Prévenir les bris d’infrastructures souterraines

6 décembre 2013

 Encore trop nombreux, les bris causés aux infrastructures souterraines lors d’excavations coûtent cher aux propriétaires des services concernés et à la collectivité québécoise. Un coup de barre s’impose pour les prévenir.

Par Rénald Fortier

 

Cinq. C’est le nombre de bris par jour ouvrable causés aux infrastructures souterraines en 2012 au Québec, soit sensiblement le même que l’année précédente. Plus de 1 400 incidents, donc, qui auraient pourtant pu être évités si les responsables des dommages avaient formulé une demande de repérage à Info-Excavation avant de creuser, pour certains, ou adopté des méthodes de travail appropriées, pour d’autres.

 

Voilà pourquoi l’Alliance pour la protection des infrastructuressouterraines du Québec (APISQ) entend tout mettre en oeuvre pour prévenir les bris de conduites de gaz ou d’eau, les fils électriques et autres canalisations. Même qu’elle réclame depuis l’automne dernier l’adoption d’une loi en ce sens par le gouvernement du Québec, comme l'a fait celui de l’Ontario en juin 2012.

 

Nathalie Moreau, directrice générale de l’APISQ, précise : « Les propriétaires d’infrastructures souterraines en Ontario sont désormais responsables de fournir à un centre d’appel unique l’emplacement de leurs canalisations. Les personnes ou les entreprises qui sont appelées à creuser, elles, se doivent de vérifier avec ce centre d’appel ce qui se trouve dans le sol avant de s’exécuter, sous peine d’amendes significatives.

 

« En Ontario, poursuit-elle, il y a eu sept décès à la suite de bris d’infrastructures souterraines, au cours des dernières années, et c’est ce qui a amené le gouvernement à légiférer. Nous n’avons pas encore eu à déplorer d’accidents graves au Québec, mais il ne faudrait pas attendre que ça arrive. »

 

Comme une telle loi n’est à l’évidence pas à la veille d’être adoptée au Québec, l’APISQ a donc entrepris d’accentuer encore davantage ses efforts pour prévenir les bris d’infrastructures enfouies dans le sol. Parce qu’ils sont encore trop nombreux, certes, mais aussi parce qu’ils s’accompagnent de dommages très coûteux. Tant pour les propriétaires des services concernés que pour la collectivité en général.

 

Seulement pour 2012 au Québec, le total des coûts directs engendrés par les bris est estimé à 5,5 millions de dollars. Il comprend ceux encourus pour les propriétaires pour les services de réparation, l’achat des matériaux et les pertes de produits, mais pas les sommes liées aux dommages collatéraux : déploiement des services d’urgence, congestion de la circulation, interruptions de services publics ou impacts sur les commerces avoisinants pour couper court à l’énumération.

 

Des coûts indirects majeurs, comme l’indique le rapport préliminaire d’une étude commandée par l’APISQ au groupe de recherche CIRANO. À savoir qu’ils comptent pour 80 % de la facture devant être acquittée au final à la suite de bris d’infrastructures souterraines.

Sensibiliser et outiller

Pour en arriver à réduire le nombre de bris, et par ricochet les coûts qui en découlent, l’APISQ continue encore et encore de travailler de pair avec Info-Excavation pour sensibiliser les excavateurs à l’importance d’adresser une demande de localisation avant de creuser. D’autant plus qu’ils ont tout intérêt à le faire puisqu’ils s’exposent à des poursuites advenant qu’ils endommagent des canalisations.

 

« Bon an mal an, indique Nathalie Moreau, entre 30 et 40 % des bris sont associés au fait qu’aucune vérification n’avait été faite. C’est encore beaucoup trop, d’autant plus que le service offert par Info-Excavation est gratuit et accessible en tout temps. En plus, c’est tellement simple et rapide de lui formuler une demande de localisation par l’entremise d’internet. »

 

L’APISQ, souligne sa directrice générale, a aussi développé de nouveaux outils à l’intention de tous ceux qui sont interpellés par la sécurité des travailleurs et la protection des infrastructures souterraines : municipalités, ingénieurs, entrepreneurs en excavation, paysagistes… C’est ainsi qu’elle a récemment mis en ligne sur son site web un guide destiné aux rédacteurs d’appels d’offres. Cet ouvrage évolutif clarifie l’importance du rôle du donneur d’ouvrage dans les phases de planification et de conception de travaux, puis lui permet d’intégrer ces clauses à ses demandes de soumissions.

 

Dans la même veine, l’Alliance a aussi mis sur pied une formation sur la prévention des dommages aux infrastructures souterraines. « Nous l’avons offerte pour la première l’hiver dernier et nous avons eu au total plus de 125 participants, note Nathalie Moreau. Nous nous déplaçons également en entreprise pour donner ce cours. »

 

Il faut dire que plusieurs des bris continuent de survenir malgré qu’un repérage des infrastructures ait été fait au préalable auprès d’Info-Excavation – ratio de 21,23 par 1 000 demandes en 2012. Et la plupart du temps, dans plus de 50 % des cas l’an dernier, en raison de pratiques d’excavation déficientes.

 

« C’est pour cela que la formation est importante, conclut Nathalie Moreau, car il faut que celui qui va creuser fasse son travail de la façon la plus appropriée possible. Il importe notamment que l’infrastructure soit bien marquée sur le terrain et, aussi, de respecter une zone tampon. Parce que si on va directement attaquer le marquage au sol avec une rétrocaveuse, on risque d’accrocher le conduit. »

 

TROIS PIÈGES À ÉVITER
  • Ne pas faire appel à Info-Excavation pour vérifier s’il y a des infrastructures souterraines là où l’on doit pratiquer une excavation
  • Tenir pour acquis que l’on connaît bien le terrain et qu’aucune infrastructure n’y est enfouie
  • Ne pas respecter la zone tampon et creuser directement sur le marquage au sol d’une infrastructure