaucoup de chaleur, qu’il faut contrôler et éliminer. L’édifice de Roubaix est une tour métallique carrée de sept étages aux murs abondamment percés pour qu’un maximum d’air frais de l’extérieur entre en contact avec les serveurs, disposés en galeries le long des murs. Cet air réchauffé est ensuite recraché vers le centre du cube, qui est vide et fait office de cheminée dans laquelle l’air chaud s’élève et sort du bâtiment.

 

Le même principe sera reproduit à Beauharnois. OHV a acheté au total 600 000 pieds carrés, dont une bâtisse qui fait 40 % de cette superficie. C’est à l’intérieur de ce vaste bâtiment industriel que la firme aménagera 36 tours de trois étages chacune. Chaque tour métallique de 1 600 pieds carrés sera calquée sur la tour de Roubaix, en moins haut. OVH pense produire entre trois et quatre tours par an ; les travaux s’échelonneront sur 10 ans environ.  La firme investit 127 millions $ dans ce projet sur trois ans pour les huit premières tours. À terme, le projet totalisera environ 500 millions $. « Il nous est difficile de projeter pour plus de trois ans puisque l’informatique évolue à une vitesse incroyable », précise Octave Klaba, fondateur d’OVH.

 

La structure du bâtiment de Beauharnois, où l’air est aspiré par convection naturelle et qui servait à refroidir l’aluminium en fusion avec un apport d’air frais extérieur, convenait exactement aux besoins d’OVH, qui l’a repéré à l’été 2011.

 

Le datacentre a également besoin d’approvisionnement fiable en électricité puisqu’une fois mis en service, les serveurs ne s’arrêtent plus pour de nombreuses années. OVH puisera son énergie directement à la centrale de Beauharnois ainsi qu’aux stations de Léry et de Châteauguay, plutôt qu’à partir de groupes électrogènes, comme à Roubaix, beaucoup moins fiables.

 

Les travaux  de nettoyage des lieux d’abord, puis d’installation du réseau électrique qui alimentera les tours sont en cours depuis la mi-décembre 2011. La première tour de 10 000 serveurs sera fonctionnelle en avril prochain. Au moment d’écrire ces lignes, il restait à obtenir les avis de conformité avec le Code de construction du Québec pour déterminer si les tours seront en tout point de vue semblables à celles de Roubaix, c’est-à-dire avec planchers en bois et tout le reste en métal.

 

Trois firmes de Valleyfield ont raflé les premiers contrats. A. Lecompte fera l’installation électrique ; SGM Automation s’occupera des systèmes de contrôle des pompes et ventilateurs ; et JR Mécanique prendra en charge la construction des tours. « A. Lecompte et JR Mécanique nous servent d’interface pour embaucher d’autres entreprises éventuellement nécessaires en cours d’exécution des travaux », précise Octave Klaba.

 

C’est enfin Fibrenoire qui raccordera par fibre optique les installations de Beauharnois avec Montréal, Toronto, Ottawa, New York et Chicago.

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 14 février 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !