AKT Formation : la SST en clinique privée

4 juin 2012
Par Benoit Poirier

Issue d’un service en santé et sécurité interne d’une entreprise, AKT Formation s’incorporait et devenait une entité indépendante, il y a une quinzaine d’années, pour combler les besoins en SST d’autres corporations, dont elle peine aujourd’hui à répondre à la demande.

 

Elle aide les dirigeants d’entreprises, spécifiquement du secteur de la construction, à optimiser leur gestion de la santé et sécurité du travail et à accroître leurs performances à ce chapitre.

 

« Au fond, on fait comme la CSST, mais au privé », expose Marie-Josée St-Onge, CRHA, conseillère en santé et sécurité et vice-présidente d’AKT Formation.

 

L’entreprise lavalloise offre les services d’inspection de chantier et d’usines, d’élaboration de programmes de prévention adaptés et de mise en place de procédures. Elle effectue également la rédaction de rapports d’inspection et de recommandations, ainsi que de manuels santé, sécurité et environnement, visant par exemple la prévention de déversement de contaminants. « Parce que la santé-sécurité et la protection de l’environnement, ça va maintenant de pair. »

 

Une formule gagnante

AKT Formation se déplace aussi en entreprise pour sensibiliser les travailleurs à divers dangers tels ceux liés à l’exposition à la silice cristalline ou à l’amiante, aux appareils de levage et d’arrimage, à la conduite de chariots élévateurs, aux travaux de creusement, d’excavation et de tranchées ou effectués à proximité de lignes électriques aériennes ou dans des espaces clos. Elle fait également la formation de signaleurs, dont elle offre par ailleurs la location de service.

 

La formation s’avère d’autant plus concluante lorsqu’elle est associée à un suivi sur les chantiers, souligne Marie-Josée St-Onge. « La formation avec le renforcement positif, quant à moi, je pense que c’est un succès. »

 

Mais pourquoi payer pour un service qu’offre un organisme comme l’ASP-Construction ou une mutuelle ? « Ils ne sont pas toujours disponibles. Par exemple, ils le seront dans un mois, alors que le client est déjà en infraction sur son chantier et qu’il a déjà des pénalités qui entrent s’il n’a pas le cours. Il va alors payer un privé pour le lui donner. Moi ou d’autres », explique-t-elle.

 

Ses principaux atouts : la flexibilité et l’expérience. « Moi, ça fait 10 ans que je fais du chantier. Je peux donner tous les exemples possibles, fait valoir la vice-présidente d’AKT Formation. En découle une crédibilité auprès des travailleurs », dit-elle.

 

Préventifs, verts et propres

AKT Formation couvre les quatre secteurs de la construction, plus particulièrement du côté du génie civil et des projets résidentiels. Elle compte parmi ses clients des firmes de génie-conseil, des entrepreneurs, des promoteurs et des maîtres d’œuvre. « On est débordés », mentionne-t-elle.

 

Lorsqu’un membre de l’équipe rencontre un entrepreneur, il cible ses besoins. Ceux-ci sont toujours différents, note Marie-Josée St-Onge. « On commence par exemple par implanter l’obligation de porter le dossard en tout temps. On leur demande la liste de leurs chantiers. À moins que ce soit très spécifique, on y va de façon aléatoire et on fait des visites de chantiers sans les prévenir. »

 

À chaque visite, le conseiller rédige un rapport d’observation avec photos et l’envoie au client en format PDF pour qu’il ne puisse être modifié. Puis l’entrepreneur le fait parvenir à son propre client pour lui montrer qu’il se conforme en SST.

 

« C’est sûr que, l’idéal, c’est tellement demandant la santé et sécurité maintenant, qu’il faudrait qu’il y ait quelqu’un à temps plein. Mais, parfois, ils n’ont pas les moyens ou ils n’ont pas assez de projets. Leur solution est donc de donner en sous-traitance la SST », précise-t-elle.  Dans la plupart des cas, il s’agit d’ententes annuelles avec visites bimensuelles.

 

La vertu, oui. Mais…

Dans environ la moitié des cas, indique Marie-Josée St-Onge, l’entreprise leur donne carte blanche, ce qui leur permet d’intervenir directement en cas de tolérance zéro (par exemple avec la remise d’une lettre lors d’une première infraction, puis une expulsion s’il y a récidive).

