4 juillet 2016
Léa Méthé Myrand

Polytechnique Montréal a dû faire face en 2012 à un problème de manque d’espace lorsque plusieurs chercheurs affiliés à l’institution ont reçu d’importantes chaires de recherche en génie physique, en génie chimique et en génie mécanique. 

Pour héberger les activités de recherche, Polytechnique se devait d’aménager de nouveaux laboratoires assortis d’équipements parfois volumineux. L’espace manquait dans le pavillon principal, datant de 1955, et la fonctionnalité des locaux ne répondait plus aux exigences, notamment sur le plan de l’alimentation électrique et de la ventilation.

 

L’école Polytechnique étant située sur le territoire patrimonial du Mont-Royal, les concepteurs ont dû faire face à un défi de taille : impossible d’agrandir les bâtiments existants, que ce soit latéralement ou en hauteur. La solution se trouvait dans le vide technique sous le bâtiment.

 

En excavant trois mètres supplémentaires, on obtiendrait quatre mètres de dégagement total, de quoi aménager deux salles mécaniques souterraines, reliées entre elles par un tunnel de service. L’espace ainsi gagné permettait de réaménager deux zones du rez-de-chaussée actuel pour accueillir les nouveaux labos.

 

« C’est un défi, mais on donne vie à des espaces qui seraient par ailleurs condamnés », dit Hazem Al-Saedi, chargé de projet au Service des immeubles de Polytechnique Montréal. En effet, le sol était contaminé au cuivre, naturellement présent dans le sol, et par l’utilisation d’amiante dans l’isolation thermique de la tuyauterie lors de la construction.

 

L’aménagement de laboratoires de recherche additionnels dans deux autres parties du bâtiment, aux étages supérieurs dans ce cas-ci, justifie également la conversion d’une cage d’escalier en salles techniques. À raison de deux par étage, ces dernières visent essentiellement à alimenter les nouveaux espaces en électricité.

 

Le mode de réalisation en gérance a été retenu afin de faciliter la progression d’un projet dont chaque élément présentait de la complexité ; travaux en sous-œuvre, sols contaminés, interventions dans des espaces existants, ajout de ventilation et de capacité électrique, tout cela dans un immeuble occupé.

 

Le gérant de projet, Marcogep, a été sélectionné suivant un appel d’offres publié à l’automne 2014, sur la base du prix ajusté en fonction de la qualité. Le budget global du projet est de l’ordre de 20 millions de dollars.

 

« Nous avons choisi d’impliquer les gens liés à la construction dès l’étape de conception pour profiter d’un œil externe à celui des professionnels, dit Hazem Al-Saedi. C’est un projet complexe et plusieurs étapes se chevauchent. Pour gérer l’échéancier, les coûts, et pour impliquer les sous-traitants au moment opportun, c’est une valeur ajoutée. »

 

L’équipe de projet a été complétée en mars 2015 et inclut DMA Architectes, Tetra Tech pour le génie mécanique, Site Plus et Tetra Tech pour le génie électrique et Pasquin St-Jean et associés pour l’ingénierie de structure. MSDF agit comme consultant en santé et sécurité, et Groupe ABS est mandaté pour la gestion des sols contaminés et la surveillance des vibrations occasionnées par la machinerie.

 

La première phase des travaux, qui comprend les interventions souterraines, a débuté en février 2016 et est toujours à l’étape d’excavation, ayant requis, entre autres, l’aménagement d’une rampe d’accès pour acheminer la machinerie vers les vides sanitaires. Suivront la coulée du béton pour former la coquille des nouveaux espaces enfouis, puis le réaménagement des locaux débutant en juin.

 

Les deux phases suivantes concernent les rénovations sur les étages supérieurs. La phase II sera réalisée entre mai et décembre 2017 et la phase III entre novembre 2016 et août 2018, pour une clôture globale du projet anticipée avant février 2019.

 

Cet article est paru dans l’édition du vendredi 3 juin 2016 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous