À Laval comme ailleurs, on note une hausse des débordements d’eaux usées et une surcharge plus fréquente des réseaux d’égouts causées par les changements climatiques. La troisième plus grande ville au Québec a donc décidé de repenser la gestion de ses eaux de pluie et des surverses en construisant, entre autres, un nouveau bassin souterrain.
L’ouvrage de régulation Cartier est l’un des plus importants de Laval et connaît des problèmes récurrents de débordements. La Ville se devait de trouver une solution au problème. Son choix s’est arrêté sur la construction d’un bassin souterrain dans le parc Cartier. L’endroit répondait à plusieurs critères : proximité immédiate de l’infrastructure problématique ciblée (l’ouvrage Cartier), élévation adéquate, possibilité de fermeture temporaire de l’espace et disponibilité d’un terrain suffisamment vaste.
Le terrain en question en est un de football arrivé en fin de vie. « Il sera temporairement enlevé, le bassin sera construit, puis un nouveau terrain sera aménagé », révèle Simon Fournier, chef de division Développement et projets partenaires au service de l’ingénierie de la Ville de Laval. Le futur bassin desservira donc, avec la zone à proximité de la station de métro Cartier et le centre-ville dans les environs de la Place Bell, un secteur en plein développement, où on s’attend d’ailleurs à une densification importante.
Le bassin
Visant à répondre à la fois à la situation actuelle et aux besoins futurs du secteur, l’infrastructure mesurera 95 m de long, 48 m de large et 10 m de profondeur, des dimensions qui s’apparentent à celles d’un terrain de ballon ovale. Elle aura une capacité de 15 000 m³, soit environ 6 000 baignoires.
Le bassin fonctionnera comme un réservoir temporaire d’eau usée durant les fortes pluies. L’eau sera d’abord stockée, puis redirigée vers la station d’épuration, une fois les conditions redevenues normales. « Il fonctionnera entièrement par gravité, sans pompes, grâce à un système de valves permettant de remplir et vider le bassin selon les besoins, ajoute le chef de division. Il accumulera temporairement l’excédent d’eaux usées, évitant ainsi qu’il ne soit rejeté directement dans l’environnement sous forme de surverse. »
Le terme « surverse » désigne un débordement d’eaux usées non traitées dans l’environnement, causé par une surcharge du réseau lors de fortes pluies. Une fois le pic de pluie passé, l’eau stockée dans le bassin sera progressivement transférée vers la station d’épuration.
Le bassin ressemblera à plusieurs autres réalisés ailleurs au Québec. Il sera composé de béton armé, couvert d’une dalle et construit selon une structure comparable à celle « de 16 allées de quilles placées côte à côte. Pour le nettoyage, il utilisera un système de cuves basculantes. Chaque cuve, reliée à une allée du bassin, se remplit et se déverse par gravité pour éliminer les matières solides accumulées », mentionne Simon Fournier.
Une particularité importante du bassin sera l’intégration d’un système favorisant le développement durable : contrairement à d’autres installations où l’eau potable est utilisée pour remplir les cuves de nettoyage, ici, ce sera l’eau de pluie récupérée du terrain de football réaménagé qui servira à cette fin. « Cette réutilisation réduit significativement la consommation d’eau potable, une démarche qu’on pourrait comparer à celle d’un citoyen qui utiliserait un baril de pluie pour arroser son jardin », dit Simon Fournier.
Le contrat de construction du bassin a été officiellement approuvé par le conseil municipal au début du mois de mai. Les travaux devraient commencer au printemps, si bien que l’infrastructure devrait être pleinement fonctionnelle et en usage dès 2027.
D’autres initiatives de gestion des eaux
D’autres projets de bassins sont déjà envisagés sur le territoire lavallois. « Bien que les emplacements et les volumes exacts soient encore à l’étude, la Ville prévoit poursuivre dans cette voie au cours des prochaines années », souligne le chef de division. En effet, la Ville de Laval a octroyé 1,7 milliard de dollars au Plan triennal d’immobilisations (PTI) pour les trois prochaines années, auxquels s’est ajoutée une enveloppe de 100 millions destinée aux projets de résilience liés à la gestion des eaux.
« Ces sommes permettront d’adapter les infrastructures à l’ensemble du cycle de l’eau, en visant à la fois une réduction du volume d’eau envoyé vers les réseaux d’égouts et une augmentation de la capacité de ces réseaux », soutient Simon Fournier.
À plus petite échelle, la Ville met en oeuvre des mesures individuelles telles qu’un programme de débranchement des gouttières. Les citoyens sont encouragés à rediriger l’eau de pluie vers leur terrain pour favoriser son infiltration naturelle. Des arbres sont donnés aux résidents pour améliorer la canopée urbaine, et des plantations sont aussi réalisées sur les terrains municipaux. De plus, un règlement exige que sur certains terrains privés ou en redéveloppement, les 25 premiers millimètres de pluie soient infiltrés sur place plutôt que dirigés dans le réseau.
Deux grandes options avaient été évaluées pour limiter les surverses à Laval : construire un bassin ou séparer les réseaux unitaires.
Comme leurs noms l’indiquent, dans les réseaux unitaires, les eaux pluviales et les eaux usées domestiques sont mélangées, et dans les réseaux séparatifs, elles sont séparées.
« Bien qu’un réseau séparatif puisse réduire la quantité d’eau à traiter, sa conversion implique des travaux lourds et invasifs dans les rues résidentielles. Les impacts sur les citoyens sont alors importants, avec l’ouverture de rues et autres perturbations. De plus, les coûts sont très élevés et l’efficacité est insuffisante pour atteindre les objectifs », illustre Simon Fournier.
En comparaison, l’option choisie, le bassin, est moins invasive, plus rapide à mettre en œuvre et plus économique par mètre cube d’eau géré.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2025. Pour un accès privilégié à l'ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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