5 décembre 2016
Par Léa Méthé Myrand

Les deux partenaires à la tête d’Hulix Construction voient grand. Leur moteur : relever sans cesse de nouveaux défis.

Plongé dans le milieu de la construction dès l’âge de 16 ans auprès de son père entrepreneur, Hugo Kirallah cumulait déjà 10 ans d’expérience lorsqu’il s’est lancé en affaires avec Félix Laframboise. D’une amitié d’enfance est né un partenariat d’affaires qui fructifie depuis la fondation d’Hulix Construction, en 2005. Tous deux équipés d’un DEC en génie civil et d’un diplôme en gestion de la construction de l’École de technologie supérieure, ils sont aujourd’hui à la tête d’une entreprise dont le chiffre d’affaires est passé de 6 millions de dollars en 2013 à près de 13 millions en 2015.

 

Hugo Kirallah, le président, assume le volet administratif et le rôle d’estimateur chez Hulix, alors que Félix Laframboise occupe le poste de surintendant général. Ce dernier agit comme chargé de projet sur certains mandats, mais veille avant tout à l’approvisionnement matériel et à l’assignation de la main-d’oeuvre sur tous les chantiers en cours et à venir.

 

Basée à Laval, l’entreprise compte neuf employés de bureau, auxquels s’ajoutent quatre surintendants qui encadrent une équipe régulière de 10 à 12 salariés de la construction. « Le groupe est jeune, dynamique et il y a une bonne ambiance de travail sur nos chantiers », affirme Hugo Kirallah.

 

L’entreprise investit beaucoup dans la formation de sa main d’oeuvre, qu’elle considère comme une manière de retenir et valoriser les employés. Chacun assiste à au moins une formation par année et toute l’équipe est à jour en matière de secourisme. Le fait que certains travailleurs fassent partie de l’entreprise depuis ses débuts est une source de fierté chez Hulix.

 

Travailleurs acharnés, les deux dirigeants s’accordent peu de loisirs en cette période d’expansion; une rare semaine à la chasse, tout au plus. « On met beaucoup d’énergie dans l’entreprise », dit Hugo Kirallah.

 

Miser sur le volume

Mais comment tirer son épingle du jeu quand la mise revient toujours au plus bas soumissionnaire conforme ? « C’est une question de volume. Sur le volume de soumissions déposées, on réussit à faire vivre tout le monde », constate le président. La stratégie d’Hulix consiste à solliciter de nouveaux contrats en fonction de la période d’exécution du mandat de manière à s’assurer de faire rouler son équipe sans interruption.

 

L'auditorium de l'école Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord, dont la rénovation a été menée par Hulix. Photo de Hulix Construction

 

Et la variété des mandats réalisés témoigne de la polyvalence de l’entreprise : des travaux d’enveloppe à la réfection des sanitaires, de la décontamination à la consolidation des voûtes du métro, Hulix fait de tout et l’entreprise carbure aux défis.

 

« L’expertise, ça se développe », lance le président. Les obstacles techniques, l’entreprise les surmonte à mesure qu’ils se présentent en misant sur une planification et une coordination sans faille. Idem pour l’intégration des innovations, qui se fait au gré des spécifications apparaissant aux devis.

 

Si Hulix fait de tout, ou presque, ses dirigeants sont bien conscients qu’on ne peut pas être spécialiste dans tous les domaines. C’est pourquoi ils vont chercher chez les sous-traitants les ressources nécessaires, de manière à optimiser l’utilisation de leur propre équipe, constituée principalement de menuisiers.

 

Cette manière de gérer les ressources humaines et les défis techniques confère à Hulix une grande flexibilité sur le type de chantiers pour lesquels l’entrepreneur soumissionne. Ces dernières années l’ont vu remporter plusieurs contrats provenant de la Ville de Montréal, d’établissements d’enseignement et du réseau de la santé, mais également de la Société de transport de Montréal. En effet, l’équipe partage son énergie entre l’exécution de travaux de construction institutionnelle, qui compte pour 40 % du volume d’affaires, et les travaux de génie civil, qui constituent un autre 45 %.

 

Pour Hugo Kirallah, les mandats les plus intéressants sont ceux où le chargé de projet du client s’implique dans la planification : « Dans le public, on ne peut pas choisir nos clients en fonction de leur personnalité, mais quand on tombe sur des gens dynamiques, ça va bien et c’est plaisant », dit-il.

 

Cette implication est cruciale lorsqu’il y a beaucoup de contraintes au niveau de l’exploitation. Dans le cas du métro de Montréal, par exemple, les travaux affectent le changeur, les usagers, les commerçants, les responsables de la sécurité incendie, et bien d’autres acteurs. « C’est le client qui est en mesure de répondre aux considérations de tout ce monde, ajoute-t-il. Quand on coordonne les travaux, chacun doit être informé pour que la séquence d’exécution soit respectée et qu’on minimise la perturbation des activités. »

 

Hulix et la STM ont fait bonne équipe lors des travaux de réfection de la station de métro Place d’Armes, qui comprenaient le remplacement de la dalle de béton de l’édicule située au-dessus de la voie. On mesure mieux la complexité de l’opération lorsque l’on prend en considération que tout doit être exécuté dans les quatre à cinq heures par jour où le métro n’est pas en fonction. « Ce sont deux mois de préparation pour cinq nuits de coffrage, s’exclame Hugo Kirallah. Mais quand tu as mis autour d’une table tous les intervenants, que tout le monde est au courant et a dit ce qu’il avait à dire, ça fonctionne. »

 

Si la quasi-totalité des mandats exécutés par Hulix provient aujourd’hui du secteur public, Hugo Kirallah est déterminé à s’attaquer au marché privé. « Parce qu’il faut continuer à croître. Je n’arrêterai jamais de voir plus grand, indique le président d’Hulix. Les défis, c’est ça qui me stimule ! »

 

ENTREPRENEUR DU 21E SIÈCLE

Dans une économie en berne et un marché qui se resserre, la compétition devient plus féroce à mesure que les contrats se raréfient. Pour maintenir le cap malgré des vents contraires, il faut savoir optimiser chaque fonction, chaque ressource de l’entreprise, histoire de dégager une marge bénéficiaire, aussi modeste soit-elle. « Le marché est assez intense ces dernières années, note le président de Construction Bau-Val. Et les prix sont bas, même très bas. Pour se ménager un profit, il faut faire preuve de beaucoup de rigueur, dans la gestion comme au chantier. Il faut que les travaux soient exécutés de façon exemplaire, avec le moins de reprises possible, si on veut atteindre la rentabilité. »

 

CONTRAT MAJEUR

Hulix a obtenu le contrat de réfection et d’agrandissement des ateliers de menuiserie de la Ville de Montréal, situés sur la rue des Carrières. D’une valeur de 6 millions de dollars, le mandat combinait des travaux de rénovation des espaces existants et de construction neuve, dont l’exécution s’est échelonnée sur un an. L’équipe d’Hulix a réalisé elle-même la menuiserie et confié les travaux spécialisés à des sous-traitants.