La collaboration afin d’optimiser les modes de réalisation

14 juillet 2021
Par Vincent Rioux

Alors que les projets de construction dans le secteur des infrastructures foisonnent comme jamais, il appert pertinent de se questionner sur les modes de réalisation de ces chantiers névralgiques.

De nombreux grands projets en infrastructures sont effectivement en conception ou en cours de réalisation au Québec. De fait, d’ici 2031, les projets dans ce secteur totalisent des investissements estimés à 135 milliards de dollars.

 

« Ces projets s’inscrivent dans un contexte où on a encore plusieurs projets qui sont en dépassement de couts », indique d’emblée le directeur des modes de réalisation alternatifs chez Construction Kiewit, Philippe Jünger, au début du Forum stratégique sur les grands projets de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui s’est tenu à la mi-juin.

 

De nombreux projets présentent effectivement des retards dans l’échéancier, ce qui engendre toujours des réclamations d’entrepreneurs et, corollairement, des dépassements de couts qui tournent autour de 10 %. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où plusieurs projets ont peu de soumissionnaires. « Beaucoup de projets ont seulement deux et quelquefois un seul soumissionnaires », constate M. Jünger. De plus, on observe présentement une surcharge de demandes en ingénierie, ce qui rend difficile la réalisation de projets en mode traditionnel.

 

Selon M. Jünger, il faudrait favoriser les approches collaboratives afin d’optimiser les modes de réalisation. « Ce sont des approches où le client travaille avec les ingénieurs et les entrepreneurs, précise-t-il. Que ce soit la gérance de construction entrepreneur à risque, la réalisation de projets intégrés, l’approche alliance ou la conception construction progressive. »

 

Bien que ces quatre types d’approches collaboratives ne soient pas nouvelles, elles gagneraient à être plus utilisées au Québec. Comment ces approches se distinguent-elles de l’approche traditionnelle ? Elles sont axées sur la sélection d’une équipe et non pas la sélection d’un prix.

 

« Il s’agit de choisir une équipe afin de travailler de façon collaborative, souligne M. Jünger. De cette manière, les intérêts des parties sont alignés en plus de développer des approches de partage de risque à l’entité qui est la plus adaptée pour faire face au risque. Ça se fait dans une approche de prix cible, donc il y a des incitatifs. »

 

Modes alternatifs d’approvisionnement

Pour les projets de plus petite envergure en infrastructures au Québec, les approches précédentes peuvent s’avérer moins bien adaptées. « La solution passe par les modes alternatifs d’approvisionnement et là je parle notamment des partenariats public-privé (PPP) », propose Ilan Dunsky, associé et cochef du groupe de pratique national des Infrastructures et PPP chez Dentons Canada, lors du Forum. Selon le Conseil canadien des PPP, environ 300 projets ont été complétés ou sont en cours de réalisation au Canada depuis les 20 dernières années. De ces 300 projets, seulement 22 ont été réalisés au Québec.

 

Il y aurait plusieurs avantages à accomplir plus de projets sur ce mode. Par exemple, les PPP fonctionnent et coutent normalement moins cher qu’un projet en mode conventionnel, selon M. Dunsky. Toutefois, l’avantage le plus important est probablement que le mode PPP complet inclut l’exploitation et l’entretien, ce qui assure une meilleure durabilité des infrastructures au fil des années.

 

« L’expérience des 50 dernières années démontre que le manque d’entretien des infrastructures, au Québec comme ailleurs, est chronique. Il y a très peu d’incitatifs pour les gouvernements de s’assurer de leur bon entretien. Or, le modèle PPP prévoit justement l’entretien des infrastructures », conclut-il.

Cet article est paru dans l’édition du 1e juillet 2021 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.