29 novembre 2019
Par Judith Largy-Nadeau

La modélisation des projets de construction révolutionne la chaine de valeur dans le secteur du bâtiment. Malgré une accentuation du temps de conception et de préparation, les avantages du BIM se font ressentir au sein de l’industrie. Notamment chez J.P. Lessard Canada et Plombaction.

Le Building Information Modeling, communément appelé BIM, aide à intégrer dans un seul modèle toutes les informations relatives au bâtiment, tant pour sa conception, sa construction, son opération, que son entretien ou son maintien.

 

L’utilisation de logiciels permettant l’application du BIM croit en popularité au Québec depuis quelques années, et plusieurs entreprises constatent les avantages d’une telle approche.

 

À la croisée du changement

Tel est le cas pour J.P. Lessard Canada. Spécialisée en conception, fabrication et installation d’équipements de conditionnement de l’air, l’entreprise a commencé à utiliser le BIM à la demande de l’Université de Montréal, lors de sa collaboration sur le projet de construction du Complexe des sciences, en 2016. « Le BIM a été intégré parce que la plupart de nos clients en font la demande, explique André Lessard, coprésident de J.P. Lessard Canada. Nous n’avions pas le choix, il faut suivre l’industrie. »

 

À la suite de cette réalisation, un département destiné à l’utilisation du BIM a été créé, ce qui a rapidement fait de l’entreprise une référence en la matière. Aujourd’hui, la modélisation de données est utilisée dans la majorité de ses projets.

 

Jean-Philippe Guimont, directeur BIM chez J.P. Lessard Canada, note qu’il est relativement nouveau d’utiliser des logiciels dans l’industrie. « C’est comme s’il y avait une rencontre entre la technologie et le domaine de la construction, et on apprend à se connaitre. »

 

André Lessard et Jean-Philippe Guimont. Photo : Catherine Legault

 

Bien que la conception et l’utilisation d’une maquette 3D requièrent beaucoup de temps et de coordination en début de projet, le BIM présente plusieurs bienfaits. M. Lessard considère qu’il offre entre autres des avantages importants sur le plan de la coordination et de la lecture de plan. « Cela rend les interférences entre deux corps de métier beaucoup plus visibles. Pour les personnes qui ont moins de vision spatiale, c’est plus facile. »

 

Jean-Philippe Guimont ajoute qu’en consacrant plus de temps et de ressources à la planification et à la conception d’un projet, il est possible d’y prévenir beaucoup de problèmes qui surviennent habituellement sur le chantier, où les imprévus coutent beaucoup plus cher. La rentabilité et le succès d’un projet BIM restent toutefois tributaires d’une bonne coordination entre les différentes équipes. « Pour l’instant, le BIM, ce n’est pas plus rapide, mais ça va devenir un incontournable puisque ça offre beaucoup d’avantages pour les architectes et les ingénieurs, en plus de faciliter l’entretien du bâtiment », souligne André Lessard.

 

Chaque entreprise peut utiliser une approche et un logiciel différents lors de son application de la méthode. Cela peut donc demander plusieurs ajustements de la part des professionnels qui collaborent à un même projet et causer des interférences. En revanche, le BIM, lorsqu’il est bien utilisé, rend disponible l’information nécessaire pour assigner les responsabilités aux bonnes personnes. Moins de problèmes sont ainsi transférés aux mauvais départements.

 

Quand on le questionne sur sa vision future du BIM au Québec, le directeur BIM de J.P. Lessard Canada est clair : « Je souhaite que l’industrie se développe et que tout le monde soit sur un pied d’égalité. On voit qu’il y a une bonne progression de la part de l’industrie vers une utilisation plus complète du BIM. La preuve est que plusieurs entreprises ont maintenant un département qui lui est réservé ».

 

Des bénéfices immédiats

Cédrik Courtois est directeur du développement des affaires chez Groupe Plombaction, une entreprise spécialisée en mécanique du bâtiment. Il apprécie lui aussi la coopération et la communication que rend possibles le BIM.

 

Cédrik Courtois. Photo: Exposelmage

 

Auparavant effectués à la main, les dessins techniques furent ensuite réalisés avec le logiciel AutoCAD. Maintenant, grâce au logiciel Revit, les employés réalisent des images 3D de leurs projets, ce qui donne une projection plus près de la réalité et une vue plus réelle des éléments à construire.

 

Le BIM est utilisé pour une grande variété de projets au sein de l’entreprise, autant pour les bâtiments neufs qu’existants. L’un de ses principaux attributs est la centralisation de toute l’information relative à un projet au même endroit. Cela permet, par exemple, de constituer rapidement la liste d’achats du matériel nécessaire à la réalisation des travaux. Il arrive également que les clients souhaitent conserver la maquette pour la mettre à jour pendant l’occupation de l’immeuble et avoir accès à l’information qui y est contenue. Le BIM s’avère ainsi utile pour la gestion d’actifs et la planification de futures interventions d’entretien et de remplacement.

 

Alors que la maquette BIM d’un nouveau bâtiment doit être dessinée dans un logiciel, celle d’un bâtiment existant peut se faire à l’aide d’un numériseur laser. Celui-ci est employé pour produire un nuage de points, ensuite transformable en maquette. Certains projets réalisés chez Groupe Plombaction exigent de localiser des conduits et des fils situés dans les murs. En pareilles situations, un détecteur de métal est utilisé pour ajouter cette information au logiciel.

 

Afin de confirmer l’exactitude de la maquette, certains points du nuage formé par le numériseur laser sont identifiés comme des points de validation. « Quand on a complété un dessin, explique Cédrik Courtois, on effectue une validation en envoyant quelqu’un d’expérience sur le chantier pour prendre des relevés à plusieurs endroits. Cela nous permet de valider qu’on a une bonne base avant la fabrication. »

 

Un autre logiciel employé par Groupe Plombaction offre la possibilité d’importer les dessins des fabricants directement dans Revit, favorisant l’intégration de diverses composantes en un seul clic.

 

Selon le directeur du développement des affaires chez Groupe Plombaction, la vision 3D facilite l’échange d’information avec le client et favorise une meilleure compréhension à l’interne. De plus, elle permet de cerner les problèmes potentiels avant la mise en oeuvre, ce qui réduit les irritants et les retards sur le chantier.

 

L’EXEMPLE DE LA SQI

En septembre 2016, la Société québécoise des infrastructures (SQI) a amorcé un projet de déploiement du BIM, lequel exige que le processus de conception intégrée (PCI) et le BIM soient implantés dans tous ses projets majeurs. Aujourd’hui, environ 30 de ses projets sont réalisés sur la base de ces outils.