8 solutions pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre

2 mars 2021
Par Ruby Pratka

Depuis plusieurs années, la Commission de la construction du Québec (CCQ) tire la sonnette d’alarme en ce qui concerne une pénurie de main-d’œuvre annoncée.

Déjà en 2018, la CCQ avait sorti une étude sur le sujet. « La pénurie est liée à la démographie... nous avons une population vieillissante, et il y a aussi de moins en moins de jeunes qui s’inscrivent en formation professionnelle pour les métiers de la construction. Il y a plus de personnes qui quittent la profession et moins qui y entrent, et en même temps l’activité dans l’industrie est élevée, ce qui crée une pression importante », résume Mélanie Malenfant, la porte-parole de la CCQ. 

 

En réponse à cette situation, à la suite d’une démarche de consultation avec les associations patronales et syndicales, la CCQ propose huit modifications réglementaires qui visent à amortir l’impact de la pénurie de main-d’œuvre en facilitant l’accès à l’industrie aux nouveaux arrivants et aux jeunes.

 

Une des modifications proposées permettrait l’octroi d’un certificat de compétence d’apprenti à « toute personne qui soumet un dossier pertinent de reconnaissance de l’expérience professionnelle », selon le site web de la CCQ. Deux autres propositions, visant à encourager l’entrée des jeunes dans l’industrie, favoriseraient la mise en place de programmes de formation en alternance travail-études et l’augmentation du nombre d’enfants d’employeurs qui travaillent sur les chantiers (en permettant à chaque employeur d’obtenir deux exemptions de certificat de compétence pour enfant d’employeur, au lieu d’une seule).

 

Une autre modification permettrait à des personnes diplômées dans certains métiers spécialisés (arpenteur, scaphandrier, boutefeu-foreur) de recevoir un certificat de compétence-occupation sans devoir passer par le Cours de connaissance générale de l’industrie de la construction (CCIG) et le tirage au sort. D’autres accéléreraient l’obtention du statut de compagnon pour les apprentis en bonifiant la valeur des heures de formation initiales et en permettant aux apprentis de passer leurs examens de qualification dès qu’ils complètent 85 % de leurs heures de formation pratique prévues. Enfin, deux autres modifications visent l’embauche de davantage d’apprentis par compagnon (deux apprentis à leur dernière période d’apprentissage pour un compagnon plutôt qu’un seul) et la possibilité pour les apprentis de faire des tâches résiduaires sur les chantiers.

 

« Il est souhaité que les travailleurs qui ont de l’expérience ailleurs puissent la convertir en expérience ici et que davantage d’apprentis deviennent compagnons,  résume Mélanie Malenfant. Nous voulons aussi encourager les étudiants qui se sont inscrits à la formation professionnelle à terminer leurs cours plus rapidement et à accéder plus vite au statut de compagnon. »

 

Une analyse d’impact préparée par la CCQ indique que les modifications permettraient aux aspirants travailleurs de la construction d’intégrer plus rapidement la profession sans nuire aux standards de performance et sans occasionner un coût additionnel pour les entreprises.

 

Mélanie Malenfant précise que les modifications proposées relèvent de changements réglementaires, et non législatifs. Les propositions sont actuellement en cours d’analyse par le Conseil des ministres. Selon elle, il est difficile d’estimer le temps que le processus d’approbation et de mise en vigueur des modifications prendra; la CCQ espère toutefois voir les modifications entérinées d’ici la fin de l’année.

 

Les huit propositions en rafale :

  1. Générer plus de polyvalence en chantier 
  2. Reconnaître l’expérience acquise hors de la construction pour intégrer l’industrie
  3. Permettre le travail en chantier pendant les études
  4. Favoriser la relève entrepreneuriale
  5. Faciliter l’entrée des personnes diplômées dans certaines occupations spécialisées
  6. Accélérer l’accès au statut de compagnon pour les personnes diplômées
  7. Accélérer l’obtention du statut de compagnon pour tous les apprentis
  8. Permettre l’embauche d’un plus grand nombre d’apprentis

Cet article est paru dans l’édition du 18 février 2021 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.