L’eau, bientôt filtrée à Baie-Comeau

17 juin 2015
Par Marie Gagnon

La construction de la nouvelle usine de filtration de Baie-Comeau devrait commencer en août. La Ville n’attend plus que les dernières autorisations gouvernementales pour lancer l’appel d’offres aux entrepreneurs et mettre en branle le chantier.

D’une valeur de 70 millions $, le projet inclut l’installation de conduites pour relier l’usine à l’ensemble du réseau de distribution ainsi que la mise à niveau du poste de surpression Legardeur et des modifications aux installations de la station de pompage Manicouagan.

 

« Ce projet vise à répondre aux exigences du nouveau règlement sur la qualité de l’eau potable, en vigueur depuis 2001, indique le directeur des travaux publics et des services techniques de la Ville, Ghislain Gauthier. Avec les villes de Shawinigan et de Thetford Mines, on fait partie des dernières municipalités dont les installations de traitement ne sont pas conformes. Ici, l’eau est traitée principalement par chloration, mais elle n’est pas filtrée et nos infrastructures actuelles ne nous permettent pas d’ajouter la filtration. »

 

Actuellement, la Municipalité compte sur quatre stations de pompage pour s’approvisionner en eau brute, soit Manicouagan et McCormick pour le secteur ouest, et La Chasse et Saint-Georges pour le secteur est. Ensemble, ces installations produisent en moyenne quelque 13 000 mètres cubes d’eau par jour. Selon les études de caractérisation réalisées ces dernières années, l’eau brute est de très bonne qualité. Mais comme toutes les eaux de surface, elles contiennent des matières organiques qui, une fois combinées au chlore, forment des trihalométhanes.

 

Pour éliminer ce sous-produit potentiellement dangereux pour la santé humaine ainsi que les bactéries et autres micro-organismes naturellement présents dans les cours d’eau, l’eau doit donc être filtrée. D’où la nécessité de construire une nouvelle usine. Celle-ci sera située à mi-chemin entre les deux secteurs de Baie-Comeau, sur la rue Clément-Lavoie à proximité du Centre de santé et de services sociaux Manicouagan, sur un terrain appartenant à la municipalité.

 

D’une superficie d’environ 1 500 mètres carrés sur un seul plancher, l’usine se complètera d’un bassin de contact dédié et d’un réservoir attenant. Ce bassin de béton de 30 mètres sur 60 mètres, et d’une profondeur de 6 mètres, sera divisé en deux cellules pour une contenance totale de 10 800 mètres cubes, soit une réserve suffisante pour satisfaire les besoins en eau potable des 22 000 habitants de Baie-Comeau et assurer une réserve minimale en cas d’urgence.

 

« Il s’agit somme toute d’un bâtiment assez simple, avec une structure d’acier fixée à une fondation de béton sur pieux, résume Ghislain Gauthier. Par contre, son parement extérieur mettra en vedette des matériaux issus de l’industrie locale. La façade principale sera revêtue de bois et de panneaux d’aluminium, tandis que les faces latérales seront recouvertes de panneaux métalliques. »

 

Pour ce qui est du système de filtration, la Ville a opté pour la technologie membranaire. « C’est une technologie efficace mais peu courante au Québec, note Yves Langevin, directeur, mécanique de procédé chez Filtrum Construction, l’entreprise qui fournira et installera les équipements. C’est une technologie mécanique, c’est-à-dire que la filtration est basée sur une différence de pression qui permet le passage de l’eau à travers une membrane dont les pores minuscules assurent la rétention des micro-organismes et des matières en suspension. Les équipements sont assez chers, mais c’est moins coûteux sur le plan de la construction puisque qu’on n’a pas à construire de bassin de filtration. »

 

Il en coûtera tout de même 3,9 millions à la Ville pour acquérir ces équipements. Cette somme est toutefois comprise dans les coûts de construction de l’usine, qui sont estimés à près de 25 millions. Le reste du budget, soit environ 45 millions $, sera affecté à la mise en place des conduites, qui totalisent plus de 20 kilomètres linéaires, au branchement de l’usine au réseau municipal et à la mise à niveau des autres installations du réseau. Il englobe en outre les frais indirects, les contingences, les taxes et l’ingénierie du projet, réalisée par Groupe-conseil TDA.

 

« L’installation des conduites sera divisée en quatre lots, précise Ghislain Gauthier. On prévoit lancer trois appels d’offres cette année et un dernier l’an prochain. Selon l’échéancier, le projet doit être complété à l’été 2017. »

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 2 juin 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !