L'Anneau à Place Ville Marie : des défis de l’assemblage à l’installation

3 avril 2024
Par Roxanne Caron

L’Anneau, suspendu au-dessus de l’Esplanade PVM à Place Ville Marie depuis le 18 juin 2022, se marie au décor urbain. Si bien qu’il donne l’impression d’y avoir toujours trôné. Pour réaliser ce projet unique, de nombreux experts ont été mis à profit.

Assembler la structure mesurant 30 mètres de diamètre représentait un défi en soi. Pour y arriver, un assemblage sur mesure de 15 segments en acier inoxydable, regroupés en six sections, a été fabriqué à partir de tubes de 80 centimètres de diamètre cintrés. Le tout a été réalisé en atelier afin d’éviter les surprises lors de l’installation qui nécessitait une précision au millimètre près à chaque étape de fabrication. Une fois sablées avec des billes de verre extrafines, les six sections ont été transportées à PVM.

 

L’assemblage comprend 2 000 mètres linéaires de câbles chauffants internes pour éviter que des glaçons se forment autour de la structure l’hiver ainsi que 4 amortisseurs de vibrations, 4 grilles d’aération et 16 portes d’accès.

 

Une précision à tous les instants

L’assemblage sur le site de PVM s’est exécuté à l’horizontale. Une fois cette opération complétée, il fallait procéder au levage de l’anneau qui pèse 23 000 kilogrammes. « Le principal défi, c’était la précision », indique Sophie Beaudoin, coprésidente de la firme d’architecture de paysage CCxA, qui a conçu l’Anneau pour le compte d’Ivanhoé Cambridge, propriétaire de PVM.

 

Sophie Beaudoin, coprésidente de la firme d’architecture de paysage CCxA. Crédit : Benoit Rousseau

 

Un total de trois grues ont été impliquées pour la levée et la mise en place de l’anneau entre les quatre points d’attache fixés aux structures des deux bâtiments. « Rien n’a été laissé au hasard, même la position des grues. Il y avait tellement d’infrastructures alentour qu’il a fallu travailler sur un plan de levage et de positionnement des grues très serré », précise-t-elle.

 

Deux grues ont d’abord été utilisées pour lever l’anneau de ses supports au sol. Une fois la structure placée à la verticale, une troisième grue a pris la relève pour déposer l’anneau à son endroit final, avec une précision chirurgicale, le tout en prenant compte du facteur vent, souligne Alexandre-Stéphane Boucher, président-directeur général de JCB Construction Canada, l’entrepreneur général responsable de l’installation de l’anneau. « La coordination, la communication et la précision des grutiers étaient ainsi cruciales. »

 

Un souci pour les infrastructures

La présence de conduites souterraines vieilles de 100 ans, de lignes téléphoniques, de lignes de métro et de train, du tunnel du REM, d’un hall commercial et de passages piétonniers souterrains devait être prise en compte lors de la levée. Ainsi, des analyses poussées ont été réalisées par les firmes d’ingénierie mandatées afin de s’assurer que la grue principale, ancrée directement au sol, ne cause aucun affaissement des structures souterraines. « Ce qui était compliqué, c’était de déterminer qui et quels types d’équipement étaient en mesure de réaliser cette manoeuvre. Il fallait bien déterminer comment la répartition des charges allait se faire pour ne pas endommager les infrastructures », détaille l’entrepreneur.

 

Alexandre-Stéphane Boucher, président-directeur général de JCB Construction Canada. Crédit : Éric Carrière

 

La coordination et la collaboration accrue avec les intervenants, dont la Ville de Montréal, le REM, Bell, PVM et Ivanhoé Cambridge, ont été nécessaires afin d’obtenir les autorisations requises leur permettant de placer les grues dans la rue. « Ça a été quand même un gros morceau du projet », souligne Alexandre-Stéphane Boucher.

 

Un ballet orchestré

Une fois dans les airs, l’anneau a dû être boulonné rapidement à l’aide de deux nacelles élévatrices. « C’était un balai orchestré, illustre Sophie Beaudoin. Quand on a monté l’anneau, on avait un jeu d’un total de 200 millimètres entre les parois des édifices. » Cet espace restreint pouvait potentiellement engendrer de nombreux défis au moment de la mise en place de la structure : « Nous devions aussi tenir compte des mouvements indépendants des deux bâtiments, de la force des vents et des potentiels tremblements de terre lors de la levée et de l’installation », ajoute Alexandre-Stéphane Boucher.

 

Deux points d’attache ont d’abord été installés directement à la structure des bâtiments existants de manière suffisamment précise pour que l’imposante structure vienne s’y attacher facilement. CCxA a ainsi fait appel à Franz Knoll, l’ingénieur de renommée mondiale qui a travaillé sur le projet de PVM. Sa connaissance du site a permis d’aider à calculer les risques de l’opération. « Sans son expertise, les attaches de l’anneau, qui donnent une impression de suspension, n’auraient pas été aussi discrètes », explique Sophie Beaudoin.

 

Des perforations ont finalement été réalisées de l’extérieur vers l’intérieur, directement sur la structure des deux édifices, ce qui a nécessité l’ouverture et la fermeture des enveloppes extérieures. Comme les deux bâtiments étaient occupés, des mesures de mitigation ont été mises en place afin de ne pas nuire aux travailleurs présents dans les bureaux. « La réalisation d’une bonne analyse des risques ainsi que d’un plan d’atténuation et de déviation des risques a été la clef du succès de ce projet », conclut le président-directeur général.