Bois certifié FSC : une industrie en développement

3 juin 2011
Mathieu Fleury, architecte, P.A. LEED

La demande de l'industrie de la construction pour le bois produit par une foresterie durable est en hausse constante. Le souci accru de réaliser des projets de construction ayant un impact environnemental réduit en est la première cause. Les outils de mesure de performance environnementale des projets, tel le système d'évaluation LEED, contribuent également à faire augmenter la demande pour les produits de bois certifiés. L'industrie du bâtiment s'adapte rapidement à ce nouveau marché. Néanmoins, de nombreux efforts restent à faire afin que l'ensemble des composantes de bois de toutes nouvelles constructions répondent aux critères environnementaux d'organismes tels que le FSC[1].

 

L'industrie forestière avance à grands pas dans la mise en œuvre de pratiques de gestion durable de la ressource. Le défi est grand : notre pays héberge sur son territoire 30 % de la forêt boréale mondiale et nous sommes le premier exportateur mondial de produits du bois. Aujourd'hui, 20 % de nos forêts sont certifiées par le FSC. Si les exploitants forestiers font face à de grands enjeux, il en est de même pour les acteurs de l'industrie de la construction. Les donneurs d'ouvrage, les entrepreneurs et autres professionnels, en exigeant du bois certifié, contribuent de manière active à protéger et à renouveler l'héritage forestier.

 

Pourquoi construire avec du bois FSC ? Nous avons souvenir des coupes à blanc et de la déforestation. Malgré l'importante évolution des méthodes de foresterie, il y a lieu de demeurer vigilent : ce n'est pas la totalité de nos forêts qui sont exploitées de façon durable et la déforestation existe toujours. Souvent, les développements territoriaux et les projets de construction sont visés : la réelle déforestation implique une stérilisation du sol. Si une forêt est récoltée sans être replantée, elle finira par se régénérer naturellement. La régénération sera simplement plus longue. Par contre, si le site où se trouvait la forêt est asphalté pour la construction de stationnements ou de routes, s'il y a développement minier, il y a alors désertification artificielle du sol et conséquemment, déforestation permanente. Par souci de cohérence, les projets de construction et de développement écologique intégrant du bois certifié devraient être sensibles au lieu où ils sont construits et à leurs impacts sur le site. Avec l’annonce du Plan Nord, ces enjeux semblent être particulièrement d’actualité.

 

La certification FSC est une norme internationale reconnue par d'importantes associations écologiques telles que la fondation David Suzuki ainsi que par de nombreuses communautés des premières nations. Il existe deux types de certification : une pour l'exploitation forestière et l'autre pour la commercialisation et transformation des produits certifiés. Selon les critères FSC, les méthodes d'exploitation forestière doivent protéger les cours d'eau et la biodiversité. Elles doivent assurer le renouvellement de la ressource par la plantation de nouveaux arbres. Des aspects sociaux comme le respect des droits des autochtones et des travailleurs forestiers doivent être considérés. Finalement, des mesures visant à mettre en valeur la dimension récréotouristique de la forêt sont favorisées.

 

La seconde certification, que peuvent obtenir les détaillants de produits de bois et entreprises de transformation (ébénistes, fabricants de fermes de toit, etc.) vise à garantir la provenance des produits certifiés par l'application de normes strictes en matière de traçabilité. Afin de pouvoir commercialiser des matériaux FSC, l'obtention d'un certificat de chaîne de traçabilité est requise. L'obtention de cette accréditation implique une série de mesures visant à vérifier la provenance du bois et à prévenir le mélange de bois certifié avec d'autres produits qui ne le seraient pas. L'objectif est de créer un marché favorable qui encourage le développement de saines pratiques forestières.

 

À ce sujet, la version 2009 de la norme LEED requiert que, pour qu'un produit de bois soit reconnu comme étant certifié par le FSC, l'ensemble des intervenants qui produisent, transforment ou vendent ledit produit possèdent un certificat de traçabilité FSC. Le seul qui en est dispensé est l'entrepreneur général qui s'approvisionne chez des fournisseurs certifiés. Les ébénistes, fabricants de fermes et de structures préfabriquées, manufacturiers et détaillants de matériaux doivent obtenir leur certification. Avec la demande pour les matériaux certifiés qui augmente rapidement, ceux qui posséderont leur certification auront un avantage certain sur le marché.

 

Quels sont les résultats, les impacts de l'utilisation de bois certifié sur l'architecture ? Les bâtiments verts ont certes des caractéristiques visibles : l'impact des stationnements est minimisé, les plantes indigènes foisonnent, notamment sur les nombreuses toitures végétales. Les espaces sont caractérisés par l'abondance de lumière et de bois. L'air est frais sans aucune odeur de COV : le milieu est sain. Il y a possibilité de voir encore plus loin et d'apprendre à voir l'invisible. Le bois est intrinsèquement beau, toujours il a servi l'être humain qui, en retour, l'a toujours considéré comme un matériau noble.

 

Un bâtiment de bois porte en lui un héritage constructif millénaire. Lorsque l'on se trouve dans un bâtiment de bois certifié, évidemment l'espace peut être beau, le bois utilisé de manière inventive est mis en valeur. Mais lorsque l'on réalise que tout le bois présent fut récolté et aussitôt replanté, que les cours d'eau et la faune furent préservés et développés, que les premières nations sont en accord avec la manière dont se fait l'exploitation territoriale, que la forêt se régénère et absorbe le CO2 que nous générons quotidiennement, alors l'invisible apparaît : le bâtiment possède une beauté intangible, invisible et intensément présente.

 


[1]Forest Stewardship Council.

 

L’auteur est architecte pour la firme Vachon & Roy à Gaspé.