Chute de l’activité dans le secteur génie-voirie

12 janvier 2014

Le secteur du génie civil et de la voirie est en voie d’encaisser une importante baisse de son volume de travail.

Par Rénald Fortier

 

Terminé le boum qui ne cessait de s’amplifier depuis plus d’une décennie dans le génie et la voirie. Selon les plus récentes prévisions de la Commission de la construction du Québec (CCQ), ce secteur de l’industrie terminera l’année en cours avec 30 millions d’heures travaillées au compteur. Une baisse de 17 % par rapport au sommet historique de 36,3 millions d’heures enregistré en 2012.

 

Un retournement tout aussi spectaculaire qu’imprévu quand on sait qu’au moment de livrer ses perspectives pour 2013, à la fin de la dernière année, la CCQ s’attendait à ce que le nombre d’heures travaillées grimpe à 38 millions dans le génie et la voirie. Même en tenant compte d’une diminution de la valeur des investissements dans certains créneaux alimentant l’activité dans ce secteur.

 

« Il s’est vraiment passé quelque chose pour que les prévisions changent du tout au tout comme ça, indique Louis Delagrave, directeur de la recherche et de la documentation à la CCQ. Au début de 2012, le secteur génie civil- voirie tournait au-dessus de 40 millions d’heures travaillées avant de dégringoler en bas de 30 millions d’heures à l’automne.

 

« Nous, nous savions que le secteur devrait notamment composer avec l’achèvement du projet hydroélectrique Eastmain-1-A – Sarcelle – Rupert, du Pipeline Saint-Laurent et de parcs éoliens, ajoute l’économiste. Mais nous n’avions pas du tout prévu que les investissements dans les transports allaient descendre à 2,5 milliards cette année. Ni les retards observés dans le démarrage de chantiers d’infrastructures par les municipalités. »

 

Mis à part la construction de lignes de transport d’énergie, qui devrait demeurer relativement stable à 3,5 millions d’heures travaillées, la baisse d’activité anticipée se fera sentir dans tous les sous-secteurs du génie civil et de la voirie en 2013 : infrastructures (25,4 à 20 millions d’heures), éoliennes (2 à 1,5 million d’heures), centrales d’énergie (4 à 3,5 millions d’heures) et pipelines (1,2 million à 200 000 heures).

 

Un recul qui se répercutera aussi sur les besoins en main-d’oeuvre. C’est ainsi qu’au final, le nombre de travailleurs actifs sur les chantiers devrait passer de 41 400, en 2012, aux environs de 36 000 ou 37 000 cette année. Une baisse ressentie dans presque tous les métiers du secteur, mais encore plus chez les scaphandriers, les mécaniciens de machinerie lourde, les arpenteurs, les opérateurs d’équipement lourd, les boutefeux et les foreurs ainsi que les opérateurs de pelles mécaniques.

 

La bonne nouvelle dans tout ça, parce qu’il y en a une, c’est que le repli de l’activité devrait atteindre un plateau à 30 millions d’heures travaillées en 2013 et demeurer à niveau l’an prochain, avant de repartir à la hausse en 2015 pour se stabiliser à 32 millions jusqu’en 2017. Rien à voir donc avec les années de vache maigre qu’avait connues le secteur génie civil-voirie dans les années 90 – il avait atteint un creux de 12 millions d’heures travaillées en 1997.

 

« C’est sûr que les choses peuvent changer d’ici là, indique Louis Delagrave, mais tout porte à croire que le volume d’activité va s’accroître de nouveau après la correction qui se dessine cette année. Parce qu’après ça il va y avoir quelques grands projets qui vont générer de l’activité, comme ceux du nouveau pont Champlain et de l’échangeur Turcot. »