17 juin 2016
Léa Méthé Myrand

La sécurité des données a dicté la conception du centre de données 4Degrés de Vidéotron, à Montréal. La forteresse informatique, arborant la certification Tier III, se distinguera aussi par son efficacité énergétique.

4Degrés est une entité de Vidéotron dédiée à la colocalisation, c’est-à-dire à l’hébergement sécuritaire de serveurs informatiques appartenant à des entreprises clientes. Sous ses allures de big box, le deuxième centre de données 4Degrés de la province renferme une panoplie de mesures de protection.

 

L’immeuble de 42 000 pi2, est situé au 2900, boulevard Marie-Curie dans le Technoparc de l’arrondissement Saint-Laurent, un site privilégié pour la grande disponibilité électrique fournie par Hydro-Québec. En effet, le centre requiert une source d’alimentation électrique abondante et fiable. Il affichera une charge disponible de 16 mégawatts acheminée par une ligne de 25 000 volts. En cas de panne électrique, l’installation peut compter sur une génératrice diesel de 2,5 mégawatts avec un réservoir de 15 000 litres, assurant une autonomie de 24 heures.

 

Si la consommation électrique de l’opération équivaut à celle de 10 000 maisons unifamiliales, Maxime Guévin, directeur général, grossistes et services aux télécommunicateurs de Vidéotron et directeur général de 4Degrés, affirme que l’entreprise fait une utilisation exemplaire de cette énergie. « Contrairement à plusieurs opérateurs qui exploitent des centres de données logés dans des bâtiments existants, ceux de 4Degrés à Québec et Montréal ont été conçus à partir de zéro, sans les contraintes de l’existant, dit-il. Le fait d’avoir des immeubles élaborés sur mesure pour être exploités comme centres de données permet d’optimiser nos opérations en fonction de cette vocation. »

 

Le PUE pour power usage effectiveness est un indicateur de performance utilisé pour comparer les centres de données entre eux. Il désigne le ratio entre la quantité d’énergie utilisée par le bâtiment et la quantité d’énergie consommée par les équipements informatiques. Alors que la moyenne mondiale était de 1,7 en 2014 selon Uptime Institute, le PUE du centre 4Degrés de Québec, jumeau de celui de Montréal, est de 1,18.

 

Comme l’opération des serveurs génère beaucoup de chaleur et que le matériel informatique est sensible à la surchauffe, le refroidissement constitue un des plus importants postes de dépense du projet de 40 millions de dollars. Pour profiter du climat québécois, les concepteurs ont opté pour le refroidissement naturel ou free cooling en installant des unités de marque Liebert. « Dès qu’il fait 14 degrés ou moins à l’extérieur, c’est-à-dire 85 % de l’année à Montréal, nous n’avons plus besoin de climatiser », explique Maxime Guévin.

 

La certification Tier III, émise par Uptime Institute, vise à garantir que les serveurs sont physiquement protégés et que l’accès aux données fait l’objet d’un minimum d’interruptions.

 

Au chapitre de la protection incendie, le système de détection ultrasensible analyse la présence de fumée dans l’air toutes les 60 secondes, ce qui doit permettre d’intervenir avant même qu’un incendie se déclare. En cas de feu, les murs du périmètre de la salle des serveurs résisteraient deux heures avant de céder.

 

Pour l’éventualité d’un tremblement de terre, la bâtisse est conçue de manière à minimiser les secousses transmises aux équipements. La semelle de la fondation est surdimensionnée, la structure d’acier est munie d’entrebâillements en X et les plafonds suspendus sont de conception parasismique. Les murs extérieurs sont également munis d’un grillage métallique anti-intrusion pour l’éventualité où des malfaiteurs chercheraient à y pratiquer une ouverture ou à y projeter un véhicule.

 

La construction, entreprise en septembre 2015, est à l’étape de la finition alors que le rodage des équipements critiques bat son plein. Le chantier progresse tel que prévu et le bâtiment doit être livré, sans dépassements de coûts, le 15 juillet 2016. L’architecte du projet est NFOE et l’ingénieur en structure est SDK. L’entreprise Kelvin Emtech se charge du génie électromécanique, mais agit aussi à titre d’entrepreneur général, en collaboration avec Décarel.

 

Cet article est paru dans l’édition du mardi 17 mai 2016 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous