25 octobre 2012
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

Bien qu'il fût l'objet de nombreux projets de recherche au cours des dernières années, l’éclairage en architecture n'a pas encore livré tous ses secrets. Alors que la relation unissant la lumière et le confort visuel des occupants d'un bâtiment est généralement bien comprise, les impacts de la lumière sur la physiologie de ces mêmes occupants demeurent en quelque sorte imprécis, voire incertains.

 

Avancement de la science

Certaines recherches ont démontré que les niveaux d’éclairement préférés par les occupants s'avèrent parfois supérieures aux valeurs recommandées par les standards et normes reconnus dans le domaine de l'éclairage. Par conséquent, les niveaux d'éclairement jugés satisfaisants correspondent à des conditions où des stimulations biologiques peuvent se produire. Ces résultats suggèrent donc que le confort des occupants dépend à la fois de la satisfaction de leurs besoins visuels et biologiques.

 

Dans les faits, la lumière est un régulateur important de la physiologie humaine. À titre d'exemple, les cycles quotidiens de luminosité et de noirceur sont particulièrement efficaces pour assurer la qualité du sommeil. Certes, l’état actuel de la recherche portant sur l'éclairage en architecture permet d’affirmer que l’intensité, la durée et les cycles d’exposition à la lumière influencent la physiologie humaine. Il est toutefois impossible de statuer avec précision sur les conditions (ou combinaisons de conditions) menant au bien-être physiologique optimal des occupants. La difficulté provient principalement du fait que la dose quotidienne de lumière requise par le corps humain n'a pas encore été identifiée.

 

Photobiologie

Malgré qu'il soit encore trop tôt pour formuler des recommandations quant à la gestion de l'éclairage en lien avec le rythme circadien humain, les chercheurs s'entendent pour dire qu'une exposition à la lumière permettrait d'influencer le taux de mélatonine, une neurohormone sécrétée par la glande pinéale régulant entre autres les cycles d'éveil et de sommeil. Concrètement, une journée typique comporte des périodes au cours desquelles une exposition à la lumière peut influencer directement le fonctionnement du corps humain.

 

Ainsi, une exposition à la lumière en matinée permettrait de devancer le cycle circadien, une conséquence souhaitable puisque la majorité de la population possède un cycle circadien légèrement supérieur à 24 heures. Pour cette portion de la population, voir leur cycle précipité en début de journée permet à leur organisme de mieux se conformer au canevas d'une journée typique. En milieu de journée, une grande exposition à la lumière naturelle permettrait de réduire la production de mélatonine et, par conséquent, d'augmenter le niveau d'éveil des occupants sans pour autant devancer ou retarder leur cycle circadien. Un effet souhaitable en milieu de travail puisqu'il permet de bonifier à la fois le bien-être et le niveau de productivité des occupants.

 

Aménagements lumineux

Afin d'offrir un niveau d'éclairement adéquat, autant sur le plan visuel que physiologique, il importe que les environnements intérieurs offrent un accès privilégié à la lumière naturelle, et ce, pour le plus grand nombre possible. Pour ce faire, les concepteurs ont avantage à libérer les murs périphériques de tout espace cloisonné et de démocratiser l'accès à la lumière et aux vues sur l'extérieur.

 

En milieu hospitalier, les chambres de patients comportant une fenestration faisant face à l'est et au sud offriront à leurs occupants un éclairage constant tout en renforçant la stimulation de leur système circadien. À l'opposé, une fenestration orientée vers l'ouest favorisera l'éclairement principalement en fin de journée, contribuant ainsi à atténuer la stimulation circadienne, ce qui, pour la plupart des gens, est à éviter. En conclusion, il s'agit pour les concepteurs, dès l'élaboration d'un programme fonctionnel et technique et lors des phases préliminaires d'un projet, de considérer l'éclairage comme un élément déterminant de la qualité architecturale et du niveau de confort des occupants.

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez Coarchitecture (anciennement Hudon Julien Associés), bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’ECOOP, une coopérative offrant divers services de consultation en science du bâtiment.

 


Conseil du bâtiment durable du Canada - section du Québec

 

Cette chronique est parue dans l’édition du mardi 23 octobre 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !