Une centrale entre le passé et l’avenir

14 mars 2016
Luc-Etienne Rouillard Lafond

L’exploitation du potentiel hydroélectrique de la rivière des Outaouais est au cœur du développement d’Ottawa depuis le XIXe siècle. La construction par Hydro Ottawa d’une centrale hydraulique souterraine de 29 mégawatts aux Chutes des Chaudières, un investissement de plus de 150 millions de dollars, constitue donc un lien entre le passé et l’avenir de la capitale nationale. 

Le futur complexe hydroélectrique sera localisé sur le site d’une ancienne usine de papier, fermée depuis 2007, qui était alimentée par trois centrales. Deux d’entre elles étant arrivées à leur fin de vie utile, elles seront remplacées par ces nouvelles installations, auxquelles elles lègueront leur déversoir.

 

« La centrale comprend quatre groupes, un canal d’amenée et un canal de fuite », explique Franz Kropp, directeur de production chez Hydro Ottawa. La centrale sera construite sous la surface, pour qu’elle n’ait aucun impact sur les aspects visuels du site. » Supportés par une structure de béton armé, les groupes seront constitués d’une turbine ainsi que d’un alternateur chacun.

 

Mettre le patrimoine en valeur 

La centrale No 3, adjacente au site et maintenant obsolète, sera également réaménagée, dans le but d’y établir les bureaux de gestion du complexe. Conformément à la philosophie d’Hydro Ottawa en matière de restauration des édifices anciens, deux des plus anciens bâtiments seront remis à neuf en raison de leur valeur patrimoniale.

 

« Les centrales sont historiques pour Ottawa parce que certaines d’entre elles sont les premières qui l’alimentaient au début du développement de la ville, au XIXe siècle », avance le directeur de production. Elles pourraient donc être appelées à accueillir un centre d’interprétation, axé sur l’histoire hydroélectrique du site.

 

Dans le but d’offrir à la population ottavienne son premier accès aux Chutes des Chaudières en plus d’un siècle, un parc sera aménagé sur le toit de la centrale, avec des plateformes d’observation surplombant la rivière. Des sentiers pédestres et cyclables sillonneront de plus le lieu et le relieront à un réseau municipal d’environ 100 kilomètres, grâce à un nouveau pont traversant la conduite d’amenée.

 

Avant la construction d’une usine à papier, le site revêtait un caractère sacré pour les premières nations de la région. Le concept du parc y rendra donc hommage avec l’aménagement d’un cercle sacré, composé de grosses pierres situé aux quatre points cardinaux et destiné à la tenue de cérémonies autochtones. À ses côtés, un cercle d’apprentissage formé de différentes plantes médicinales, de sapin ou encore de foin d’odeur sera aménagé.

 

Des mesures de protection de l’anguille américaine ont aussi été mises en place par la firme ontarienne Hatch, chargée de l’architecture et de l’ingénierie pour l’ensemble du projet. Protégée en Ontario par la Loi sur les espèces en voie de disparition, elle profitera pour sa migration à travers la centrale d’une échelle. Conçu spécifiquement pour l’anguille, ce mécanisme est formé de petits cylindres de plastique, disposés dans un encaissement de métal, qu’elle utilise pour grimper.

 

L’entrepreneur lorettain EBC a amorcé le chantier, en août 2015, avec la construction d’un batardeau, qui a servi de barrage temporaire et permis de réaliser une première phase d’excavation. Lancé depuis janvier, le bétonnage est réalisé parallèlement à la seconde phase d’excavation. Les travaux devraient être complétés vers la fin de 2016, laissant le champ libre à une mise en service de la nouvelle centrale en mai 2017.

 

Cet article est paru dans l’édition du mardi 1 mars 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !