Arrivée des robots dans la construction

17 août 2017
Par Pierre-Luc Déry

Auparavant reliée qu’à la science-fiction, l’arrivée des robots sur nos lieux de travail deviendra bientôt une réalité. Et la construction s’avère un domaine où leur développement est le plus important.

Alors, les travailleurs de la construction seront-ils prochainement remplacés par des robots ?

 

Il semble que la présence des robots augmentera dans les prochaines années, surtout dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, de la construction et du transport de marchandises. Ce qui correspond aux emplois de cols bleus, à forte présence masculine[1]. Au Québec, 98,5 % des emplois du domaine de la construction sont occupés par des hommes[2].

 

Les études divergent cependant sur l’impact de l’arrivée des robots dans ces secteurs d’emploi. Une étude de l’Université d’Oxford, réalisée en 2013, avance que 43 % des emplois seront remplacés par des robots ou des ordinateurs, tandis qu’une note de l’OCDE de 2016 indique que seulement 9 % des emplois présentent un risque élevé d’automatisation au sein des pays industrialisés. Les deux études se rejoignent pourtant sur une chose : les emplois nécessitant peu de scolarité sont plus menacés que ceux exigeant des études postsecondaires[3].

 

Efficacité relative des robots

Ces travailleurs ne sont pas pour autant menacés par des robots super intelligents et pouvant, comme un humain, accomplir un éventail de tâches. Les robots étant dotés d’intelligence artificielle ont encore de la difficulté à réaliser des tâches simples. Par exemple, un robot de l’Université de Berkeley en Californie conçu pour apprendre à accomplir des tâches domestiques prend dix minutes pour plier une serviette.[4]

 

Cependant, la plupart des robots qui peuvent actuellement remplacer des travailleurs de la construction n’ont pas besoin d’intelligence artificielle pour fonctionner adéquatement, les concepteurs ne feront que la rajouter lorsque celle-ci sera au point[5].

 

Développement actuel de la robotique

En ce moment, on retrouve sur nos chantiers des robots aidant à la surveillance et l’analyse. Bientôt, il y aura également des robots capables de réaliser des travaux de maçonnerie ou de briquetage[6].

 

Pour preuve, la compagnie Caterpillar a annoncé, en juillet 2017, un investissement de deux millions de dollars dans un projet de machine capable de construire, brique par brique, un bâtiment en totale autonomie.  En effet, l’entreprise australienne Fastbrick Robotics a créé en 2015 le robot Hadrian X qui peut placer jusqu’à 1000 briques par heure[7]. Aucune version commercialisable de ce robot n’est disponible sur le marché pour le moment, mais on peut prévoir que lui ou un autre de ce type le sera dans les années à venir.

 

Le robot Hadrian X - Photo de Fastbrick Robotics

 

Déjà, au Japon, la pénurie de main-d’œuvre fait une place à l’automatisation. Des camions-bennes, des bulldozers et des rouleaux vibrants contrôlés à distance par des systèmes GPS se retrouvent sur les chantiers. À l’aide d’une simple tablette, une personne peut désormais diriger l’ensemble de l’équipement lourd[8].

 

Malgré les progrès technologiques, les chantiers de construction ne seront pas totalement automatisés au cours des prochaines années. Les tâches plus minutieuses, plus artisanales, devraient encore être faites par des êtres humains[9].

 

Un avenir pas si sombre après tout

Même s’il restera une place pour les humains dans les emplois de la construction, c’est tout un segment de la population qui pourrait être touchée par ces avancées technologiques. Au-delà du changement économique, les répercussions culturelles et sociales pourraient être graves, si la transition ne se fait pas de façon adéquate.

 

Tout n’est pas sombre pour autant. Autrefois à la traîne, le rattrapage technologique pourrait amener le domaine de la construction à devenir un secteur de pointe, stimulé par des nouvelles idées, des nouvelles façons de faire, des nouvelles personnes. Ces changements, s’ils vont éliminer certaines tâches, devraient en créer d’autres, plus sophistiquées, plus techniques, ce qui pourrait apporter une nouvelle relève au domaine de la construction, habituellement moins enclin à être d’avant-garde.

 


 

1. Laurie Penny, « Men Will Lose the Most Jobs to Robots, and That’s OK», 1er août 2017. En ligne

2. Commission de la construction du Québec, « Mixité en chantier : employeurs, engagez-vous ! » En ligne

3. Marie Charrel, « Pour l’OCDE, 9 % des emplois sont menacés par les robots », Le Monde Économie,  20 mai 2016. En Ligne

4. Rory Hyde, « Architecture in the coming age of Artificial Intelligence », 11 janvier 2016. En ligne

5-6. Association of Equipment Manufacturers, « How Artificial Intelligence Could Revolutionize Construction », 17 octobre 2016. En ligne

7. « Caterpillar : des millions pour un robot maçon », le 13 juillet 2017. En ligne

8-9. Edouard Pflimlin, « Au Japon, la construction se met à la robotisation », Le Monde, le 16 mars 2017. En Ligne