 

« Un de nos clients a compris que s’il excellait en santé sécurité, il pourrait aller où il voulait en construction. Et ça fonctionne ! Il est partout. Tout le monde l’envie. Pourquoi ? Parce que, lui, il a zéro accident par année et si vous allez voir chez eux, il a un manuel de santé-sécurité, les lunettes obligatoires en tout temps, il dépasse les normes. Mais les entrepreneurs ne font pas tous preuve de la même volonté ni de la même rigueur », déplore-t-elle.

 

Une entreprise comme AKT Formation s’apparente, en quelque sorte, à un 911 de la santé-sécurité. « Nous, nous ne sommes pas des vendeurs. Moi, j’arrive quand vous êtes en détresse et que vous avez besoin de moi. On ne sollicite pas les gens. C’est eux qui appellent », explique Marie-Josée St-Onge, qui ajoute recevoir souvent des appels d’entrepreneurs en panique.

 

Dans l’affirmative, par contre, elle fait son travail de conseillère et d’intervenante sans mettre de gants blancs.

 

La SST, c’est tendance !

Bien sûr, au Québec, malgré la baisse des accidents au cours des dernières années, notait à la fin de mai 2012 la CSST, le secteur de la construction demeure l'un des plus touchés par les maladies et les accidents professionnels. Chaque jour, signale la Commission, 20 travailleurs de la construction sont blessés. Cela a représenté plus de 7 000 accidents en 2011. D’où l’importance, réitère la CSST, de bien planifier les travaux avant de les exécuter de manière à prévenir les accidents et à sauver des vies.

 

Lentement, mais sûrement, les mœurs évoluent sur les chantiers et les travailleurs comme les employeurs sont de plus en plus sensibilisés à la prévention. Même que cette année semble marquer un tournant.

 

« Là, c’est tellement la tendance ! Nous, on n’arrive pas, parce que tout le monde s’est réveillé en 2012 et a dit “On ne veut plus avoir de problème. Viens-t-en ; ça coûtera ce que ça coûtera”, rapporte Marie-Josée St-Onge.

 

« C’est que les clients sont tellement exigeants, maintenant, que les gens n’ont pas le choix de se conformer. » Les relations entre les intervenants changent ; il y a plus d’écrit là où, auparavant, il y avait surtout des ententes verbales.

 

Une approche personnalisée

« Notre but, ce n’est pas d’être répressifs, c’est d’être préventifs, de faire de l’éducation, indique la vice-présidente d’AKT Formation. On a une approche très conviviale. On essaie de mettre vraiment les gens de notre côté et de faire de la santé-sécurité une priorité. Mais ça prend du temps et du travail. »

 

Outillée de carottes (cadeaux promotionnels, mention des bonnes initiatives dans le rapport d’observation lors de visite, etc.) et de bâtons (telle une sanction sévère en cas de tolérance zéro), l’équipe vise à devenir une référence en SST. Mais pas à n’importe quel prix.

 

« Il faudrait qu’on soit plus nombreux. Parce que je refuse des contrats, présentement. Mais je ne veux pas avoir 55 consultants et, dans le fond, que ce soit un peu comme un hachoir dans lequel on passe tout le monde. C’est un service très personnalisé. Je pense que c’est ça que les gens aiment, aussi. Moi, je veux garder ça », soutient-elle.

 

Marie-Josée St-Onge continue ainsi elle-même à œuvrer sur le terrain, question de demeurer à jour concernant les pratiques sur les chantiers. « J’aime beaucoup le côté personnalisé. J’aime beaucoup aller rencontrer le client avec un autre conseiller, être sur le terrain.

 

« Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous, on fait des programmes de prévention spécifiques, poursuit-elle. Chaque fois qu’on a un nouveau mandat, on refait le programme. Et on refait les procédures en conséquence. Parce que, des fois, il peut y avoir des risques électriques, parfois c’est un viaduc. C’est toujours différent. Et moi, personnellement, je ne crois pas au programme général copié-collé qu’on envoie pour chaque projet. On adapte nos méthodes selon les travaux à effectuer.

 

« Et le secret de notre succès, c’est qu’on est un œil extérieur à l’entreprise, fait remarquer Marie-Josée St-Onge. Car, dit-elle, un chargé de projet qui a des échéanciers et des budgets à respecter peut être porté à couper sur la SST ; quant aux agents de sécurité au travail engagés sur les chantiers d’envergure, ils se contentent souvent d’appliquer le code, note-t-elle.

 

« Moi, je suis une professionnelle qui doit émettre un rapport de recommandation, peu importe de qui il s’agit. Je pense que cela a beaucoup plus d’impact quand on vient de l’extérieur », conclut-elle.

 


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