1970 : L’industrie poursuit sur sa lancée

On se souvient que l’expropriation massive et à bas prix touche quelque 1 700 ménages et fait presque autant de mécontents.

C’est également en 1970 que débute la construction de la centrale souterraine Manic- 3, qui sera plus tard rebaptisée centrale René-Lévesque. Avec ses six groupes turbines- alternateurs Francis, qui développent une puissance de 1,2 million de kilowatts à partir d’une hauteur de chute de 94 mètres, la centrale sera à terme la plus puissante des centrales souterraines de la Côte-Nord.

Anticipant un éventuel Plan Nord, le directeur de l’École polytechnique, Jean-Bernard Lavigueur milite en faveur de la création d’un Centre d’ingénierie nordique par l’École polytechnique. Dans une allocution, il souhaite que Polytechnique, axée entièrement sur les sciences appliquées, assure son leadership dans le développement du Nouveau- Québec, tant par la recherche, en laboratoire et sur le terrain, que par la formation d’ingénieurs capables de faire face aux enjeux que pose ce vaste territoire.

De son côté, le gouvernement du Québec donne le coup d’envoi de la construction d’un gratte-ciel sur la colline parlementaire. Haut de 31 étages, le Complexe G, également connu sous le nom d’Édifice Marie- Guyart, symbolise l’expansion du secteur public et témoigne également de la fascination éprouvée à l’époque à l’égard des tours de bureaux, souvent associées au progrès et à la modernité.

Toujours du côté institutionnel, les écoles secondaires polyvalentes se multiplient aux quatre coins de la province, conformément aux visées du ministère de l’Éducation qui veut rendre accessible à tous l’enseignement professionnel et secondaire. Le 17 décembre 1969, le gouvernement annonce la construction de cinq écoles. Représentant un investissement global de plus de 18 millions $, elles seront construites à Tracy, à Saint-Joseph, à Forestville, à Sherbrooke et à Jonquière.

À peine quelques jours plus tard, c’est au tour des municipalités de Saint-Prosper de Dorchester, d’East-Angus, de Sainte-Rose d’Auteuil, de Hull et de Mont-Laurier, de se voir promettre une polyvalente. Encore là, les coûts globaux avoisinent les 18 millions. Au tout début de janvier 1970, le gouvernement fait part de son intention d’ériger cinq autres écoles secondaires. Évaluées à 22 millions $, ces nouvelles écoles verront le jour à Alma, à Lac-Mégantic, à Grande-Rivière, à Drummondville et à La Tuque.

Malgré ce flot d’investissements dans l’éducation publique, le secteur privé n’est pas en reste. On se souvient qu’en Outaouais, à Aylmer pour être plus précis, la compagnie Northern Telecom jette les bases d’une nouvelle usine de produits métalliques et électroniques qui emploiera quelque 1 000 personnes avant d’amorcer son déclin, autour de 1985.

Entre-temps, les écologistes commencent à imprimer leur vision aux projets autoroutiers. La construction de l’autoroute Dufferin- Montmorency en est un bel exemple. Qualifié d’épine dorsale du réseau routier de la capitale québécoise, ce lien nécessaire au développement de la région soulève de nombreux conflits mettant en cause l’environnement et le droit au logement. La Ville annonce entre autres qu’elle rasera quelque 300 logements à prix modique pour faire place au bitume. Un exercice citoyen qui contribue à l’implantation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) tel qu’on le connaît aujourd’hui.