Un centre de transport pas comme les autres

6 septembre 2016
Marie-Noëlle Deblois

Deux ans après son inauguration, le Centre de transport Stinson de la Société de transport de Montréal (STM) suscite toujours autant d'intérêt par son intégration urbaine et son empreinte écologique réduite. 

Rencontre avec Chantal Dubuc, ingénieure en mécanique du bâtiment à la STM, et son équipe, dans le cadre des Rencontres Novae, afin de présenter les innovations et le processus de mise en œuvre de ce bâtiment innovant.

 

Le projet, rappelons-le, représentait un défi de taille pour les concepteurs qui devaient penser un bâtiment capable à la fois d’accueillir 300 véhicules, 700 employés, redynamiser un secteur industriel et s’intégrer à l'environnement tout en le bonifiant.

 

Au départ, la construction d'un tel centre de transport à quelques mètres d'un développement résidentiel, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, ne faisait pas l’unanimité. « Personne ne voulait d'un garage d'autobus comme voisin. Il a fallu faire un effort d'intégration et de médiation colossal, tant auprès des résidents que de l'arrondissement », explique l'ingénieure en mécanique.

 

Pour éviter les nuisances sonores et visuelles occasionnées par une grande concentration d’autobus, le bâtiment a été conçu comme un centre entièrement fermé. Les surfaces végétales sont augmentées grâce à la mise en place du toit vert, mais aussi à la plantation de centaines de nouveaux arbres, arbustes et plantes et de 22 000 mètres carrés d’espaces gazonnés. La toiture, pourvue d’un couvert végétal sur environ 25 % de sa surface, a été traitée comme une cinquième façade pour agrémenter la vue des résidents des tours d’habitation qui avoisinent le site, tout en permettant la rétention des eaux de ruissellement. 

 

Tracer la voie du futur 

«Nous avons choisi de faire de ce projet une initiative durable exemplaire, qui trace la voie pour nos futures réalisations, a indiqué Philippe Schnobb, président du conseil d’administration de la STM. Par exemple, le système de récupération de chaleur, acquis au coût de 4,1 millions de dollars, génère une économie d’énergie récurrente d’environ 1 million de dollars annuellement.» Grâce à ces récupérateurs de chaleur à cassettes, environ 85 % de la chaleur dégagée par les véhicules et les aires d’entretien est réutilisée pour alimenter les systèmes de chauffage et de climatisation.

 

Le centre se distingue de plus par la qualité de ses espaces intérieurs. 21 énormes lanterneaux offrent des espaces intérieurs éclairés par la lumière naturelle, ce qui est rare pour un bâtiment de ce type.

 

Un bâtiment évolutif

Comme la STM prévoit être en mesure d’acheter exclusivement des véhicules électriques d'ici 2025, le bâtiment tient compte de ce virage. Ainsi, les bornes de biodiesel, installées au centre du bâtiment, pourront être remplacées par des bornes électriques. Les grandes portes d’entrée et de sortie des autobus ont d’ailleurs été pensées pour accueillir les autobus électriques, qui, avec les batteries d’accumulateurs sur le toit, sont plus hauts que les véhicules actuels.

 

Si la STM visait initialement l'obtention d'une certification LEED Argent, c'est l'Or qu'elle a finalement obtenu. Une première au Québec pour un centre de transport. «LEED est une grille d'évaluation par rapport aux meilleures façons de faire. Le système n'invente rien, mais nous pousse à faire mieux, explique Chantal Dubuc. Quand LEED change de version, il oblige à repenser les technologies, les rendant du même coup plus accessibles et pousse l'industrie vers le haut. La certification reste donc un outil pertinent pour améliorer la qualité des projets.»