Info-Excavation : Vers une législation ?

7 avril 2015
Par Benoit Poirier

Il y a 23 ans, lors de la création d'Info-Excavation, on dénombrait une moyenne de six incidents par jour au Québec. En 2014, ce nombre est passé à… cinq et plus. Lente amélioration. Et encore, ce chiffre couvre uniquement les bris déclarés, qui se font sur une base volontaire.

On ne parle pas ici de causes naturelles comme l'action du gel et du dégel, mais bien de bris causés lors de travaux. « Depuis que nous documentons les bris, soit depuis cinq ans, on s'est amélioré d'un bris par jour, soit de 24 %, précise Nathalie Moreau, directrice générale, Prévention et affaires publiques d'Info-Excavation. Il y a différentes raisons. Le fait que des gens ne se sentent pas interpelés par l'impact que cela peut avoir. »

 

Outre les risques réels liés à la sécurité des travailleurs et des citoyens, les mauvaises pratiques d'excavation ont un coût socio-économique (qu'a comptabilisé la firme de recherche de réputation internationale CIRANO) : plus de 95 millions $ juste l'an dernier.

 

La mission qu'Info-Excavation s'est donnée vise à prévenir l'endommagement d'infrastructures souterraines et à contribuer à la sécurité de tous, tout comme à la protection de l’environnement. L'organisme insiste sur l'importance d'être partenaire en prévention.

 

« Nous, il faut nous assurer que tous les propriétaires d'infrastructures soient membres d'info-Excavation afin que l'entrepreneur ait toute l'information. Mais aujourd'hui, déplore Nathalie Moreau, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas obligatoire. Il y a seulement 75 municipalités membres. Or, plus de la moitié des bris surviennent lors de travaux d'égouts et d'aqueduc, rues et routes. Donc, pour la plupart des bris, ce sont lors de travaux donnés à contrat par des municipalités. »

 

La cause première, ce sont les pratiques d'excavation déficientes, comme de ne pas bien découvrir l'infrastructure avant de la déterrer. « Mais la deuxième cause principale, et c'est celle-là qui me touche le plus parce qu'elle pourrait facilement être évitée, c'est le fait que, dans 34 % des cas au Québec, on ne vérifie pas auprès d'Info-Excavation avant de creuser.

 

« C'est important aussi d'entendre ce qui se fait ailleurs, poursuit-elle. Parce qu'ailleurs, il y a eu des blessures graves en raison de mauvaises façons de travailler près d'infrastructures souterraines. Au Québec, nous avons été chanceux à ce jour ; on ne compte pas de blessures graves ni de mort d'hommes. Mais ailleurs il y en a eu. »

 

L'organisme continue de prêcher, de sensibiliser, de faire de la formation. L'événement annuel en est entre autres l'occasion. Mais en raison du taux persistant de négligence, on a entrepris des démarches visant la rédaction d'un éventuel projet de loi. « Il ne faut pas attendre d'avoir un drame. »

 

Un congrès sous le signe de la diversité

Ce constat est l'un des sujets abordés lors du 9e congrès d'Info-Excavation, qui s'est déroulé les 26 et 27 mars dernier au manoir Saint-Sauveur sous le thème La prévention, ça se communique. Quelque 150 propriétaires d'infrastructures, ingénieurs, fournisseurs, fabricants, organismes ainsi qu'un nombre record d'entrepreneurs ont participé à l'événement annuel. « C'est toujours très important pour nous d'avoir une variété d'intervenants, car on travaille avec différents groupes d'intérêt », mentionne Nathalie Moreau.

 

Conférences, notamment de la dragonne Danièle Henkel, et ateliers étaient au menu. Et des cas vécus. Tels une collaboration fort probante entre le service des incendies de Gatineau et Gazifère, des exemples concrets de projets qui se sont bien ou moins bien déroulés au Québec et la présentation des retombées positives qu'a eu l'adoption d'une législation en Virginie.

 

« Ce qui était fort intéressant c'est la Ville de Rosemère, qui est vraiment pour moi un exemple à suivre. On va travailler avec le directeur des services techniques Jean-Philippe Lemire pour inciter d'autres municipalités à devenir membres et pour mettre en place des bonnes façons de faire. »